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« Hey. That’s showbusiness. » – Silver St-Cloud
- Gotham Saison 02 – Episode 11 – Titre : Worse Than A Crime
- Réalisé par : Jeffrey Hunt – Écrit par : Bruno Heller – 30 novembre 2015
Tout le monde est là ? Bien installés ? Bon. Allons-y, puisqu’une fois n’est pas coutume, il y a beaucoup à dire. Gotham achève cette semaine sa moitié de saison, et tourne la page des Galavan et de l’ordre de St-Dumas, une parenthèse de onze épisodes et le premier « arc » véritable, d’une série qui a longtemps hésité à faire dans la durée. Beaucoup d’entre vous se seront rendus compte : tel quel, je ne suis pas ce qu’on appellerait un « fan » de Gotham, et quoi que certains aient dans l’idée que le site ait ses préférences, j’aime à penser que cela ne m’empêche pas de rester objectif dans l’approche critique. C’est pour ça, que, par habitude, je préfère désamorcer tout de suite ceux qui accuseraient cette review d’être sévère : au global, les défauts de la série ne m’ont pas empêché d’apprécier ce que je pense être, somme toute, un final plutôt réussi.
Au scénario de cette semaine, se concrétise une promesse faite il y a quelques épisodes autour de Theo et de Bruce Wayne. Conclusion en suspens exige, je ne peux trop vous en dire, assumant que vous n’ayez peut-être pas vu ou envie de savoir. Dès lors, restons dans l’abstrait : cet épisode fonctionne bien. L’écriture est, dans l’ensemble, réussie, et laisse aux personnages de second plan une place surprenante. L’emploi est réussi, tous trouvent un rôle à jouer dans ce qui était jusqu’ici une série chorale mal coordonnée, où la moitié du groupe jouait faux, et où le chef d’orchestre était parti picoler. En général, Gotham ne présente que des bouts d’intrigues éparpillés : ses héros semblaient tous avoir quelque chose à dire, sans le dire vraiment, ou sans qu’on ait envie de l’entendre. Dans cet épisode, la galerie de personnages marche, parce qu’enfin réunie par un but commun et une direction de groupe. Tout s’imbrique assez bien, les « morceaux » de Gotham s’emboîtent dans une cohérence d’ensemble. Un tir que la série aura mis un certain temps à corriger. Mention spéciale à Bruce, qui, enfin (ENFIN !) n’est plus là que pour l’indispensable quota. Sans être renversante, et on accepte – peut-être pour la première fois – de voir le personnage à l’écran, devenant plus qu’un figurant et acceptant d’être un enjeu. Plutôt cool, après un an et demi de figuration.
Si les personnages sont bien traités, on le suppose, on le doit sans doute à Bruno Heller, qui officie ici au scénario. Le fait d’avoir le showrunner aux manettes est sans doute la raison de ce plan d’ensemble presque paternaliste. Parce que ces héros sont « ses » héros, et qu’il avait apparemment une idée générale de l’intérêt de chacun, il ressort et impose leurs objectifs de longue date, souvent sous-traités par les autres auteurs de la série. Exemple, la relation Jim/Pingouin. Ce miroir du flic borderline et du gangster fragile, posé comme première pierre dès le pilote de la série, n’a été depuis traité qu’à de trop rares occasions. De même, Heller semble vouloir expliquer certains choix, comme celui de Silver St-Cloud. Jusqu’ici traité dans une perspective brouillonne d’archétype (c’était une méchante, quoi, en fait), elle passe ici au statut d’enfant exploité par un oncle despotique. Le cocon familial d’Alfred et de Lucius est enfin porté à l’écran (là encore, après combien de temps à ne faire que survoler l’idée ?). En bref, et surtout : pour une fois, Gotham ressemble à une série TV. Les personnages ont de l’importance et une raison de figurer à l’écran, au lieu de n’être qu’une galerie décousue. L’épisode en sort grandi, et forme un ensemble solide, qui colle bien chaque morceau de son ignoble routine à l’intrigue de fond.
