Les points positifs :
Les points négatifs :
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« Holy Moley. » – Captain Marvel
- ‘Scénario’ : Paul Dini – Dessin : Alex Ross
- DC TREASURY – Shazam! : Power Of Hope – Novembre 2000 – 64 pages – 9.95$
Entre 1999 et 2004, Paul Dini, le co-créateur de Batman : The Animated Series, et Alex Ross (Kingdom Come, Marvels) s’associèrent à six reprises pour concocter un graphic novel au format augmenté. Au nombre de ceux qui passèrent à travers le tamis de ces deux talents, on compte Batman, Superman, Wonder Woman, la JLA et enfin, celui qui nous intéresse, le Captain Marvel. Tous ces récits ont été recueillis dans un seul tome intitulé The World’s Greatest Superheroes, et si, au vu de l’équipe créative, on peut sans risque considérer ce volume comme un incontournable, le succès est peut-être moins retentissant que prévu sur ce Shazam! : Power Of Hope.
Billy Batson est un bon ptit gars qui travaille à la radio Whiz. Il ne paie à priori pas de mine, mais ça, ce n’est tant qu’il n’a pas prononcé le mot Shazam. Alors, il devient le Captain Marvel, détenteur de la sagesse de Salomon, de la force de Hercule, de l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et la rapidité de Mercure. Avec l’héritage de tous ces personnages mythiques, il va sans dire qu’il devient un des héros les plus puissants de la Terre, endossant toutes les responsabilités que cela implique. Trouvera-t-il dès lors le temps de se pencher sur les centaines de lettres qu’il reçoit du monde entier ? Or, une de celles-ci, provenant d’un hôpital pour enfants, pourrait le changer à jamais…
Pas vilain, mais pas vilain du tout
Démarrons avec une tautologie : Alex Ross, c’est beau. Si l’offre digitale a révolutionné notre manière d’appréhender les comics en termes d’accessibilité et de confort, il serait regrettable de lire ce Power Of Hope sur tablette et de ne pas profiter du format augmenté dont est affublé ce graphic novel puisqu’il met admirablement en valeur les planches étourdissantes d’Alex Ross. L’artiste, qu’on ne présente plus, excelle comme à son habitude dans son style atypique, proche de la peinture traditionnelle dans laquelle il injecte un photo-réalisme bluffant lorsqu’on touche à des personnages. On aurait envie de découper chaque page de l’ouvrage pour s’en faire une galerie de posters à accrocher dans son appartement. Power Of Hope, c’est beau.
Et c’est à peu près tout.
Plus sérieusement, chacun des six graphic novels cités plus haut prend une direction contemplative. La tâche de Paul Dini se résume généralement à imaginer des situations où la puissance du héros au centre des projecteurs en imposera le plus, négligeant un peu l’élaboration d’une réelle intrigue. On perdra peu en se contentant de feuilleter distraitement les pages au lieu de s’atteler à une lecture attentive tant la dimension narrative est réduite.
À mi-chemin entre le Batkid et KFC : The Colonel Of Two Worlds
Si on pardonne cette particularité, qui distancie sensiblement ces six travaux d’un Kingdom Come beaucoup plus complexe par exemple, on peut sans doute considérer ces graphic novels comme des must-haves, cependant, même au nombre de ceux-ci, celui qui nous préoccupe maintenant n’est pas le plus réussi. Il est en effet alourdi par la volonté des auteurs de lier leur oeuvre aux objectifs de la fondation Make-A-Wish. Ainsi, le Captain Marvel passe l’essentiel du graphic novel en compagnie d’enfants malades, voire agonisants, tentant tant bien que mal de réaliser quelques-uns de leurs voeux avant de retourner à ses occupations habituelles.
