Review VF – Earth-2 Tome 4 : La Fin d’un Monde, 1ère Partie

Les points positifs: L’attrait de la série depuis ses débuts. Les flashback qui éclairent les zones sombres de la mythologie du titre. Des dessins corrects… Les points négatifs: …..Mais inégaux en qualité et nettement moins beaux que dans les tomes précédents. Plus de 300 pages pour fort peu d’avancée dans l’histoire. Un manque de respect du concept original préjudiciable.

« Il n’est de véritable déception que de ce qu’on aime. » – Georges Bernanos

• Scénario : Marguerite Bennet, Daniel H. Wilson, Tom Taylor – Dessin : Ardian Syaf, Sandra Hope, Danny Miki, Jorge Jimenez, Eddy Barrows, Eber Ferreira, Paulo Siqueira, Cam Smith, Tyler Kirkham, Joe Weems, Eduardo Pansica, Jaime Mendoza, Jan Duursema, Jonathan Glapion, Robson Rocha, Paul Neary, Walden Wong, Keith Champagen, Guillermo Ortego, Stephen Segovia, Jason Paz, John Livesay, Jack Herbert, Vicente Cifuentes, Drew Geraci, Allison Borges, Marcus To, Scott Hanna, Andy Smith, Trevor Scott, Javier Fernandes, Diogenes Neves, Marc Deering– Couleur : Peter Pantazis, Matt Yackey, Andrew Dalhouse, Mike Atiyeh, Hi-Fi, John Kalisz, Allen Passalaqua, Jason Wright, John Rauch, Gabe Alteab

• Earth-2 Tome 4: La fin d’un monde – 1re partie – 29 avril 2016 – 376 pages – 28 € – DC Renaissance

Pour paraphraser le rôle le plus célèbre d’Omar Sharif: Earth-2, vous le savez (ou pas, d’ailleurs), c’est ma grande passion. L’attente avant ce quatrième tome n’en a donc été que plus pénible. Néanmoins à la fin de la lecture, et pour la première fois depuis le début de la série, seule reste la déception… Mais pourquoi donc ?

Déjà faisons le point sur ce qui m’avait plu dans les trois premiers tomes. Un scénario original mettant en scène une version des personnages phare de DC originale, un casting plutôt orienté seconds couteaux, des dessins magnifiques et un univers complètement apocalyptique où la Trinité n’est plus. Autant d’atouts qui avait donné une des meilleures séries super héroïque de DC dans les New 52. Ici le volume compile les numéros 16 à 29 de Earth-2 et pas moins de 13 numéros de Earth-2 World’s End (#1-13).

Et bien il semble que les points forts énoncés plus haut n’aient pas réellement été identifiés comme tels par les éditeurs de DC puisque ce tome revient sur la plupart. Mais parlons d’abord de ce qui se passe dans ce volume. Alors que les deux premières vagues d’invasion d’Apokolips sont passées, la troisième se prépare et les Merveilles de cette Terre aussi. Cette nouvelle tentative d’invasion commence avec l’intervention des Furies d’Apokolips prise en charge par Batman, le nouveau Superman, Green Lantern, Fury et Barda fraîchement rejoint par Huntress et Power Girl revenue de la Terre principale où elle avait été envoyée involontairement après le premier affrontement contre les armées de Darkseid. Cependant il semble que le premier Superman soit encore vivant et représente un espoir. Pendant ce temps là, le péquin lambda, représenté par un Dick Grayson sans grand courage et une Barbara Gordon flic et prête à la bagarre, tente de passer entre les gouttes et fini dans des camps de réfugiés où règne la loi du plus fort. Et…. C’est à peu près tout, le scénario n’avançant que fort peu tout au long des 376 pages, qui consistent en un affrontement un peu longuet et des sous intrigues peu intéressantes.

Donc, vous l’aurez compris, on prend un peu le contre pied du début de la série. On s’éloigne de la simplicité du début en rajoutant énormément de personnages, et notamment en cherchant à ramener absolument Superman (Clark Kent) ce qui va complètement à l’encontre du concept de départ, d’où la Trinité classique est absente. Ensuite on reprend les ficelles chères aux séries hebdomadaires, comme Batman Eternal par exemple, avec des rebondissements qui paraissent complètement artificiels et ne servent au final pas à grand chose, comme les retournements de veste successifs de certains personnages qui d’ailleurs nous perd un peu quant à leur positionnement dans le conflit. Autre ficelle, celle qui consiste à rallonger à l’extrême les combats, un peu à la façon d’un animé Dragon Ball, ou certains combats étaient tirés à l’extrême pour produire un maximum d’épisodes. Bref, encore une fois, le concept de série hebdomadaire, n’est pas une réussite. Il y a aussi le fait que Tom Taylor soit beaucoup moins présent qui pèse négativement à mon sens.

Tout n’est pas complètement noir dans le tableau, car les épisodes qui reviennent sur le passé et les zones laissées sombre dans le scénario jusque là, comme l’apparition des puits de feu après la première attaque de Darkseid ou les relations entre Kara et Clark avant leurs disparitions respectives et celles plus distendues entre Helena et Thomas Wayne. Mais c’est quand même embêtant de devoir se tourner vers le passé pour trouver de l’intérêt à l’histoire…

L’autre gros point positif de la série, c’était aussi les dessins de Nicola Scott. Et encore une fois, DC a décidé de s’en passer et encore une fois le format hebdomadaire amène son lot de défauts. En effet c’est pas loin d’une trentaine de dessinateurs qui interviennent sur les seize numéros présents. Difficile dans ces conditions d’avoir une unité graphique où même une qualité constante et encore une fois, des différences de styles qui piquent les yeux se font ressentir. Néanmoins je nuancerai cela puisque on a finalement vu bien pire dans certaines séries. Ce n’est pas l’extase mais les planches qui piquent les yeux ne sont pas légions. C’est inégal mais pas catastrophique.

Comme l’a dit Bernanos cité plus haut, on n’est réellement déçu que par ce qu’on aime vraiment et c’est ce pourquoi je suis extrêmement déçu de ce tome. Déjà le fait que Taylor et Scott ne soit pas très, ou pas du tout d’ailleurs, présents et une déception en soit. Ils étaient les garants de la qualité graphique autant que scénaristique et sans eux on sent le titre partir inexorablement dans tous les sens. Ensuite le format hebdomadaire nuit franchement à la qualité d’un titre. Difficile, en effet, de sortir un numéro de grande qualité toutes les semaines et cela se vérifie. Enfin avoir jeté aux orties ce qui faisait le sel et l’originalité de la série, ne peut qu’être décevant, pour ne pas dire plus. Reste une lecture distrayante, sans plus, et parfois même un peu soporifique, tellement elle se perd dans ses rebondissements creux. C’est quand même un beau gâchis… Reste l’espoir d’une plus grande qualité à la fin de World’s End et de Convergence, purge très décriée publiée dans le futur sixième tome de la présente série. Bref on a pas fini de manger notre pain noir, amis lecteurs d’Earth-2….