Showcase #96 spécial St-Valentin – Superman’s Girlfriend Lois Lane #25

St-Valentin ! Amour ! Cartes de voeux, lumières tamisées, slows romantiques, chaînes de textos, immigrés polonais et leurs saloperies de roses super chères ! On se retape les films de Hugh Grant et Woody Allen (ou la Ligue 1, c’est selon), en entonnant Everybreath You Take d’un côté, et de l’autre, on blâme les publicistes d’avoir fait de l’amour une valeur marchande et l’état cynique de cette société, surtout quand on a pas de nanas. Du côté des comics, la St-Valentin est aussi un de ces instants de l’année où on aime à se rappeler que chaque grand héros a sa propre relation à l’amour, et que certains des plus grands mythes de la culture comic book se sont bâtis sur ce genre d’histoires. C’est sur un de ces chefs d’oeuvres que ce showcase s’attardera aujourd’hui, avec, retrouvé dans les archives du bienveillant TheRiddler, un numéro de Superman’s Girlfriend, Lois Lane !

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Vous remarquez à la couverture que ce numéro aurait pu être consacré au Showcase spécial de la journée de la femme (sauf que même le mauvais goût a ses limites, il paraît). La série Superman’s Girlfriend, Lois Lane remonte aux tumultueuses années du post-Comics Code, une ère où la bande-dessinée américaine, accusée d’inciter à la violence, à l’homosexualité et au déclin du modèle familial par les élites sociales et politiques de l’époque, se retranche dans un format d’histoires absurdes, souvent misogynes et expurgées de tout contenu à tendance « polémique ». Quoique son héroïne soit bel et bien Loïs, la série éponyme consacrée à la « copine de Superman » met assez peu en avant les qualités généralement prêtées au personnage, ridiculisée de numéros en numéros, et prétexte à un grotesque de situations où Clark sera généralement le seul glorifié. Bon, là, vous devez commencer à vous dire « mais du coup, pourquoi avoir choisi de parler de cette série pour la St-Valentin ? », ce à quoi je vous répondrai sans me démonter : c’est pas moi qui ai choisi. Je ne suis que l’exécutant d’une folie éditoriale, la réponse à votre question se terre en Suisse ou à Strasbourg, certainement entourée d’anciens nazis qui doivent en ce moment bien se marrer.

Bref, ce numéro #21 regroupe trois histoires courtes avec pour héros Loïs Lane et Clark Kent. La première est un « récit imaginaire », c’est à dire un elseworld avant l’heure. Folie perpétrée par les auteurs (à l’époque où on commençait à s’inquiéter de la causalité canonique), ce format vous propose d’imaginer ce qui se passerait, dans le cas où, par exemple, Loïs et Clark devaient un jour se marier. Arrêtez de rire, à l’époque, ça devait sûrement passer pour du jamais vu. Enfermée dans la forteresse de solitude par Superman, Loïs s’ennuie et aimerait pouvoir partager avec le monde entier la nouvelle de son mariage, chose que son époux lui refuse par peur d’en faire une cible pour tous ses ennemis. C’est là qu’elle se met à pleurer, et donc Clark dit oui (non, par contre, sérieusement, arrêtez de rire, c’est déroutant).

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Chose faite, s’organise une révélation publique officielle (Lana a grave les boules), les félicitations officielles du président Kennedy (ah, le silver age), et l’achat d’une maison en banlieue. Superman installe un système de protection, puis part travailler pour le Daily Planet pendant que sa femme reste à la maison faire le ménage et les courses. Pendant que l’héroïne fait son shopping, deux malfrats tentent de s’en prendre à elle, parce que tuer la femme de Superman, ça a l’air marrant, et puis se mettre à dos le type le plus puissant de la planète, ça n’a jamais empêché personne de se taper une bonne grosse barre. Alors que le mari craint pour la sécurité de son épouse (incapable de lui donner des super pouvoirs, ce bon à rien), celui-ci décide de l’enfermer dans un genre de papamobile blindée. Protégée, mais risée de toute la ville dans son cocon sphérique, Lois quitte son enveloppe en rentrant chez elle, et ayant oublié ses clés, passe par la fenêtre du salon. Le robot protecteur lui met une race avant de la ligoter, avant que Clark ne rentre à la maison pour libérer sa femme et rire avec elle de cette fâcheuse mésaventure (« Hahaha, Loïs, rions ensemble ! T’es tellement conne, en vrai ! »). Quelques mésaventures plus loin, le récit s’achève sur un bisou, ce qui règle tous les problèmes quand il y a l’amour vrai. Voilà, je vous avais dit que ce serait romantique.

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Le second récit est davantage concentré sur l’héroïne. En se promenant dans les rues de Métropolis, elle repère en effet Sandra Thorne, célèbre actrice dans le monde fictif de DC Comics, qui se rend à son salon de coiffure. Loïs, qui décide de la suivre afin d’obtenir une interview, découvre stupéfaite que le coiffeur (Jacques of Paris) est en fait un maître chanteur, qui injecte un gaz de vérité à l’actrice pour lui faire avouer ses terrifiants secrets. La journaliste contacte cette innocente victime et lui propose son aide : grâce à un plan ingénieux, elle va faire arrêter Jacques of Paris et sa bande d’affreux voyous. Fière d’elle, Loïs s’en va tout raconter à Clark, avant de recevoir un appel du conservateur du musée de Métropolis, qui lui annonce qu’un bloc de kryptonite leur a été livré et que Superman pourrait être en danger (haha, tremble devant la subtilité de ce storytelling).

