Review VO – Martian Manhunter (1988) #1-4

Review VO - Martian Manhunter (1988) #1-4 18
Les points positifs:
  • Une histoire qui révèle le personnage à son encontre
  • J’onn dans un univers surprenant, un héros dépassé par la situation
  • Corde sensible atteinte
  • Un style graphique stupéfiant…
Les points négatifs:
  • … qui pourrait ne pas plaire.
  • Une narration parfois complexe, en particulier le premier numéro.
  • Pas de TPB, pour le moment !

« What I Have Always Wanted : To Restore You To Your True Self. To Save The Soul Of My Lost Child. » – H’RonMeer


  • Scénario : J.M DematteisDessin : Mark BadgerCouleur : Mark Badger

Martian Manhunter, ce personnage secondaire trop souvent resté dans l’ombre connait là son premier arc majeur, un arc aux répercussions telles qu’elles définissent encore aujourd’hui le personnage qu’il est et ce malgré l’impopularité de cette histoire. Cela peut s’expliquer par l’existence du personnage depuis 1955, et du passé qui l’accompagne, qui semble être assez lourd après 33 ans. Seulement en apparence, car tout réside dans la magie de l’absence de continuité de l’époque, car si ce personnage est resté secondaire dans la Jusitce League of America, il a tout de même eu ses quelques histoires dans Detective Comics, Brave and the Bold, et surtout House of Mystery.

Martian Manhunter Review img 1

Une Chronique Martienne

Cette mini-série en quatre épisodes est écrite par J.M Dematteis, qui était à la même époque co-scénariste de la célèbre Justice League International qui incluait donc ce personnage, élément important par la suite, et dessinée par Mark Badger, un dessinateur vivant, ce qui est difficile à croire, tant son style est spécial et mystique. J’y reviendrai par la suite. Pour l’histoire, J’onn apparait en difficulté d’entrée, et semble paniqué. Il croise la route de Batman, son compagnon et chef de la Justice League actuelle. Il comprendra par la suite la crainte de J’onn en voyant face à lui H’RonMeer, le dieu de la mort et du feu sur Mars. Une entité colossale et impressionnante qui torturera J’onn le long de ces épisodes. Et pourtant, malgré toutes ces actions violentes et monstrueuses, ce prétendu dieu ne serait pas vraiment une menace, mais un oracle que J’onn appellerait dans ses tourments et ses questions depuis sa création où il n’aurait vécu que dans une certaine manipulation qu’il n’aurait pu percevoir par aucun moyen.

Un tour de main talentueux de la part de Dematteis qui réussi intelligemment à berner le lecteur comme le personnage, rasant tout ce qui a pu être fait précédemment et tout ce qui pouvait avoir un lien avec son origine. L’auteur procure à cette première (mini) série du Martian Manhunter, l’effet du Year One, par sa capacité à raser le passé du personnage et à avoir un impact tel que ce récit est une référence pour le passé du personnage. Il est seulement dommage que seules les répercussions de cette série n’aient été retenues, alors que le récit, aussi étrange qu’il soit, est tout simplement stupéfiant. Le scénariste réussit à éclaircir les éléments auparavant délaissés, et fait même plus en amenant un nouveau personnage, une véritable allégorie du passé de J’onn J’onzz qui le traque et le rattrape. Mais plus encore. H’RonMeer est un dieu de Mars, et qui dit dieu, dit religion. Une piste qui n’a jamais été exploitée jusque là, et rarement évoquée. Ce personnage est d’une richesse incroyable, et ce sans aucune caractérisation qui se limite pourtant à vouloir rendre à J’onn son passé, ses souvenirs et sa culture, ainsi que la vérité sur son arrivée et la machination dont il a été victime. Tout cela reste justifié par le fait qu’il reste jusqu’à présent le dernier de sa race. Le dernier fils de Mars.