Étonnamment (insérez un smiley surpris), même les acteurs semblent fonctionner de concert. La série ne s’est que rarement posée la question de cohérence de ton, dans sa direction d’acteurs. Une moitié cabotine, l’autre surjoue, et l’autre ne joue pas (« ça fait trois moitiés ! », gnagnagna, allez y, faites-la à ma place la review). Ici, les acteurs semblent s’écouter et se répondre avec harmonie. Leslie Thompkins, par exemple, s’accommode bien du jeu de Cobblepot, qu’elle interprète comme l’ami irresponsable de Jim, et semble amusée de la naïveté de ce grand enfant. Theo et Tabitha vont (un peu) plus loin que le cliché du méchant et de son sidekick sexy, pour quelques scènes plus proches d’une relation de rivalité entre un frère et sa sœur. Le capitaine Barnes interprète son rôle de garde-fou, face à un Jim obnubilé par l’idée de tuer plutôt que de s’en remettre au système. La mention « coup de cœur » revient à Silver (histoire de faire plaisir à mon rédac chef préféré), qui livre un jeu tout en sincérité et en justesse. L’actrice traduit mieux que son partenaire la fragilité de l’enfance dans ce monde d’adultes, criminels et policiers. Elle sauve l’ensemble des scènes, face à un David Mazouz monolithique, incapable d’exprimer une quelconque émotion (d’aucun trouveront sa prestation à la mesure de ce qui l’attend : oui, mais des sentiments, c’est bien aussi). Si quelqu’un me suit, l’idée du kickstarter pour lui payer des cours de théâtre tient toujours. Ou une thérapie, pour s’extérioriser. Des volontaires ?
Maintenant que tout ça est posé (excusez moi, je saute par dessus d’autres trucs biens, on va pas non plus prendre la journée), parlons réalisations. Sans effets de style, la série emploie avec paresse des décors déjà vus. Toujours cloisonnés, les environnements se ressemblent, à quelques exceptions (appréciées), et restent bien éclairés. Toujours grand guignol par moments (il est question ici de base-jump) dans certaines idées ou certains non-rebondissements, l’ensemble reste à la hauteur de ce que peut proposer Gotham, une série plutôt bien léchée qui profite des moyens de production de la FOX, et d’une direction artistique moins « random » que les cousines CW. Le rythme se tient, et si on ne fait pas partie de ceux qui entrent dans l’épisode en quête de tout ce qui ne va pas (parce qu’il y a plein de choses qui ne vont pas), l’ensemble se regarde sans déplaisir et aboutit à une conclusion qui boucle bien. La dernière scène de Theo comporte quelques fautes de goût (pourquoi, la fumée ?), et somme toute je passe sur l’ensemble de défauts qui font tiquer ceux qui attendraient de Gotham le niveau d’une prod’ AMC/HBO – il est peut-être temps d’y renoncer, les gens – pour conclure là dessus : dans le paradigme de Gotham, cet épisode est réussi, et loin devant la plupart de ceux de cette seconde saison.
Maintenant, je vous pousse à la partie en gras et à la section commentaires, parce qu’il me faut encore parler du cliff’ de fin (ici, insérer quelques secondes de blanc musical). Je parlais plus haut de faute de goût. Or, les dernières secondes de l’épisode présentent ce qui s’annonce à la reprise prochaine. Une version upper-class du Captain Cold – doudoune, lunettes et pisto-givrant – assorti à un retour programmé de Theo sous une forme différente (que j’associe volontiers à Solomon Grundy), et des quelques autres monstres teasés par le final d’un épisode antérieur. Problème, si cette fin d’arc est réussie, c’est qu’elle puise dans le passé historique de Gotham, un terreau encore riche d’idées à adapter (exemple, la Cour des Hiboux). Revenir à cette envie de vilains « classiques » risque de gâcher les qualités offertes ici par le couple Galavan : vilains sans pouvoirs, où la police joue son rôle, dont l’emprise peut s’étendre à d’autres personnages clés. Choisir de revenir à des ennemis habituels de comic books, sans super-héros, la promesse diffère de beaucoup. On imagine une fin de saison où Jim et Harvey auraient à combattre les freaks d’Hugo Strange avant de le faire tomber. Un nid de sous-intrigues à l’image des évadés de la prison de Supergirl, autrement dit. Sans présager de la suite, gageons au passage que l’apparence du vilain est super moche, et que si je veux voir un type refroidir les gens avec un anorak, il y a Michael Scofield sur la CW.