En accéléré : Loïs va chez Jacques of Paris, avale un antidote aux effets du gaz, avoue un secret factice, les malfaiteurs retrouvent l’antidote, en déduisent qu’ils ont été bernés, enlèvent Loïs, volent le bloc de kryptonite pour se protéger d’une attaque de Superman. C’est là que le héros jaillit de l’énorme caillou vert (oh ! sapristi !), tabasse Jacques of Paris et sa bande, et finit par expliquer à Loïs que c’était lui qui avait demandé au conservateur du musée d’avertir la jeune femme du bloc de kryptonite, au cas où elle tomberait elle aussi victime du gaz de vérité. Après quoi, le héros n’a eu qu’à se cacher dans le minerais (…), ce qui n’était en fait qu’une fausse météorite sensée duper les malfaiteurs (si vous me dites que le mec ne bosse pas ses plans six mois à l’avance…).

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Pour la dernière histoire, on retrouve Loïs qui écrit un papier sur les grandes femmes de l’Histoire des Etats-Unis (à savoir, Florence Nightingale, Betsy Ross et la Reine Isabella qui aurait financé le voyage de Christophe Colomb vers les Indes). Pour le premier passage, Superman retrouve sa copine partie en Afrique, où s’engage un intéressant travail de reconstitution culturelle sur les peuplades locales (voilà le racisme, élément clé de toute belle histoire d’amour !). Le héros retrouve sa femme dans une situation étrange, celle-ci étant persuadée d’être l’authentique Florence Nightingale, avant de se prendre pour la véritable Betsy Ross et la Reine Isabella une fois rentrée aux États-Unis. À ce moment de la lecture, vous devez commencer à saisir toute la puissance romantique de Loïs et Clark, métaphore du couple qui survit aux instants orageux, comme par exemple quand ta femme se prend pour la Reine d’Espagne ou ce genre de petits tracas quotidiens.

En définitive, Clark parvient à ramener Loïs à ses esprits, en la persuadant qu’elle fait elle aussi partie des grandes femmes de l’histoires. Loïs devient donc sa propre incarnation, grâce au pouvoir de l’égo, et peut reprendre une vie normale sans se demander si ces accès de grave schizophrénie valent vraiment la peine de s’inquiéter. Cette dernière histoire achève le numéro sur une bonne note (avouez, c’est émouvant tout cet amour, n’empêche), et par là même cette chronique, à laquelle je commence à regretter d’avoir postulé.

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Cela étant, les récits de Loïs Lane et Clark Kent ne manquent pas tout au long de la continuité DC, dont certaines publications lancées encore récemment. En comics, au cinéma ou à la télévision, le couple trône avec le tisseur et sa rouquine au panthéon des histoires d’amour les plus marquantes de la BD Américaine, déclinée depuis la rencontre dans les locaux du Planet jusqu’à la naissance de leur premier enfant. Un couple qui aura traversé les styles et les décennies, et dont cette série du passé n’est qu’un avatar parmi d’autres, à une époque où le mauvais goût ne faisait peur à personne (surtout pas aux scénaristes), dont on se souvient aujourd’hui comme une période contrastée pour l’éditeur. Superman’s Girlfriend n’a en fait aucun intérêt, pour ses personnages comme pour son propos, et un site sérieux vous aurait sans doute plutôt parlé de Preacher, Swamp Thing, FablesBatwoman, des Mister Miracle & Big BardaAquaman & Mera, Black Canary & Green Arrow, et autres immenses et inoubliables histoires d’amour de la sphère DC / Vertigo que chacun se doit d’avoir lu en cette période symbolique. Mais bon, on ne va pas se mentir. Où serait le fun là dedans ?

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ArnoKikoo
8 années il y a

La direction éditoriale de Strasbourg, c’est vraiment n’importe quoi. Ceci dit, superbe Showcase, que tous nos lecteurs (en couple ou non) devraient lire !
Mais juste la case de Superman qui se tape des barres avec Lois alors… qu’elle a un cocard, ouais, c’est priceless. Putain que je suis heureux de lire des comicbooks à cette époque et pas au Silver Age XD

Mocassin
Éditeur
8 années il y a

Il est magique ce showcase ! Tant d’amour, ça ferait presque peur aujourd’hui.

Billy Batson
8 années il y a

Excellent showcase spécial St Valentin ! J’attends avec impatience celui de l’année prochaine qui, je l’espère, s’attaquera au Superman’s Girlfriend, Lois Lane #59 où la bienveillante Lois remonte le temps pour aller sur Krypton et, plutôt que de les prévenir de la destruction de leur planète, essaye de se taper Jor-El tout en agressant le pauvre bébé Kal :
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DarkChap
DarkChap
8 années il y a

Bon Showcase en effet! Comme toujours avec la Lois Lane du Silver, c’est pas nécessairement la lecture la plus féministe mais l’inventivité folle des directions que prend l’histoire et les magnifiques dessins de Kurt Schaffenberger font passer la pilule.
Par contre, s’agissant de la formule propre aux comics Superman des années 50 et 60, c’est vraiment pas dû au Comics Code (d’une, DC écrivait déjà dans ce style avant la création du Code et de deux, ça n’a pas empêché Marvel de produire des runs entiers où chaque comic faisait avancer l’histoire, de trois DC fixait plus ou moins les règles du Code à sa convenance et s’en est en fait surtout servi pour tuer sa concurrence) mais plutôt au style de l’éditeur des titres de l’époque, Mort Weisinger, personne assez intransigeante (cruelle selon certains) qui ne laissait presque aucune liberté à ses auteurs et chérissait absolument un ensemble de règles strictes mais assez arbitraires et un certain statu quo.

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