Review VF – Superman Univers #3

Les points positifs :  La lecture facilitée de « Truth » Action Comics au-dessus Bizarro ! Les points négatifs : Un crossover pas forcément intéressant  « Batman » et « Superman »

La suite de Truth et du road trip vers la Bizarro Amerique ce mois ci au sommaire de Superman Univers #3. Alors, bon ou mauvais ? Voici nos avis éclairés sur ce magazine disponible depuis le 6 mai en kiosque en échange de 5,60€.

Superman #43

• Scénario: Gene Luen Yang – Dessins: John Romita Jr – Colorisation : Dean White, Leonardo Olea, Blond

Voilà, c’est donc comme ça que Truth commence, et ça n’étonnera personne de savoir cet arc généralement mauvais vu l’élément déclencheur qui met la machine en route. Ce numéro est d’une grande facilité, il ne propose qu’une version édulcorée de ce qu’on s’imaginerait voir (ou de ce qui a déjà pu être vu) si Loïs découvrait l’identité de Clark. Le mouvement amorcé à l’écriture va ici dans le sens d’un arc de long terme et ne prend donc pas beaucoup de temps pour peser les enjeux symboliques de cette découverte – à la décharge de Gene Luen Yang, Loïs a effectivement un poids différent dans la continuité nouvelle, mais ça n’enlève rien – et ce qui aurait pu être le thème d’un numéro spécial est ici expédié dans un dialogue sur un lit où tout se règle en quelques répliques.

Dommage. Inversement, ce qui aurait du être le poids d’une décision aussi fatidique que de révéler l’identité de Superman passe ici par un simple coup de main (stupide ? Irréfléchi ? Grotesque ?) pour résoudre le combat de Superman face à un autre adversaire. Sauf que, ça ne suffit pas. Imaginez qu’un type prenne une mémé en otage dans une épicerie et dise “je la tue si Superman n’avoue pas son identité secrète dans trois minutes”, et que ça suffise à amener la même conclusion. C’est nul, et du même accabit. Truth partait sur un principe boiteux au départ, depuis la perte factice des pouvoirs de Clark au grand déroulé événementiel qui n’aura servi au cumul qu’à faire la publicité du Bat-Chappie, et remettre Clark en T-Shirt pour peut-être envisager une ligne d’action-figures dédiées.

Les dialogues manquent de naturel, Clark est une caricature bienséante sans personnalité, Jimmy n’est pas amusant, tout ça n’est qu’un vaste cahier des charges d’éditeurs pour un crossover inter-séries, parce que Doomed a bien fonctionné. Malheureusement, lire du bon Superman aujourd’hui semble être devenu un luxe, parce que DC Comics ne sait pas quoi faire du seul personnage avec lequel, justement, on peut toujours faire mieux. Oh, et c’est moche aussi. Mais ça, c’est limite une évidence.

C’est très difficile de donner un avis sur cette série car c’est à la fois très bien et il manque quelque chose. Ça se lit tellement vite. Il se passe à la fois rien et beaucoup de chose.

D’un côté, l’on se focalise sur Clark et ses amis ainsi que leurs sentiments et de l’autre, l’on avance vers le méchant. Et on comprend comment on en arrive à ce que Lois dénonce l’identité secrète. On s’approche aussi du Superman affaiblit. Du moins, il me semble parce qu’on n’a pas eu d’explication. On n’en sait pas vraiment plus sur le méchant et Clark semble maîtriser son explosion solaire. On avance un peu mais on reste sur notre faim. Et c’est dommage. Au dessin, toujours Romita qu’on ne présente plus. Je l’ai peut-être trouvé meilleur sur cet épisode. Son dessin rend hommage à chaque personnage.

Le gros défaut de cet arc se sent clairement dans cet épisode. Le scénario veut prendre le temps pour raconter son histoire tout en survolant plein de passages, comme l’épisode précédent et la ville cachée. L’ennemi semble insaisissable et plein de mystères. Ce sera peut-être bien plus clair dans l’ensemble. D’un autre côté, le point fort est la relation avec Lois avec laquelle Superman a une discussion à cœur ouvert, c’est intéressant pour les fans que ce soit de leur relation amoureuse ou amicale. Surtout quand on sait que Lois le trahit ensuite..