Une page se tourne pour Gotham, après une moitié de saison étrange. Prostitution infantile, vieux anglais balaises en kung-fu, pyromanes et autres joyeusetés, la plupart des mauvaises idées de Gotham finissent par tomber d’accord sur un constat enthousiaste : la série peut parfois bien faire, et même réussir à proposer de bons épisodes, pour peu qu’elle soit gérée de plus près par un showrunner exigeant. A voir si l’ami Heller surveille de plus près ses équipes, au lieu de ne donner que de vagues directions, et si cette harmonie de personnages et d’acteurs ne restera qu’une utopie de série à licence rarement bien gérée. Pour ne pas finir sur une note d’ironie, je tiens à le dire clairement : j’ai vraiment apprécié cet épisode, ma seule crainte est de n’en faire dans l’avenir qu’un cas isolé. J’en place une petite dernière pour David Mazouz, mon copain handicapé. Sois fort David. On est avec toi.
Le pauvre David je pense qu’il sait pas comment prendre son personnage alors il l’a joue monolithe et regard dans le vide, sans talent aucun.
SPOILERS
Dans l’ensemble je suis d’accord avec la review, cet épisode est bon et les personnages trouvent tous leur place.
Et je veux juste ajouter que l’idée du parapluie dans la gorge est vraiment sympa esthétiquement parlant, et la suite s’annonce pas mal, avec un Strange qui se fait languir d’apparaître et un Freeze qui n’a pas l’air de venir juste pour du freak of the week.
Mais je vais manquer Galavan et sa soeur (enfin ses Time to Boobs pour être honnête).
et du coup un gordon qui tue des gens de sang froid sa choque personne en fait ? c’est censé etre un flic très droit et au final il le font passer pour un criminel de bas étage ^^
Ca aussi, faut commencer à il renoncer. La série joue sur le côté borderline depuis le début, et cette saison 2 n’en a plus grand chose à faire de la morale.
Perso j’ai trouvé cet épisode aussi faible que les autres, suis-je le seul à trouver que MC Kenzie est parfois aussi très mauvais dans son jeu d’acteur ?
Non non tu n’es pas seul (et gentil en disant des fois ,moi je trouve qu’il faudrait inverser la phrase en disant que des fois il est bon ou pas trop mal ;) )
en fait david mazzouz, c’est même pas qu’il ne joue pas bien, mais surtout qu il ne dégage rien et on a l’impression qu’il ne comprend pas ce qu’il dit. Le top serait qu’ils avancent dans le temps pour changer d’acteur car si il faut se farcir ce mec pendant 10 ans et le voir porter ( un jour j espere ) le costume de batman, ça sera pire que George clooney !
Mais : carrément. Des bonds temporels. Bruno Heller vient de Rome, ils n’ont pas attendu dix ans pour faire vieillir Octavien, ils ont juste foutu un gap temporel et changé d’acteur.
Un bon gap temporel de trois ans, où Bruce parcourt le monde avec un autre acteur, voir sans Bruce, et on est bien.
À ce propos, Heller n’avait-il pas justement parlé d’un bond dans le temps pour la série ?
En fait ça je crois que ça peut surtout dépendre de combien de saisons la FOX va-t-elle permettre ;)
Haha j’avoue ne pas y avoir pensé ! Merci.
Là tel quel, ça ne me dit rien, faudrait creuser les interviews du bonhomme.
