DC Spotlight #3 – The Brave and The Bold : The Lords of Luck

Le petit nouveau en remplacement ce mois-ci pour DC Spotlight, et il est assez difficile de choisir un récit oublié ou autre. Surtout dans une situation où l’on ne lit que rarement du Vertigo qui est, à mes yeux, une mine d’or pour les récits fabuleux oubliés, tant la popularité de ces titres sont remplacés tout comme des effets de modes, à de nombreuses exceptions près. Évidemment je ne parle pas des classiques de l’éditeur. J’ai donc préféré me tourner vers ce que je connais de mieux, l’univers DC, et la période où j’ai commencé, par un récit publié par Panini Comics il y a bientôt dix ans. Il s’agit du premier arc d’une série qui avait le vent en poupe lors de ses premiers numéros, la série The Brave and The Bold qui signait sa troisième série en 2007 sous la plume de Mark Waid et de George Perez. On comprend de suite ce qui a tant créé une attente chez les amateurs de comics.

En guise de léger rappel, la série de comics The Brave and The Bold consistait à réunir deux personnages. Si la série est connue pour voir la toute première apparition de la Justice League, elle a perduré de nombreuses années avec, comme concept principal, celui de mettre en scène un team-up. Favorisé par le Silver Age qui permettait de faire apparaître des personnages variés dans des univers inconnus, ou dans des situations pour le moins originales comme par exemple la collaboration entre Batman, qui changera le concept même de la série se focalisant sur lui (cf la série animée), et le Joker, le titre reste emblématique et connu ne serait-ce que de nom, tant il reflète d’une certaine part toute la richesse de l’univers et de ses infinies probabilités d’extensions et d’association d’univers. Cette première série aura connue les hauts et les bas de son éditeur en exposant à travers ses pages au fil du temps, les tendances et les nombreux personnages qui se sont fait connaître de par ce titre, s’il ne s’agit pas de leur création. L’on peut penser à Metamorpho par exemple. Achevée dans les années 80 au numéro #200, la série disparaît, avant d’essayer un retour sous forme de mini-série qui sera un échec total, jusqu’en Avril 2007 qui, sous la plume de Mark Waid, renaît sous la forme d’une on-going le temps de quelques années.

The Brave and the Bold Cover Lords of luck

A Space Odyssey

Cette première histoire en six numéros n’a, à première vue, pas grand chose d’original, si ce n’est une allure qui sort de l’ordinaire, mais qui garde toujours cette impression de déjà vu si l’on se focalise uniquement sur les éléments qui forment cette histoire. Green Lantern, qui retourne sur Terre, trouve au beau milieu de l’espace le cadavre d’un homme à l’apparence d’un civil on ne peut plus banal. Il contacte donc Batman qui, dans sa cave, se trouvait dans la même situation avec un cadavre identique. Hal Jordan ramène ce cadavre à la Batcave afin de les examiner avec le plus grand des détectives. Il s’avère que derrière ce meurtre se cache une menace bien plus colossale, ne visant ni la Terre, ni l’univers, mais la réalité telle qu’elle est. Et contrairement à une certaine série de la CW, la gestion de la réalité et de ses modification est manipulée avec brio ! Ne serait-ce que pour cette utilisation de l’artefact du Livre de la Destinée, son concept assez classique, d’où l’impression de déjà vu, mais qui brille par l’intrigue qui l’entoure et l’impression de découverte de cet univers que nous pensions connaître depuis toujours. On y voit l’apparition de personnages mystérieux qui sont bien plus puissants qu’ils en ont l’air et jouent un rôle assez étrange et pouvant avoir une importance capitale sur l’univers, voire au-delà de cet univers.

Cette notion de réalité modifiée au fil de l’histoire amène à des situations étranges, pouvant rappeler quelques souvenirs ou faire références à d’autres récits, le tout de ce même esprit du Silver Age, dans cette notion où les limites n’existent pas. Mark Waid semble avoir bien saisit le concept et se l’est approprié en le « modernisant » par quelques modifications. Premièrement, pour la première fois dans un titre The Brave and The Bold, le personnage de Lobo apparaît, et amène avec lui tout ce qui fait de lui, « le Mec plus ultra« . C’est à dire sa célèbre modestie, son humour particulièrement fin, et réussit à s’implanter dans l’histoire sans briser un quelconque élément qui forme tout l’esprit nostalgique du récit, et permet même de contribuer à cette nostalgie (certainement à cause de ce Lobo New 52 qui est apparu entre deux).

