Review VF – Suicide Squad Tome 2 : La Loi de la Jungle

Les points positifs : Pour les fans de tel ou tel personnage Une envie de complexifier un peu Certains numéros plutôt jolis Peut se lire comme une bonne série B… Les points négatifs : … mais à long-terme, lassante Affreux manque de direction d’ensemble Unité graphique inexistante L’impression de rentrer dans une routine

« Je veux enrôler des prisonniers qui n’ont rien à perdre, mais tout à gagner. » – Amanda Waller

•  Scénario : Adam Glass, Dan Abnett, Andy Lanning – Dessins : Fernando Dagnino, Federico Dallochio, Jesus Saiz, Andres Guinaldo, Carlos Rodriguez, Cliff Richards Encrage : Mark Irwin, Christian Alamy Couleurs : Matt Yackey, John Kalisz Couvertures : Ken Lashley, Rod Reis, Rafael Albuquerque

• Urban Comics – DC Renaissance – Suicide Squad Tome 2 – 01 Juillet 2016 – 192 pages – 17.5 € – Contient : Suicide Squad #8-13

La suite de Suicide Squad est déjà arrivée. Pressé par l’intérêt du film à venir, Urban Comics continue sur sa lancée en publiant le second volume de la série d’Adam Glass entamée au début des New 52 – on peut débattre de la pertinence de ce choix, mais force est de constater que l’équipe n’aura pas été parmi les mieux servies en terme d’équipe créative au moment de cette grande redistribution du DC Proper. Un coup d’oeil à l’impressionnante liste d’artiste pourra vous en convaincre : la Skwad a longtemps erré, avant de devenir un enjeu de poids pour la bande à Didio, dans le bain de ces séries dont personne ne veut et qui changent vite de main, un symptôme des projets de petite envergure qui ne marqueront personne. Mais, si vous vouliez la suite du volume 1, réjouissez vous : c’est à peu près pareil.

A une différence près : là où le premier tome pouvait s’accueillir comme une base requise aux vraies bonnes séries de la Task Force X, pour rentrer dans le film à venir ou découvrir ensuite le run d’Ostrander, celui à venir de Rob Williams ou le court mais réussi passage du duo Seeley / Ferreyra, ce tome-là rentre immédiatement dans la routine que les lecteurs VO ont eu à subir pendant des années. Pas tellement impliquée dans la colonne vertébrale de l’éditeur, ni sacrifiable vu la popularité de certains personnages, la série vivote d’arc en arc avec quelques fils rouges (distrayants), et un manque cruel de vision. Ca part dans tous les sens, et le scénariste aime à délayer ses quelques idées. Ce qui passe aussi bien par le storytelling que les personnages en eux-mêmes, avec une Harley et une Waller qui ne cessent de changer depuis leur caractérisation habituelle.

Dans l’ensemble, le charme de la série B qui opérait au début disparaît petit à petit. Le premier numéro, consacré au Resurrection Man d’Abnett & Lanning (une très bonne série !) est plutôt drôle et bien fichu. La suite, entre la pagaille interne, un voyage dans un temple Aztèque et un numéro consacré aux origines d’Amanda Waller (où on oublie de mentionner son régime plutôt impressionnant), ne trouve pas le même attrait de série de super-héros borderline un peu violente, sinon à quelques moments. Sans être franchement mauvais, le récit ne semble pas se donner de grandes exigences et les personnages ont souvent l’air de caricatures exagérées, mais pas suffisamment pour être drôles ni embrasser complètement le « genre » par de réelles idées de mise en scène.

Graphiquement, difficile de donner un avis global vue la diversité d’artistes constatée. Les couleurs industrielles sont celles qui ont accompagné toute la période du relaunch, dans des tons sombres et différentes alternances propres à l’aspect black-ops (au début, la fin est forcément plus bariolée). Certains numéros s’en sortent plutôt très bien, d’autres sont complètement à la ramasse, et loin d’avoir une réelle identité graphique, le titre ne fera pas l’unanimité de ce côté là non plus.

Cela étant, le tableau est forcément moins noir qu’il n’y paraît – à l’époque où Ostrander commençait son run, les morts de personnages étaient peut-être un réel enjeu dans l’industrie des comics (contrairement à aujourd’hui, où tuer ne dure que quelques numéros), et les auteurs avaient peut-être plus de poids. Difficile de reprocher à Glass le manque de répercutions de la série, d’autant qu’on peut constater une certaine implication du scénariste dans le n’importe quoi, qui semble tenir bon sur sa promesse de série badass avec quelques tournures occasionnellement bien senties. Une Harley plus ambiguë, une Waller moins foncièrement méchante, un Deadshot toujours plus cowboy et un Boomerang neuneu comme jamais – tout ça ne manque pas de petits attraits. Problème, ce volume de la série reste un ensemble peu intéressant à la lecture passé le premier tome, et peut-être pas le meilleur moyen de rendre justice à la popularité nouvelle de l’équipe.