Review VO – The Omega Men #1

Review VO : The Omega Men #1 Les points positifs : Un exercice de narration Graphiquement intéressant Donner une existence à une équipe méconnue Les points négatifs : Inaccessible Pas de dialogues Très mauvaise entrée en matière Quelle durée de vie pour la série ?

« … » – Primus

• Scénarisé par Tom King – Dessiné par Barnaby Bagenda

• DC Comics – The Omega Men #1 – 3 juin 2015 – 32 pages – $2.99

Grosse interrogation dès les premières annonces de l’après-Convergence, la relance des Omega Men avait déjà dérouté de nombreux lecteurs lors du sneak peek dévoilé le mois dernier. Ce qui était à l’époque un exercice de narration inédit et sensé, dans la perspective de ce format courts d’histoires-teasers sensées servir d’accroche au lectorat, semble finalement révéler de la série en elle-même. Au sortir de ce premier numéro, véritable histoire-concept dans l’écriture, on ressort avec pas mal de questions, à commencer par la plus importante : qui va lire ce comics et pourquoi ?

« Les Omega Men ont tué Kyle Rayner. » Voilà en quelques mots les seules informations concrètes délivrées par la série dans ce premier numéro. Le White Lantern est mort, et ses assassins fuient désormais le courroux de toute la galaxie, ce qui devrait logiquement aboutir à une série d’équipe spatiale possiblement drôle et violente – mais en fait, pas vraiment. Déjà expérimental à quelques occasions sur la série Grayson, Tom King, loin de sa propre expérience militaire et du soutien cimentant de Tim Seeley à l’écriture, livre ici un récit complètement opaque, constitué presque uniquement de répliques répétées ou en langue alien. Ni présentations ni mise en contexte, ce numéro un semble plus proche de l’essai narratif que d’une série classique. Et pourquoi pas, à la rigueur, s’agissant d’une équipe peu connue, s’essayer à un style d’écriture un peu à part des autres séries de l’éditeur ? Problème, même un exercice intéressant peut être raté, et ici, le numéro comporte trop de lacunes dans les pré-requis de tout bon début d’histoire pour être vraiment abouti.

Entrée en matière explicite, quelques combats, vingt-quatre pages plus loin on n’est pas sur de comprendre où l’histoire a vraiment commencé, voire plus factuellement où elle se dirige. Pauvre en événements, le numéro est une mauvaise introduction, dans les enjeux, faits et personnages. L’intérêt se cherche, et le scénariste lui même ne semble pas vouloir expliquer pourquoi le lecteur devrait revenir tous les mois suivre une équipe dont lui même n’a qu’un aperçu tronqué, elliptique, où les personnages ne parlent pas assez pour générer de l’empathie et où le manque affiché de direction ne semble poser de problème à personne. Le seul intérêt réel reste cette idée d’explorer un autre style d’écriture, mais pourquoi cette équipe là en particulier, et dans cet univers discret, qu’on a déjà amputé de la moitié de ses publications ?

On peut aussi lister l’intérêt graphique, néanmoins, où un vrai effort a été fait de ce côté là. Depuis la couverture de Trevor Hutchinson (vitrine atypique d’un comics atypique) jusqu’aux crayonnés et aux couleurs de Bagenda et Fajardo Jr, le numéro qui manque un peu de fond dans les décors et les arrière-plans reste splendide, porteur d’une ambiance originale qui fait parfois défaut aux comics spatiaux de la maison DC (trop souvent appliqués à l’exécution de codes « années ’90 » sans plus de recherche). Les découpages suivent une logique de schéma classique de bande-dessinée, et répètent à peu près la même structure sur l’ensemble du numéro, ce qui obéit à la narration schématique de Tom King, entre des pages de trois cases et des gaufriers traditionnels de BD européenne.

En définitive, la série The Omega Men répond ponctuellement à l’idée du DC for all, un éditeur qui ne se limite pas qu’à un style ou à une façon pré-déterminée de raconter les histoires. L’indépendance éditoriale plus largement concédée aux auteurs dans cette nouvelle ère post-Convergence était aussi une fenêtre ouverte aux essais de ce type, particulièrement sur des séries présentant peu d’enjeux financiers pour DC, n’étant ni un titre connu ni un titre qui attirera le lecteur avant ou après le premier numéro. Problème, si un éditeur peut se permettre de tenter et d’ouvrir les vannes occasionnellement, on peut se demander combien de temps une série peut elle tenir sur la base de ce concept, bien que celui-ci ne soit pas figé dans le marbre. Attendons maintenant les prochains numéros, histoire de.