Action Comics #43

• Scénario : Greg Pak, Aaron Kuder – Dessins : Aaron Kuder – Colorisation: Tomeu Morey

Dans ta face le flic! Mais ce n’en est pas un. Ouf ! Du moins pas pour Clark qui, comme il ne savait pas, avait quand même la volonté de frapper un policier. Les ombres ont infiltré les humains et manipulent ces derniers pour attaquer Superman. Je ne vais pas en dire bien plus car je trouve qu’il y a quelques surprises qu’on peut deviner mais qui restent bien écrites. On basculera entre fantastique et émotion, parfait.

On réalise à quel point les épisodes de l’arc sont liés et à quel point aucun détail jusque là n’était anodin, même si on aurait pu croire que les épisodes précédents étaient plus faibles que celui-ci, mais à raison. On découvre l’appartement saccagé de Clark dans un plan presque architectural par Aaron Kuder au top, et ça appuie sur la corde sensible. Car si on aime Superman c’est pour ce côté humain qu’il a et on en a des tas jusque dans la photo de ses parents abîmée qu’il plie pour cacher les dégâts. L’émotion est là, tout du long, avec les dialogues avec les voisins et le soin des autres blessés. Sans parler de Clark qui affiche véritablement tout, dégâts et sentiments.

Forcément, j’ai commencé à en parler mais Kuder est formidable autant dans ces moments que dans les scènes d’action qui sont un peu moins nombreuses mais tout aussi efficaces. Des beaux gros plans, des beaux plans larges. Bien écrit, bien dessiné et on en redemande. Vivement la suite. Probablement le meilleur épisode de l’arc jusque là  et du magazine (Bizarro étant hors compétition parce que c’est un ovni).

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Clark Kent participe à une manif contre la loi du travail et cogne durement un agent. Pas de chance, celui-ci semble avoir un pouvoir assez puissant et cherche à blesser un maximum d’innocents pour rendre l’ex-super-héros fou. Un élément que j’ai trouvé un peu limite après l’épisode que Greg Pak nous a servi le mois dernier. Alors que ce même scénariste associe la psycho du personnage à celle d’un Bruce Wayne disparu, il amène Clark à retrouver son statut symbolique auprès du peuple à la manière d’un directeur d’association.

On s’éloigne de ce Superman inhumain qui agit pour un bien commun et ce Clark plus terre à terre semble avoir de nombreux éléments à développer, tout d’abord par sa recherche de vérité. Quand à Aaron Kuder, l’artiste nous sert toujours d’aussi belles planches. Fidèle à lui-même, avec une colorisation et sa palette proche de celle de Manapul, en plus détaillé. On reste dans cette même ambiance de monstres auquel Pak semble toujours très attaché, même si cette fois l’on part vers des monstres plus étranges, ce qui nous sort de cette dimension mythique auquel il a pu nous habituer. Ce que je trouve presque dommage, puisque l’épisode précédent amenait Clark à un dilemme, à choisir entre le mouvement civil ou suivre les forces de l’ordre. Le cliffhanger était bigrement intéressant, mais nous retournons vers ce McGuffin des monstres plutôt que de suivre une sorte d’intrigue politique qui aurait été plus qu’intéressant à lire, en particulier dans un comics de super-héros tel que peut l’être Superman.

Batman/Superman #23

• Scénario : Greg Pak – Dessins : Ardian Syaf – Colorisation: Beth Sotelo

On retrouve Greg Pak une seconde fois dans ce numéro de Batman/Superman. Alors que j’ai complètement accroché à cet arc depuis son premier épisode pour son aspect très blockbuster, j’ai comme l’impression de relire ici le premier arc de Pak sur Action Comics, mais à Gotham.