Mais déjà le fait que Gotham se soit affranchie de son format initial d’une saison à l’autre montre qu’ils sont ouverts aux changements (ce que la Fox n’a pas l’air de sanctionner). La série se fait aussi du blé par l’export et la diffusion en streaming, si elle reste rentable je pense qu’ils la maintiendront, à moins qu’elle ne se casse vraiment la gueule en fin de saison.
un bon gap temporel où bruce apprend qu il a des couilles :p
Si ils ne veulent pas que le série s’essouffle à force de broder autour des ennemies de batman, j espere qu ils avanceront de quelques années. D’apres Ben McKenzie, il nous avait confié qu on verrait batman dans le dernier épisode de la dernière saison de Gotham, ce qui voudrait dire dans plus de 10 ans et je suis pas sur que la série pourrait aller aussi loin car sinon ca va faire comme « how i met your mother » où faudrait attendre 10 saisons pour connaitre l’identité de la mère ( je vois bien le titre « how i become batman » :p ).
Autre solution :
WB décide d’être enfin cohérent ou un peu moins bête en libérant les personnages du ciné pour la TV afin qu’on puisse avoir une série Batman.
Du coup on aurait Gotham qui montre Bruce jeune / Ado / Jeune adulte / Adulte (Batman) avec pour cette dernière partie une véritable série sur le Dark Knight.
Parce que pour l’instant le concept ‘on voit le costume dans le dernier épisode de la dernière saison’ ça me rappel Smallville où ils ont oublié de préciser ‘à la dernière seconde’…en plus on voit le concept foireux car ils développent tous les persos et situations de la version adulte ‘en service’ alors que le personnage principal est ado (je parle pour Smallville mais ça pourrait l’être pour Gotham)
ouais je suis d’accord d’où le bon temporel qui serait plus qu’interessant. Apres est ce que la fox va se lancer dans ce pari aussi risqué que de faire une série sur batman ( perso je suis pour à 100%) mais ils ont pas intérêt à ce louper.
Pour l’instant c’est mort de mort ,d’autant que la Fox n’a rien à voir avec WB (au contraire de CW et c’est déjà impossible pour eux de mettre Superman ,Batman ou même Green Lantern (malgré les clins d’œil multiples dans Flash) à l’écran.
Donc si il y a une série Batman (je doute très fortement que ça se fasse un jour) ça sera sur une chaine appartenant à WB.
Oui, on peut aussi se dire « ce serait bien si Bryan Fuller adaptait Batman Year One pour HBO, avec Toby Kebbel en Bruce, Jon Hamm en James Gordon, Nathalie Emmanuel en Selina, et Keri Russell en Sarah Essen. Ensuite, on fait un crochet par Monster Men, on va chercher Bryan Cranston en Hugo Strange, Sophie Turner en Julie Madison, et Bobby Canavale pour Maroni. On tourne tout à Chicago, une saison de dix épisodes d’une heure, rated M, avec cinq ou six millions par épisodes, et on dit que c’est canonique avec le ciné. »
Crois moi, j’en rêve, j’ai sans doute eu dix mille idées pour Gotham (et je pense que le moindre fan de comics aurait fait mieux, en général). Dans les faits, c’est malheureux, mais cette série existe, et à défaut d’être vraiment bien actuellement, soit on s’en contente, soit on boycott pour inciter les prods à faire mieux à l’avenir.
Sinon, il vous branche mon projet ? Kickstarter est à nos portes !
c’est tellement beau ce que tu imagines… J’attends avec impatience la Review fictive du premier épisode imaginaire de Gotham par HBO^^
Je te remercie pour l’idée ^^
l’épisode que je trouve le moin bon, vous donnez la meilleure note….
Oui, je donne aussi sept paragraphes de texte qui expliquent pourquoi. Tu les as lus, ou pas du tout ?
J’ai bien aimé cet épisode, moins que le précédent pour une seule raison : c’est « SPOILER » dommage que Theo Galavan meurt même si la fin laisse présager le contraire et que sa mort est cool et inventive, je trouve ça dommage parce que j’aimais bien ce personnage, je le trouvais très charismatique. Mais ce mid-season se termine plutôt bien, vivement la suite.