Review VO – The Savage Hawkman Vol. 1 : Darkness Rising

Critique de The Savage Hawkman Vol 1 - Darkness Rising
Les points positifs :
  • Visuellement convaincant
  • Le retour du Gentleman Ghost
  • En tout cas, ça bastonne
Les points négatifs :
  • Un héros sans charisme
  • Absence de direction
  • Zéro subtilité

« Time to bring in the big guns ! » – Hawkman


  • Scénario : Tony S. Daniel, James Bonny – Dessin : Philip Tan, Cliff Richards Colorisation : Sunny Gho

Parmi les 52 séries initiées en 2011 à l’occasion du relaunch de DC Comics, l’éditeur avait décidé d’en consacrer une à Hawkman. Un choix pas si anodin puisque ce personnage porte quasiment à lui tout seul les raisons d’être d’une crisis entière : Zero Hour. En effet, le fameux homme volant a connu plusieurs versions diamétralement opposées, selon qu’on  le considérait comme une réincarnation d’un prince égyptien, comme un Thanagarien ou comme un cocktail mêlant Thanagar et Égypte ancienne pour mettre tout le monde d’accord. Tout semblait plus ou moins clair, jusqu’en 2011, où DC décida de remettre les compteurs à zéro pour Hawkman. Est-ce que le redémarrage lui a profité ?

Contient : The Savage Hawkman (Vol. 1) #1-8

Carter Hall ne veut plus être Hawkman. Il s’éloigne donc à l’écart de la civilisation et met le feu à son costume. Mais ce dernier ne compte pas se laisser faire aussi facilement, et dans une mystérieuse gerbe de feu, fusionne avec Carter Hall comme un symbiote grâce aux propriétés étonnantes du tal N (Nth metal). Encore déboussolé parce qui vient de lui arriver, Hawkman est contraint de reprendre du service puisqu’une menace extra-terrestre pointe à l’horizon.

Pas ce qu’on attend d’une porte d’entrée

Cette nouvelle série est censée être une porte d’entrée pour découvrir le personnage. Or, à ce titre, elle est ratée sur bien des points. Ainsi, on a aucune explication touchant aux raisons qui poussent Carter Hall à vouloir mettre le feu à son costume à la première scène du premier single. On ne sait similairement rien des débuts de sa carrière de super-héros – de ses origines – alors qu’il mentionne explicitement avoir été Hawkman ‘for a few years‘. Cet élément crée d’ailleurs une incohérence puisque durant la première apparition publique du héros dans ce tpb, tous les médias s’étonnent de l’apercevoir dans le ciel et le baptisent, par une coïncidence heureuse, Hawkman. Heureusement que ça colle avec le nom qu’il se donnait depuis le début du tome !

DC altère donc significativement la mythologie de Hawkman en prêtant au métal N des propriétés dépassant largement sa faculté de faire voler son porteur (c’est pas tant un problème dans la mesure où il n’y avait pas des bataillons de fans du personnage pour râler à la moindre incartade). Quant à Thanagar, elle est totalement absente de ce premier tome, dont l’intrigue est ancrée sur Terre, le scénariste choisissant de se concentrer sur Carter Hall plutôt que sur son alter-ego extra-terrestre, quand bien même le personnage est à une reprise appelé Katar Holl – incohérence ou teasing, la suite nous le dira.

Artificiel dans sa violence, artificiel dans sa légèreté

Sur Detective ComicsTony S. Daniel ne brillait pas d’inventivité, mais au moins il pouvait se reposer sur le charisme intrinsèque de Batman pour porter son titre. Le bât blesse davantage sur Hawkman, héros à priori bien plus lisse, auquel il galère franchement à donner ne serait-ce qu’un semblant d’épaisseur. Ses relations avec les autres personnages, comme Emma Ziegler qui remplit mornement le rôle de l’amourette de service, ou un punk à la direction hasardeuse dénommé Singh, ne sonnent jamais juste, ne parviennent pas à donner cette humanité sympathique qui rapprochent ces super-héros quasiment divins du lecteur. Tout sonne creux et artificiel, la faute à un manque d’investissement dans les dialogues. En tant que super-héros, le bilan n’est guère plus réjouissant, Tony S. Daniel hésitant entre deux directions pour son personnage, qui fait parfois preuve d’une brutalité excessive, comme lorsqu’il tente d’arracher une information à un type en détruisant le pare-brise d’une voiture avec son crâne, pour ensuite se comporter en parfait gentleman lorsqu’il pénètre dans le logis d’une personne âgée.

Lorsque Hawkman se comporte comme un type civilisé ou lorsqu’il s’essaie maladroitement à l’humour, l’effet est annulé par les épanchements de brutalité dont il a fait preuve à la page précédente ; et inversement, sa sauvagerie est fragilisée par le manque de conviction qu’y consacre Tony S. Daniel en allant jamais jusqu’au bout de sa démarche. De la plume d’un autre scénariste, ça aurait pu aboutir un portrait nuancé et convaincant, mais ici le résultat est simplement inégal, bancal. À aucun moment, l’auteur ne parvient à donner à Hawkman la profondeur nécessaire pour porter à lui tout seul une série solo. On lui concède que ça ne devait pas être chose aisée avec ce héros de seconde zone, pourtant le pari n’était pas impossible, en témoignent les travaux de John Ostrander et Geoff Johns par le passé.

