Review VO – All-Star Section 8 #1

Les points positifs : Un plaisir nostalgique Accessible aux nouveaux lecteurs De l’humour à foison Des personnages loufoques Les points négatifs : C’est un peu trop lourd et gras Garth Ennis peut mieux faire La scène avec Batman un peu too much

« I’m not a racist… » – Batman

• Scénario : Garth Ennis Dessins : John McCrea – Couleurs : John Kalistz- Couverture : Amanda Conner
  

• DC Comics – All Star Section 8 #1– 10 juin 2015 – 32 pages – 2,99 $

Garth Ennis revient donc dans une mini-série plutôt attendue chez DC Comics. L’auteur de grands classiques Vertigo et d’Hitman fait un retour appréciable mais a t-il conservé toute sa fougue des années 90 ?

Hitman est un petit chef d’œuvre dans le monde du comics et un gros coup de cœur pour beaucoup de lecteurs. Au sein de l’univers d’Hitman se passant à Gotham City a été introduit dans le numéro #18 la fantasque Section 8. Des dingues, des alcooliques, bref tout ce que l’on peut aimer quand on voit une team de losers qui souvent lors d’hallucinations s’improvisent sauveur du monde. Mais c’est encore plus profond que cela et plus passionnant. Les personnages sont attachants, drôles et Garth Ennis a pendant son run osé pas mal de choses. Quand on a pour chef Sixpack, un alcoolique au dernier degré ou le brave Jean de Baton-Baton, une caricature de notre si beau pays, on comprend dans quoi on met les pieds. Le run fut excellent et la fin en apothéose parodiant Whatever Happens to The Man of Tomorow reste dans les mémoires.

Ainsi la série reprend après la fin du run d’Ennis alors que Sixpack n’est plus, il est redevenu sobre donc fini de jouer aux super-héros et bonjour la vie mondaine. Malheureusement une prise accidentelle d’alcool va le faire redevenir son alter-ego un peu dingue. Oui il y a une vrai fibre nostalgique et aussi un côté grisant à revoir une série barrée comme le fut en son temps le Dial H de China Mieville partie trop tôt. Mais là où Hitman et les passages avec la Section 8 étaient certes parfois graveleux mais avec un minimum de nuance, ici on fait un peu fi de la subtilité. Le numéro commence très vite par un gros pétage de câble et sur une petite pique envers le vilains month qui m’a fait sourire. Puis il met du temps à démarrer et les blagues et situations cocasses s’enchainent mais montrent un auteur sans véritable ambition autre que parodier pour parodier. Il place des références, se complait dans le pastiche pur et dur mais ça ne suffit pas pour faire une bonne histoire. En témoigne l’apparition de Batman qui est complètement ratée, grand guignolesque et qui prête à sourire mais les références manquent tellement de subtilité qu’on se demande si le scénariste n’est pas Adam Sandler.

Je ne dis pas que personne ne sera réceptif à cet humour bien gras et bien trop convenu, moi même j’ai souri. Je considère juste que Garth Ennis nous a montré beaucoup mieux dans sa carrière. Alors certes l’ambiance est toujours la, c’est fun, c’est loufoque et c’est une introduction qui fonctionne et qui pourra satisfaire de nouveaux lecteurs mais on en veut plus ! Je le redis, ça reste fun à lire et pas du tout désagréable donc si vous voulez du comics décalé avec un Batman que vous n’avez probablement jamais vu ainsi, foncez.

Les dessins de John McCrea qui officiait déjà à l’époque sont fabuleux, plus modernes aussi et bénéficiant de ce que l’on peut faire de mieux de nos jours niveau encrage et colorisation. On aurait presque l’impression d’avoir entre les mains un successeur spirituel et de la série des 90s et de Dial H. Ce qui me ravi pleinement. Sur ce point, le numéro est une parfaite réussite.

Attachant, plaisant mais bourré des défauts lié à un humour un peu trop potache à mon goût, ce premier numéro ne convainc pas tout à fait. Les dessins, l’ambiance et le côté décalé sont réussis mais on ne peut s’empêcher de trouver certains moments bien trop lourdingues. La parodie de Batman à elle seule montre que Garth Ennis peut mieux faire et avoir un peu plus d’imagination que de faire dans la parodie bête et méchante. On pardonne pour cette fois parce qu’on se fend la poire quand même, mais on sera plus sévères sur la suite.

UN DEUXIÈME AVIS C’EST BIEN AUSSI !!

Et bien : étrange. Difficile à la lecture de ce premier numéro de Section 8 de ne pas hésiter entre la joie de retrouver les têtes connues de la série Hitman (et le coup de crayon de John McCrea aux couleurs actuelles, plus cartoony que jamais) et une petite déception devant l’écriture du numéro. Un peu fatigué par ses dernières années d’errances entre des éditeurs de petite importance et des séries qui n’ont pas réellement marquées, Garth Ennis revient en douceur chez DC pour revisiter son meilleur apport à la Gotham City classique. Problème, on sent ici un petit manque d’envie, et si les qualités sont là, l’effet de surprise s’efface derrière quelques blagues un peu reloues, surtout dans la mise en scène de Batman. Gratuit, un poil poussif, cet humour conteste un peu les vraies bonnes vannes dissimulées en arrière plan et clin d’oeil à la première série. Le numéro est en plus assez lent, ce qu’on peut regretter, la série ayant une durée de vie limitée. Néanmoins, ce premier numéro reste marrant, et garde l’esprit parodique et à part propre à l’auteur irlandais, qu’on espère retrouver plus en forme le mois prochain.

– Corentin