On discutera une autre fois de l’éthique de la fondation elle-même, médiatisant à outrance chacune de ses actions (vous vous souvenez du Batkid ?) et faisant probablement moins de bien pour les enfants du monde qu’une réelle organisation humanitaire comme pourrait l’être Terre des Hommes. Toutefois, force est de constater que l’enchaînement de situations exagérément tragiques qui est étalé ici verse trop dans le déluge de bons sentiments pour parvenir correctement à retransmettre au lecteur le tragique des situations. Comment, en effet, se prendre d’empathie pour une petite fille dont on assiste au trépas lorsqu’elle était inconnue à la page d’avant et sera oubliée à la page suivante ? On en tire plutôt un sentiment de malaise et de culpabilité, découlant d’une part de l’innocence du Captain Marvel s’accordant maladroitement avec des situations aussi sérieuses, d’une autre du traitement mécanique de ces situations. L’absence d’intrigue commune à chacun des graphic novels évoqués plus haut vient renforcer le sentiment qu’on tient entre ses mains, non pas une histoire du Captain Marvel, mais une brochure publicitaire en faveur de la fondation Make-A-Wish, et si on peut dénoncer la démarche lorsqu’il s’agit de KFC, qu’est-ce qui pourrait nous empêcher, sinon une bien-pensance mal placée, de faire de même lorsqu’il s’agit de Make-A-Wish ?
Faut pas jeter le bébé tétraplégique avec l’eau du bain
Du reste Power Of Hope n’est pas totalement dénué de moments réussis. On peut citer la scène où le Captain rend visite à un père maltraitant son gosse – en admettant avec bonne volonté que les simples mots du héros suffiront à changer l’attitude du type – ou encore la scène du barrage, dont le spectaculaire est admirablement servi par le talent de Alex Ross. Mais dans l’ensemble, lorsque les trois quarts des planches sont occupées par des enfants malades, on maugrée un peu lorsqu’on s’attendait à parcourir un graphic novel, même contemplatif, qui aurait loué la puissance du Captain Marvel. Celle-ci est au contraire nuancée avec violence, la conclusion étant plus ou moins : bah, ces gamins, tu peux rien faire pour eux. Et on suppose qu’après avoir joué au base-ball un après-midi avec eux, le Captain Marvel va inévitablement retourner à Fawcett City pour contrer les plans d’un ver supra-intelligent qui menace de détruire la ville. Et ces pauvres enfants de retourner à l’indifférence qui était leur foyer avant que Captain Marvel ne débarque.
Semi-réussite, ce Shazam! : Power Of Hope. On ne perdra jamais une occasion de voir les héros de DC Comics profiter du talent d’Alex Ross aussi, à ce titre, on peut imaginer qu’il vaut le détour, toutefois ce n’est pas le Captain Marvel qui est au centre de l’attention ici, mais des enfants malades fictifs et anonymes. Aussi si vous ne cherchez pas à voir le héros le plus innocent de DC mis en valeur, mais que vous êtes plutôt en quête d’un récit larmoyant propice à la commisération, ce Power Of Hope doit être fait pour vous.
Merci pour cette review, j’espère qu’Urban nous éditera ça quand même. Je pense que le tout réuni doit valoir le coup
p!
Nous aurons droit à une review des autres Graphic Novels?
A mon humbles avis de lecteur (fan de tous ce qui a été fait par Dini et Ross) je trouve que les critiques avancées contre cette œuvre sont tout de même très relatives. Un peu façon bouteille à moitié vide/pleine.
D’une part je pense que les héros DC n’ont (pour la plupart) pas besoin d’une intrigue pour être mis en valeur. Et à ce titre, la force des ces œuvres réside surtout dans le fait qu’elles sont pleinement révélatrices de la véritable nature de ses héros.
En clair : si vous voulez savoir qui est Shazam ; c’est LE livre qu’il vous faut lire.
C’est une question mais c’est les 75 ans du personnages par hasards?
Ce mois ci c’est les 76 ans du personnage
Pourquoi vous faites pas une semaine spécial pour lui,dans ce cas?
Bonne review qui m’a vraiment donné envie de le lire ! Mais je rejoint tout de même l’avis de 666Raziel
Je l’ai en français, aux éditions soleil.