The Brave and the bold lord luck Dc Spotlight 3 img 02

Et deuxièmement, plus l’on avance dans cette histoire, plus la violence prend une place marquante perforant l’esprit du récit et transperçant les attentes du lecteur, surpris face à ces événements et retournements de situations. Mark Waid réussit à lancer un cliché pour le briser, jouant avec la destinée et les outils qu’il s’est appropriés pour non seulement les maîtriser, mais aussi les détourner, explorer une autre voie, que l’on ne pourrait certainement pas qualifier d’inédit, mais qui a le mérite de surprendre. En bien, ou en mal, le lecteur réagit comme il l’entend. Il faut seulement espérer que ce lecteur ne sera pas trop surpris par cette violence, et qu’il ne prenne pas mal cette rupture de l’engagement de l’auteur pour se tourner vers une récit classique et nostalgique. Un point de vue qui peut se défendre, mais qui peut tout aussi bien paraître un peu limité par ces attentes. Cet effet est de plus parfaitement bien situé dans l’intrigue puisqu’il permet une sorte de climax, qui s’ajoute au fait que cette violence n’a rien de gratuite comme l’on pourrait se l’imaginer, mais plutôt iconique (rappelons tout de même qu’il s’agit de George Perez qui s’occupe de la partie artistique). Un auteur sachant surprendre son lecteur est rarement un mauvais auteur, et de ce point de vue ci, Mark Waid est un très bon auteur/scénariste.

Sound of Silver Age

Loin de cette violence finale, le récit en lui-même dégage une atmosphère légère. Difficile de dire s’il s’agit là de l’effet de la nostalgie de l’univers que j’ai découvert il y a quelques années, ou s’il s’agit de l’effet de la nostalgie recherchée par le scénariste. Le personnage de Lobo, pour y revenir, est l’élément le plus humoristique, qui est au final omniprésent dans cet arc. De Hal Jordan à Blue Beetle (Jaimie Reyes) en passant par Batman, l’humour n’est pas un élément flagrant sachant qu’il s’agit d’une série très liée dans l’esprit de celle du Silver Age, mais il reste très marqué chez chacun des personnages sans jamais les dénaturer. Même si l’on peut voir cette série comme anecdotique, ou secondaire, ses enjeux restent conséquents, et le drame est toujours proche de se produire. Si j’appuie sur la présence de ce côté assez ancien de la série, de sa légèreté inspirée par les éléments de l’époque, c’est bien parce que cet aspect persiste face à de nombreux éléments qui pourraient au final faire ressentir une certaine lourdeur, que ce soit par le drame, l’accentuation d’une violence en second plan, un grand nombre de personnages secondaires, et tout ceci sans jamais tomber dans le « kitsch » vulgaire et lourd auquel l’on pourrait s’attendre.

Une crainte de l’aspect « kitsch » qui pourrait alerter le premier venu tournant les pages du recueil (VO comme VF) à la vue des planches de George Perez. Aussi grande réputation de génie qu’il puisse avoir, son style reste particulier, de plus face à un nouveau lecteur. Ses nombreux détails embellissent le décor avec une précision incroyable, ses visages et expressions donnent vie aux personnages, sa mise en page peut se révéler classique, mais dans les scènes les plus importantes est parfaitement maitrisée lorsqu’il s’agit d’appuyer sur la détresse d’un héros, la perte de l’espoir, et autres sentiments traversant ses planches. Seulement tout cet amas de détails nécessite un regard qu’un lecteur se forge au fur et à mesure de ses lectures, de ses connaissances, de la découverte de ses goûts et certainement aussi, de sa génération. Sa colorisation très classique, même si encore d’actualité pour un titre de 2007, appuie sur ce style du Silver Age, et si une qualité est à remarquer, dépassant toutes les précédentes, c’est bien pour ses positions iconiques qu’il réussit à rendre vivantes dans cet univers du Silver Age ressuscité.

The Brave and the bold lord luck Dc Spotlight 3 img 01

L’on pourrait ici se demander ce que peut avoir de si bien un récit qui semble juste être un bon récit classique. Simplement, et le mot est bien choisi, qu’il est agréable de retourner au source, de plus lorsque l’on nous offre ici une version « restaurée » de ce qui pourrait être une simple histoire bien écrite et intelligente sur ce qui constitue la destinée, mais qui ne répond au final à aucune des questions que le lecteur pourrait se poser, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit de science-fiction qui n’a pour but que de divertir et de gérer un travail d’illusion. L’illusion opère, c’est une victoire. Ces six numéros composent une histoire qu’aucun auteur d’aujourd’hui n’oserait écrire de crainte de ne pas plaire. Les risques étant ici limités, l’auteur a pu réaliser ce qu’il souhaite, tout en ayant une base d’une série fondatrice. Cet arc est un hommage de qualité réalisé avec passion, pour des passionnés, et cette raison suffit à la lecture. Car au delà des bons sentiments, tout bon lecteur de comics, tout bon passionné y trouvera ici son compte d’une manière ou d’une autre. Si ce récit a bien un défaut, au final, c’est de laisser ces-dites questions sans réponse. De laisser ce potentiel voguer, en attendant qu’un jour quelqu’un, un auteur, s’inspirera de ces quelques épisodes perdus, pour ramener à la vie ce potentiel inexploité, aujourd’hui encore oublié.

