Review VO – Batman Beyond #1

Les points positifs : Les dessins qui servent l’ambiance C’est bien du Beyond, mais c’est différent Calme un peu la frustration Futures End Les points négatifs : Certains re-designs Scénario très classique pour le moment

« How the hell do I fight Superman ? » – Tim Drake

• Scénario : Dan Jurgens – Dessins : Bernard Chang – Couleurs : Marcelo Maiolo – Couverture : Bernard Chang

• DC Comics – Batman Beyond #1 – 3 juin 2015 –  32 pages – $2.99

Avec le mini-relaunch de juin que DC Comics fait, lançant son nouvel univers au sigle DC You, l’éditeur propose une flopée de nouveaux titres, dont Batman Beyond fait à présent partie. Originellement issu de la série animée du même nom, le comicbook Batman Beyond était jusqu’à aujourd’hui publié en marge de la continuité principale de DC Comics – puis dans la gamme Beyond the New 52 dans sa dernière itération, Batman Beyond 2.0 qui, en plus d’être d’excellente facture et toujours dans la continuité du DCAU, s’est achevée l’an dernier. Aujourd’hui donc, le changement survient puisqu’on nous ressort le concept dans la continuité « principale » de l’éditeur, sur Earth 0, mais dans un futur qui est présenté comme LE futur du DC Universe. Autant vous le dire : on rigole pas beaucoup dans ce futur là.

Il y a deux mois, la série The New 52 : Futures End s’achevait en laissant la quasi totalité de ses intrigues en suspens, et m’avait énormément déçu de ne pas avoir réussi à apporter de véritable conclusion. Dans les derniers numéros, Tim Drake se voyait obligé de reprendre le costume de Batman Beyond pour mener à bien la mission de Terry McGinnis, décédé des suites d’un terrible combat, et repartait empêcher la création de Brother Eye. Pensant sa mission accomplie, il retournait ensuite 35 ans dans le futur… et la série se finissait alors que nous nous rendions compte que rien n’avait changé : Brother Eye a toujours pris le quasi contrôle sur Terre, et la plupart des super-héros existants ont été transformés en monstrueuses chimères robotiques à la solde du tout puissant satellite. Mais la mission de McGinnis n’aura pas été vaine, et quelques changements mineurs ont été apportés à cette timeline : des changements qui vont permettre à Dan Jurgens d’exploiter l’univers Beyond comme il se doit, tout en l’intégrant dans la continuité d’Earth 0. Ainsi, si la plupart des éléments que nous connaissons en tant que grands fans de la série animée semblent absents, on s’aperçoit bien que Jurgens va les ré-introduire un à un, mais il va falloir s’attendre à beaucoup de changements. Ainsi, Neo-Gotham existe toujours parce qu’elle est l’une des dernières (seules ?) villes à être protégée de Brother Eye (par un artifice qu’on nous explique dans les premières pages, histoire d’avoir un peu de cohérence), et nous retrouvons quelques personnages bien connus comme Matt, le petit frère de Terry, Maxine Gibson ainsi que les vilains représentatifs de cet univers, les Jokerz. Mais je le répète, ne vous attendez pas à retrouver les versions des personnages que vous connaissez. L’ambiance ne s’y prête de toute façon pas.

Plus que de la science-fiction, ce Batman Beyond s’inscrit dans une ambiance post-apocalyptique assez déprimante. Si cette série est censée marquer l’arrêt des New 52, autant vous dire que c’est raté : elle s’inscrit plutôt dans sa continuité. L’ambiance est sombre, j’hésite à placer « grim and gritty » mais même Bernard Chang reconnaît que ce ton est là ; les personnages sont pour la plupart maussades, Tim Drake est confronté à Matt et est forcément plein de remords. Il découvre de plus un monde dans lequel tout ou presque est dévasté (ce qui donne quelques très jolis décors par Chang d’ailleurs, New-York pour n’en citer qu’un), et ce n’est pas le robot-Superman qui va venir alléger l’ambiance. Au niveau de l’histoire, on se situe dans l’introduction, et difficile encore de dire ce que Jurgens a en tête. Pour le moment, ça a l’air de plonger dans du très classique, une sorte de Matrix à la sauce DC (ou Terminator) dans lequel Tim va s’inscrire comme élu pour guider le peuple encore en vie vers une porte de sortie face au tout puissant Brother Eye. Mais j’espère que les choses iront plus loin, et j’ai envie de croire que Jurgens a envie de nous surprendre. Il y a un gros potentiel au vu de la richesse de l’univers Beyond existant, et de tous les éléments qui peuvent y être incorporés, tout en étant modifiés (faire du neuf avec du vieux, la bonne recette), ce qui me laisse pour le moment assez confiant pour la suite. Car si ce premier numéro n’est pas déplaisant à lire, il n’en est pas pour autant inoubliable.

Concernant la partie graphique, Bernard Chang livre des planches qui sont, dans l’ensemble, d’assez bonne facture. Le costume de Batman Beyond est maîtrisé, et l’ambiance mi-SF, mi-post apo est très bien rendue. Quant au rendu de l’action, ça se veut dynamique, mais il y a certaines cases qui restent un peu floues quant à la compréhension de ce qu’il s’y passe, mais j’imputerais plutôt ça au script de Dan Jurgens. On pourra reprocher (comme on le fait souvent, quelque soit le dessinateur), d’avoir certains visages un peu loupés. Pour ma part, je reste un peu circonspect également sur le nouveau design de certains personnages (et plus particulièrement sur la dernière page) mais dans l’ensemble ça reste très joli, aidé par la colorisation de Marcelo Maiolo, dont le talent n’est plus à prouver.

Ce n’est pas une claque, ni une déception. Ce Batman Beyond version DC You a le mérite de proposer une suite à la conclusion décevante de Futures End, et offre un gros terrain de jeu à Dan Jurgens pour qu’il puisse s’approprier les concepts de cet univers futuriste et les transformer à sa sauce. Pour le moment, l’histoire offre quelques petites nouveautés, malgré une orientation globale qui trempe allègrement dans le post-apo très classique. Gageons que l’équipe créative saura assez vite nous offrir quelque chose de vraiment neuf !