Tout d’abord, première erreur, faire sortir Gordon de son armure. Je peine vraiment à accrocher au style que Snyder a donné à Gordon esthétiquement, de plus cette tentative de caractérisation du personnage peine à sortir de la notion de confiance à un inconnu. Alors que Clark continue de faire vivre cette présence de Bruce/Batman au fond de lui, dans sa vulnérabilité et dans ses actions qui deviennent une nécessité vis à vis de son statut. L’on sent que Greg Pak veut développer son monde souterrain, qu’il a envie d’y retourner explorer ses propres idées. Mais plutôt que de recommencer, chercher le héros pour qu’il suive jusqu’à venir vers ce monde, pourquoi ne pas simplement le développer sans forcément mener à une succession d’affrontements. Peut-être est-ce simplement parce qu’il s’agit d’un numéro transitif, mais l’ennui commençait à s’installer jusqu’au cliffhanger dont je n’attends que peu de choses au final.

Et alors que Adryan Syaf m’impressionnait le mois dernier, il retrouve ici tout ce que je lui reprochais auparavant. Autrement dis, ses visages difformes, aplatis par la case, si bien que le personnage en devient difficilement reconnaissable. Ceci n’est vrai que pour quelques pages, par ailleurs, je trouve qu’il rapproche son style de Kuder au milieu du personnage pour le monde souterrain, les monstres. Non seulement en terme de design, mais aussi en terme de colorisation. Son bleu/violet de son Clark Kent devient un Bleu clair et flash comme l’on peut voir dans Action Comics.

Je vais résumer ce que je comprends de l’intrigue de ce numéro. Y a des gens sous terre qui embêtent Gotham, alors après s’être tapés dessus, le joueur de rugby dans le robot Patlabor dit au joueur de rugby en t-shirt “hé ! Ne va pas en bas, fais gaffe, en plus t’as pas d’équipement, tout ça”. Le rugbyman en t-shirt lui répond “ouais !” parce qu’il a décidé d’y aller quand même. En bas, il se déguise en sumérien, et apparemment il y a des gens qui habitent sous terre – pas dans des villes, ni dans des habitations rupestres, juste sous terre, au milieu des cailloux – avec des chevaux carnivores à cornes, et un méchant sumérien qui veut tout casser. Alors le rugbyman qui aime beaucoup Chappie de Neil Blomkamp va voir les journalistes qui travaillent avec rugby-t-shirt-man. Ils lui disent “blablabla, remplissons des pages avec des dialogues inutiles”, et il leur répond “beh ouais, autrement ce sera une narration linéaire, et puis la série c’est Batman/Superman donc faut qu’on fasse semblant que je sers à quelque chose avec ma coupe iroquoise débile et ma tête de tueur en série”. Ensuite ça revient sur le rugbyman en t-shirt déguisé en sumérien, et y a un barbu blond avec un legging assez moche qui arrive, le méchant crie un truc du genre “haha ! Bienvenue à la dernière page ! Voici une information inutile de fin de numéro, censée installer un suspense illusoire qui forcera quelques lecteurs naïfs ou stupides à revenir le mois prochain !”. Et c’est la fin. C’était bizarre, et les dessins sont assez moches. Donc je ne recommande pas la lecture de ce numéro, sauf si vous même aimez le rugby et les sumériens. Et la drogue, aussi, ça peut pas faire de mal.

Superman/Wonder Woman #19

Scénario : Peter J. Tomasi – Dessins : Doug Mahnke – Colorisation: Will Quintana

Superman/Wonder Woman reprend, légèrement, du poil de la bête cette semaine. Cela ne veut pas dire que le titre devient un plaisir à lire, mais n’est, au moins, pas une peine à lire. Passé le dialogue très patriotique, très cliché sur le titre de héros national, et surtout très long, ainsi qu’un affrontement sorti de nulle part, le numéro reste plaisant, surtout pour l’action assez mystérieuse de Wonder Woman, et du cliffhanger qui, si l’on suit Action Comics, pourrait créer un sacré regain d’intérêt pour le titre et surtout les complication que cela pourrait entraîner.