Le Gentleman Ghost n’est pas vraiment mort

Tony S. Daniel tombe en fait souvent dans le piège du cliché. La relation entre Carter et Emma a un goût de convenu sans substance. L’invasion de zombies qui occupe le deuxième arc sent le refroidi depuis qu’on se coltine des morts-vivants en masse sur tous les formats depuis une décennie entière. Et même dans les détails, le cliché n’est jamais loin, comme lorsque Hawkman reçoit un message censé lui dire comment vaincre Morphicius, et que ledit message se termine sur ‘Morphicius is powerful, yet it does have one vulnerability, you must… KKTTTCCHHHH… only — KTTCHHH– the way to — KTCHHH !‘ On se croirait dans le Holy Grail des Monty Python lorsqu’ils apprennent que le Graal est au château de… aaaarrrgh. Rien de pire enfin que les combats démarrés pour de mauvaises raisons, trahissant de soupçonneux quotas de scènes d’action que le scénariste serait obligé de satisfaire, comme dans la conclusion où Askana lance un assaut sur Hawkman avant de lui demander de l’aide (?!) pour lui expliquer enfin les raisons de son approche peu diplomatique : ‘I had to see if you were up to the challenge.’ D’ailleurs toute cette conclusion dans le numéro #8 a un goût de remplissage bâclé, à l’intrigue vague et aux combats sans enjeux.

Ce protagoniste en carton est de fait mis en scène dans des intrigues largement dépourvues de panache. La première moitié l’oppose à ce monstre extra-terrestre baptisé Morphicius, aux motivations aussi subtiles que ‘Je veux infecter toute la planète !’ et au bout de quatre numéros de combats quasiment continus, il parvient à l’immobiliser d’une manière suggérée dès le premier single, rendant toute sa quête d’un moyen pour le vaincre parfaitement inutile. La deuxième intrigue a le mérite d’introduire le personnage du Gentleman Ghost – vilain de Hawkman, à la base, on a tendance à l’oublier. Mais comme pour Morphicius, l’écriture de James Craddock se limite à la surface et peine à lui donner plus de charisme que ce que lui apporte son costume plutôt cool, ce dernier ayant d’ailleurs aussi souffert du reboot des New 52.

Au moins, c’est joli

Reconnaissons que les dessins ne sont pas à jeter aussi rapidement. À l’ouverture du tpb, les planches du discret mais doué Philip Tan, merveilleusement servies par la colorisation pastel aux airs d’aquarelle de Sunny Gho, laissent franchement baba, autant dans les scènes d’action flamboyantes que dans les moments d’accalmie, où il parvient à dégager de puissants sentiments de quiétude. Hélas l’artiste semble se fatiguer très vite : ses décors se vident, les traits de ses visages se bâclent, et dans l’ensemble son travail laisse une impression de moins en moins spectaculaire au fur et à mesure que le tome progresse. C’est Cliff Richards qui le relaie pour le numéro #7, ce qui pourrait traduire une peine à rendre les planches à temps, ce qui pourrait expliquer cette sensation de baisse de régime tandis que les parutions s’enchaînent. La transition entre Philip Tan et Cliff Richards se fait heureusement avec harmonie, les deux artistes n’ayant pas des styles trop opposés, sans compter que la colorisation de Sunny Gho, époustouflante de bout en bout, contribue à uniformiser la passation de flambeau.

On sera difficilement convaincu par ce premier volume des aventures du guerrier ailé, qui semble oublier de donner à son personnage principal les moyens de porter une série solo. Ce défaut génère un sentiment d’ennui et de lassitude qui n’abandonne pas le lecteur jusqu’à ce que la dernière page soit tournée. On le recommande pas à ceux qui aimeraient découvrir le personnage de Hawkman, et encore moins aux fans de la vieille école qui s’arracheront les cheveux en voyant contre quel ‘vide’ on a troqué toute mythologie construite jusqu’ici. Restent des dessins qu’on condamnera avec moins de promptitude, mais est-ce suffisant ?

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4 Commentaires
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Winterwing
8 années il y a

Ah, merci pour cette review ! J’adore Hawkman et Philip Tan, donc j’hésitais beaucoup à me prendre au moins ce premier TPB. Comme ça a pas l’air aussi mauvais que ce à quoi je m’attendais, je vais certainement me laisser tenter.

Dams114
Dams114
8 années il y a

Moi qui avait découvert Hawkman au travers de Brightest Day, là je passe mon chemin.

Freytaw
8 années il y a

La suite, par Rob Liefeld (et DeFalco quand même), est quand même plus convaincante que ce premier arc. Ce qui fait très peur, j’en conviens !
Moins en terme de dessin (c’est pas Lifeld, je vous rassure, il ne s’occupe que des couvertures très laides au niveau des dessins), mais niveau mythologie et tout le bazar, y’a un véritable apport. Ca reste très bourrin et action, toujours assez peu subtil, mais c’est plus fournit et plus intéressant quand même ! Mais on revient de loin xD

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