Review VF – Superman Action Comics Tome 2 : Panique à Smallville

Les points positifs: Une ambiance horrifique réussie. Le style d’Aaron Kuder, toujours aussi percutant. Une caractérisation efficace de Superman. Une Lana Lang très touchante. Le numéro consacré à Bizarro, franchement amusant. Les points négatifs: Un récit qui divisera sûrement les fans. Une conclusion d’arc un peu expédiée. Le numéro Futures End, anecdotique.

« Je suis là pour toi, Lana. » – Superman

• Scénario : Greg Pak et Sholly Fisch Dessin : Aaron Kuder, Pascal Alixe, Vicente Cifuentes, Scott kollins et Jae Lee – Couleur : Will Quintana, June Chung et Pete Pantazis

• Urban Comics -Superman Action Comics tome 2 : Panique à Smallville – 08 avril 2016 – 152 pages – 15 € – DC Renaissance

Attention, bien qu’il soit présenté comme étant le deuxième tome de la série Action Comics, ce livre contient des épisodes du run de Greg Pak, qui se situent après le crossover Doomed (proposé par Urban Comics dans un volume séparé, qu’il est préférable de lire avant d’aborder cet album). C’est donc le troisième arc de ce run qui nous est ici présenté, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le ton de ce récit est loin d’être habituel. Il s’agit en effet d’une histoire bien surprenante, aux accents horrifiques, qui met en scène notre ami Kal El devant faire face à une menace quasi-lovecraftienne. Dès lors, il convient de se demander si l’équipe créative a su transformer l’essai et si cette étrange version des aventures du kryptonien mérite de figurer dans vos bibliothèques, ce à quoi nous allons bien évidemment répondre tout de suite.

Le pitch de départ est extrêmement simple. Après les événements de Doomed, Superman est redevenu lui-même et compte passer quelques jours dans la bourgade qui l’a vu grandir, Smallville. Malheureusement, notre héros n’aura pas droit au repos qu’il mérite, puisqu’une terrible menace pèse sur la petite ville du Kansas, des morts sortent de leurs tombes façon films de George Romero et l’on sent que l’influence du cinéma de zombie est forte. Ce choix original a le mérite de surprendre dans un premier temps, puis de construire une ambiance totalement inhabituelle, qui vient déstabiliser le héros tout autant que son lecteur. Greg Pak parvient à convaincre avec son scénario, même si ce n’était clairement pas gagné au départ.

L’histoire fonctionne plutôt bien puisqu’elle confronte Clark a l’un de ses pires cauchemars, Smallville en proie à une menace démesurée, qui vient totalement détruire le seul lieu qui lui sert de point de repère, plus encore que sa forteresse de solitude. Le personnage de Lana Lang, toujours aussi bien écrit par le scénariste, fait figure de point fort de ce tome, tant la jeune femme apporte de l’humanité au héros, et tant ses émotions semblent sincères. Le travail de Pak sur son casting secondaire est franchement efficace, et l’on s’attache à eux, plus que dans toutes les histoires de Superman parues depuis le début des New 52. Le récit prend une tournure très lovecraftienne au bout de quelques chapitres, et il faut reconnaître que c’est en décalage avec ce que l’on attend des aventures du kryptonien, ce qui pourrait déranger un certain nombre de lecteurs. Personnellement, j’ai franchement apprécié l’originalité apportée par ce choix, même s’il faut bien reconnaître que le dénouement est un peu facile. Mais sachez que tout cet habillage horrifique ne sert que d’habillage à un récit qui fait la part belle à la caractérisation de son héros, qui doit se reconstruire après le crossover Doomed, qui lui a fait se poser de nombreuses questions existentielles.

Ce petit arc est franchement sympathique et les dessins d’Aaron Kuder apportent beaucoup au script de Greg Pak, qui est ainsi sublimé par le traits très organique de l’artiste. Certaines planches sont magnifiques, si l’on adhère au style de l’artiste et au design un peu gory et tentaculaire de ses créatures et au look barbu de son Superman (que je trouve méchamment classe). Action Comics s’impose comme le meilleur titre Superman de la période, et il faut bien avouer que le titre mérite d’être lu, même s’il ne marquera clairement pas l’histoire des comics. Le tout est complété par le tie-in à Futures End, le numéro Five Years Later d’Action Comics, qui reste anecdotique étant donné le peu d’impact de l’event sur l’univers DC. Notons aussi la présence d’un numéro consacré au personnage de Bizarro (dans une version bien plus classique que celle que l’on nous proposait dans l’event Forever Evil), qui se montre très divertissant et vient apporter une dose d’humour bienvenue après ce récit presque oppressant qu’est celui de l’histoire principale contenue dans ce tome.

Sans être transcendant, ce deuxième tome de Superman Action Comics reste une lecture agréable, qui surprend par son ton horrifique. Pak et Kuder parviennent à tirer leur épingle du jeu en signant un récit fort original, qui leur permet de développer habilement la caractérisation de leurs personnages et de donner au kryptonien une dimension plus humaine, ce qui manquait à cette version du super-héros, apparue en septembre 2011. Ce run reste l’une des meilleures publications post-flashpoint consacrées à l’homme d’acier, et il serait franchement dommage de passer à côté.