Doug Mahnke livre un travail correct. L’encrage parait plus fin que dans l’épisode précédent, ce qui perturbe moins un lecteur qui serait quelque peu rebuté à un style proche de Gleason, mais laisse le sentiment de vouloir adapter son style à quelque chose de plus normatif. Ce que je trouve dommage même si j’apprécie grandement la qualité des détails apportés à ses personnages qui ne se limitent plus que à des ombres épaisses. C’est au final, tout de même une petit déception encore cette semaine que ce titre Superman/Wonder Woman, de plus lorsque l’on recroise le nom de Tomasi dans les crédits, mais l’on ne pourra s’empêcher d’espérer pour le futur de la série avec ce cliffhanger qui, bon dieu, pourrait rattraper ce titre et qui sait, peut-être, amener une touche de fraîcheur à la Invincible pour ceux qui connaissent..

Le numéro de Superman/Wonder Woman de ce mois-ci est à peu près correct. On a droit à une confrontation entre Clark et Steve Trevor alors que notre héros cherche à contacter le président. De son côté, Wonder Woman agit pour aider les amis du kryptonien…

Le scénario n’est pas fort original mais il a le mérite de tenir la route et d’exploiter avec plus ou moins d’habileté le statu quo actuel. Cependant, c’est vraiment très loin d’être transcendant, tant le script est prévisible. Tomasi n’est pas à son aise sur cette série, et semble se contenter du minimum syndical, ce qui reste tout à fait lisible, mais l’on peine à s’impliquer dans cet épisode. Seul le cliffhanger parvient à nous intriguer un peu, puisqu’il permet de dynamiser un peu le titre.

Les dialogues sont, dans l’ensemble, assez plats et convenus et le style graphique reste correct, si l’on apprécie les dessins de Doug Mahnke. Encore un numéro tout juste correct, mais bon, ça a le mérite de nous faire un peu passer le temps….

 Bizarro #3

• Scénario : Heath Corson – Dessins : Gustavo Duarte, Fabio Moon, Gabriel Ba – Colorisation: Pete Pantazis

Bizarro continue d’être un titre fun et rafraîchissant, qui vient relever un peu la qualité du magazine. Ce mois-ci, on a droit à un petit numéro qui voit nos amis Jimmy Olsen et Bizarro s’associer à Chastity Hex, la descendante de ce bon vieux Jonah, alors qu’ils seront confrontés à une sombre histoire de bandits fantômes dans une ambiance western totalement décomplexée.

Les gags font toujours mouche et la série parvient aisément à se renouveler de numéro en numéro. On se marre régulièrement et l’on ressort de cette petite lecture avec le sourire. Le duo comique fonctionne à merveille et l’on apprécie les petites références au reste de l’univers DC, qui feront plaisir à tous les fans hardcore. Graphiquement, c’est vraiment de bonne facture et certaines planches se paient même le luxe d’impressionner, malgré leur style cartoony. Bizarro est une réussie en tous points et l’on a hâte de découvrir la suite, surtout lorsque l’on voit qui sera la guest star…

C’est sympa, c’est léger, c’est dessiné comme une aventure de Picsou, en somme, un titre inoffensif et parfois drôle que ce Bizarro #3. Rien de bouleversé dans la formule, road trip à travers différentes ambiances et différents héros des USA de DC, avec cette fois la descendante directe de Jonah Hex (et Jonah Hex) dans un ouest Américain de dessin animé. Quelques splash pages font un bon job, les références sont placées habilement, c’est le DC pour petits et grands aux accents d’Archie Comics (parce que : les roux), sans chercher autre chose qu’une petite mini-série que les fans trentenaires de la maison mettront entre les mains de leurs gosses (ce qui leur fera plus de bien que Batgirl, qui est toxique et donne le cancer de la peau). En bref, rien de nouveau sous le soleil, une gamme de lecture trois ans et plus mais un ensemble qui fonctionne, si on sait quoi lui demander.