Les personnages, aussi variés qu’ils soient, ne font aucunement office de simples figurants aléatoires. Ils apparaissent de manière cohérente, dans les causes et conséquences qui le sont un peu moins. La S-F des années 60, une histoire d’amour. C’est aussi ce qui fait tout son charme. Les deux personnages principaux que sont Green Lantern et Batman sont réunis dans le premier numéro afin d’introduire l’intrigue principale. À noter que la relation entre les personnages est particulièrement amicale et l’auteur fait ressortir le caractère policier de chacun des deux personnages, ce qui donne une parfaite image de ce que va être l’histoire qui va suivre. En effet, loin d’être une simple bonne histoire de Science-Fiction d’une époque qui semblait révolue, cette histoire se construit sur un fond d’enquête policière. Ainsi, une numéro sur deux, nous retrouverons un team-up permettant une progression de l’intrigue, l’un sur la progression de Green Lantern, l’autre sur la progression de Batman, jusqu’à leur retrouvailles lors du dernier numéro, avec l’aide qu’ils auront pu acquérir lors de leur aventure respective. J’aimerais pointer du doigt la caractérisation du personnage de Supergirl, qui s’appuie sur l’image d’une jeune fille qui se cherche sans se révéler, qui garde son masque façonné avec la joie qu’il lui restait afin d’endurer avant de se retrouver. Une joie qui la caractérisera, et qui la rendra assez éloignée du monde qui l’entoure, alors que Green Lantern, qui fera sa rencontre, cherchera à la percer à jour, à représenter ce miroir qu’elle pourrait être en train de chercher depuis son arrivée. Un point de vue particulièrement intéressant, que je souhaitais partager, afin de montrer que Supergirl pourrait être, un jour qui sait, écrite avec brio, si l’on laissait les bons crayons écrire son histoire.

Ce récit est donc fortement conseillé, que ce soit pour des lecteurs nostalgiques de leur ancien univers volé, comme pour des lecteurs intéressés de voir ces personnages dans une situation qui leur serait inédite. Et n’en déplaise à ceux qui ne seraient pas encore convaincus, Mark Waid réussit à raconter son histoire à travers cette série lui infligeant la contrainte d’un team-up par numéro, avec une fluidité incroyable que l’on n’aurait pu espérer ne serait-ce que percevoir. En plus de réussir à organiser et exploiter les relations entre les personnages dans cette même fluidité, il réussit un mélange des genres, livrant ainsi un travail plus que remarquable, qui reste à mes yeux bien trop peu connu des lecteurs. De plus, le travail de George Perez est remarquable, et Dieu sait que j’ai eu quelques difficultés avec son travail il fût un temps (sa période 90’s est douloureuse, je n’y peux rien). Après ce troisième numéro de DC Spotlight, vous n’avez plus aucune excuse si vous avez manqué ce récit qui est le premier volet d’une trilogie (uniquement en VO pour le coup) écrite et dessinée par la même équipe créative, sur cette même série. En revanche, si ces suites ne sont pas mauvaises, loin de là, ce premier arc reste le meilleur par l’union parfaite des ses nombreux éléments, qu’il s’agisse des personnages, comme des genres, et de l’idée d’enquête qui sera par la suite comme remplacée par une sorte de quête héroïque.

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Watchful

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Rédacteur depuis 2015, j'écris dans le but de partager ma passion pour les comics et entretenir ce sentiment de découverte. Bercé par Batman, mon cœur se dirige toujours vers l'éditeur aux deux lettres capitales.
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Sasahara
Sasahara
8 années il y a

Tout à fait d’accord, ces 6 premiers épisodes sont les meilleurs (et le duo Supergirl-Lobo est génial)
On trouve ça en VF chez Panini, donc c’est lisible par tout le monde.
( Et le tome 2 a de bons moments aussi: WW-Power Girl, Wally West et sa famille etc…)

Sasahara
Sasahara
8 années il y a

Tout à fait d’accord, ces 6 premiers épisodes sont les meilleurs (et le duo Supergirl-Lobo est génial)
On trouve ça en VF chez Panini, donc c’est lisible par tout le monde.
( Et le tome 2 a de bons moments aussi: WW-Power Girl, Wally West et sa famille etc…)

Sasahara
Sasahara
8 années il y a
Répondre à  Sasahara

désolé pour le doublon, fausse manip’ (c’est parkinson avant l’âge!)

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