Martian Manhunter Img 02 DCP

Trompe le Monde

Un style d’écriture parfait, un DeMatteis à son meilleur, qui écrit avec le cœur d’un passionné acharné. Des lignes qui sentent bon l’amour, la compassion et tout l’attachement de l’auteur pour le genre de la science fiction. Et comme noté en bas de la dernière page, DeMatteis a dédié le plus beau des hommages à l’un des plus grands auteurs de science-fiction : Ray Bradbury. Là où l’action est délaissée, pour ne pas dire inexistante, la force des émotions suffit et insuffle la vie à l’un des héros les plus attachants de l’univers DC dans une conclusion parfaite en tout point. Ces numéros sont les preuves concrètes qu’un auteur de comics n’est pas un scénariste de série télé, comme cela peut être le cas aujourd’hui, ni un auteur de récits d’action où des super héros ne font que s’infliger des coups jusqu’à ce que le premier tombe. Non. DeMatteis nous poignarde en plein cœur, il touche le lecteur avec la plus grande des émotions, fait vibrer la corde sensible du fan qui aime ses personnages. Ce fan qui n’est plus étonné de les voir souffrir aujourd’hui dans cet amas de violence extrême banalisé. Un héros à la quête du bonheur est bien plus susceptible de toucher le lecteur plutôt qu’un affrontement quotidien de plus dans la vie du personnage. La continuité n’est pas assassine, et DeMatteis réussit à insérer ce récit émouvant dans cette continuité en n’oubliant pas que ce personnage est rattaché à une équipe, et s’en sert comme un élément supplémentaire loin d’être négligeable.

Ce récit ne serait pas aussi incroyable sans la participation et le rendu graphique incroyable de Mark Badger. Il serait difficile de décrire son style graphique qui se rapproche des formes de Sal Buscema, et plus particulièrement de cette colorisation épurée qui semble n’être délimitée que par les formes des éléments, oubliant les nuances qui ne sont représentées que par des successions de traits épais donnant à l’ensemble parfois un effet brouillon. Je sais que ça peut ne pas sembler attrayant, mais son dessin et sa mise en page nous transporte dans un autre univers, celui d’une planète qui nous est étrangère et inconnue. Qui dit inconnu dit idée abstraite et Badger a compris cela, son style personnel est abstrait. Aussi abstrait que l’attente (voir même l’idée) que l’on peut se faire de la musique expérimentale ou du rock psyché. Certaines planches sont à tomber par terre, tant l’association entre le texte et l’image est parfaite. Il ne s’agit même plus de comics, il s’agit d’un véritable roman graphique, la majorité du texte étant écrit dans des cartouches expriment les pensées et les débats du martien.

Martian Manhunter dévoile tout le potentiel du personnage dans des origines originales, et dans un style concordant avec le personnage, étrange, complètement psychédélique nous faisant perdre toute notion. Un chef d’œuvre à chaque page, à chaque mise en page. Un récit qui mériterait et qui aurait dors et déjà mérité ne serait-ce qu’une édition en album relié. Il est bien dommage que l’éditeur s’assoit sur une histoire comme celle-ci. Là où l’on voit DeMatteis comme le maître de l’humour avec son associé Keith Giffen pour la série Justice League International, il est désormais à mes yeux un roi du comics pour ce comics. Ce n’est d’ailleurs pas un simple comics, ce n’est pas un simple récit, c’est un drame psychologique réchauffant les cœurs des lecteurs sensibles et passionnés. Et c’est ça, que l’on reconnait un auteur de talent : « Il ne sert à rien d’éprouver les plus beaux sentiments si l’on ne parvient pas à les communiquer ».

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Watchful

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Rédacteur depuis 2015, j'écris dans le but de partager ma passion pour les comics et entretenir ce sentiment de découverte. Bercé par Batman, mon cœur se dirige toujours vers l'éditeur aux deux lettres capitales.
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2 Commentaires
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DarkChap
DarkChap
8 années il y a

Coïncidence rigolote, je l’ai lue il y a un peu plus de deux semaines. Je suis d’accord avec cette review, c’est vraiment un très bon comic book qui mérite le détour.

TheRiddler
8 années il y a

Pour ma part je ne me montrerais pas aussi élogieux. Si cette mini pose sans doute les premières pierres de la mythologie du Martien, un mérite, je l’avais en lu en parallèle avec la JLI du même DeMatteis et je peinais à y retrouver le charisme du personnage de la Ligue. Tu soulèves une narration « complexe », j’irai jusqu’à dire qu’elle est confuse, laborieuse. J’ai enfin énormément de peine avec le style de Mark Badger – tu évoques Year One, je te le troque quand tu veux contre un Mazzuchelli. Ceci dit, son style atypique ne vient pas de nulle part : le dessinateur est atteint d’une sclérose en plaques, et a été contraint de cesser ses activités depuis.
Après, attention avec l’enthousiasme post-lecture : une note parfaite pour cette mini sur Martian, et à côté tu fais quoi d’un Watchmen par exemple? Et si tu utilises une échelle différente selon l’oeuvre (ce que je trouverais étrange), je préfère de loin l’ongoing d’Ostrander à cette mini anecdotique en comparaison, et je crois que, concernant le Martian Manhunter, Ostrander l’emporte objectivement sur DeMatteis en termes d’écriture.

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