Review VF – Batman No Man’s Land Tome 2

Les points positifs : Un statu quo intéressant L’apparition d’autres personnages de l’univers DC Greg Rucka Les points négatifs : Un manque d’unité graphique La situation évolue très peu

« Il était une fois…Un sombre chevalier. »- Alfred Pennyworth

• Scénario : Greg Rucka, Dennis O’ Neil, Kelley Puckett, Devin Grayson & co – Dessins : Jason Pearson, Guy Davis, Jon Bogdanove, Mike Deodato JR & co– Couleurs :  Rob Schwager, Ian Laughlin, Pamela Rambo & co
  
• Urban Comics  – Batman No Man’s Land Tome 2 – 04 juillet 2014 – 352 pages – 28 €

Dans ce deuxième tome de la saga No Man’s Land, nous retrouvons une Gotham en ruines, détruite suite aux événements de Cataclysme. La ville est dans un état pitoyable, et il en est de même pour ses habitants, qui tentent de survivre tant bien que mal dans ce chaos absolu, où la ville est divisée en quartiers placés sous le contrôle de « gangs » plus ou moins respectables.

Le premier tome nous familiarisait avec ces nouvelles règles, et en toute logique, c’est ici que devrait véritablement commencer l’aventure, après une longue mise en situation. Et pourtant, ce n’est pas vraiment le cas tant les événements qui nous sont ici présentés sont mineurs. Seuls les deux derniers épisodes, formant un court arc, nous présentent un personnage avec qui il faudra compter jusqu’à la fin de ce no man’s land.

Ce volume est composé de différentes histoires parues dans des séries plus ou moins liées au bat-verse, et il est intéressant de voir que les auteurs font intervenir des personnages qui ne sont pas forcément coutumiers des rues de Gotham, afin de les confronter à la situation délicate que subit la ville la plus ténébreuse des États-Unis version DC Comics. Ainsi, ce sont Superman, une partie de la Justice League ainsi que la Young Justice qui constateront les dégâts et feront de leur mieux pour venir en aide au chevalier noir, avec plus ou moins de succès. L’épisode consacré au kryptonien est particulièrement ingénieux et sert avant tout à expliquer l’impossibilité d’un retour rapide au statu-quo qui précédait Cataclysme. J’ai particulièrement apprécié la différence de caractérisation entre les deux héros les plus emblématiques de DC, qui est ici plus intelligente que ce qu’a fait Frank Miller dans TDKR (et pourtant, ça me fait mal de le dire). Le passage concernant la Young Justice est lui aussi réussi et apporte une bonne dose de fun, véritable bouffée d’air frais au milieu de cette ambiance poisseuse si emblématique de ce long arc narratif.

La diversité des histoires qui nous sont proposées est à la fois la force et la faiblesse de ce deuxième tome, on y trouve à la fois des choses extrêmement dispensables comme ces épisodes d’Azrael qui sonnent encore très 90’s et manquent de modernité, et des perles comme la plupart des épisodes de Greg Rucka, qui est ici dans son élément dans cette Gotham menaçante à souhait, à la merci de la pègre locale. C’est d’ailleurs sur un script magistral de cet auteur que s’ouvre le livre, dans un épisode mettant en scène Alfred, à la narration très réussie. Il est très agréable de (re)découvrir le style de ce scénariste, qui a été l’un des meilleurs à travailler sur le bat-verse.

En ce qui concerne les dessins, on pourra là-aussi regretter un manque d’unité graphique, on y trouve ainsi des traits cartoony comme ceux de John Bogdanove ou Roger Robinson, aussi bien que des travaux plus « réalistes » comme ceux de Guy Davis. Cela s’explique par le fait que le crossover s’étendait sur une très large variété de titres, mais il n’empêche que cela peut « choquer » si on lit cet album d’une traite. Dans l’ensemble, les graphismes sont assez réussis, certains semblent déjà plus ou moins datés, en raison d’une colorisation parfois un peu sommaire, mais le tout reste toutefois agréable à l’œil. On en vient même, parfois, à apprécier ces changements assez abrupts, qui créent une rupture dans cette ambiance grave et lourde qui enveloppe la ville de Gotham, ce qui atténue ce petit défaut.

No Man’s Land se poursuit donc dans un deuxième tome en demi-teinte, partagé entre des épisodes mineurs qui font peu avancer le scénario principal et de courtes histoires très réussies qui font plutôt figure de one-shots. C’est dans le prochain volume que l’on connaîtra la suite des aventures du chevalier noir. En attendant, ce volume se laisse lire sans problème et se termine sur l’arrivée dans l’univers de Batman d’un personnage qui aura marqué l’histoire pré-New 52. Le tome est aussi à conseiller à ceux qui, comme moi, regrettent la Barbara Gordon de l’époque, au caractère bien plus trempé que celui de son incarnation actuelle, ainsi qu’aux amateurs d’ambiances sombres comme seule Gotham City peut nous livrer. Plongez-vous donc dans cette ville où plus aucune loi ne semble s’appliquer, jusqu’au prochain volume de cette saga très consistante, qui reste une lecture recommandable.