Review VF – Wonder Woman, Déesse de la Guerre Tome 1 : Insurréction

Les points positifs : C’est vaguement joli, de loin. Un nouveau statu quo presque intéressant. Les dessins de Goran Sudzuka dans l’annual #1 Les points négatifs : Une caractérisation ratée. Un scénario inintéressant. Des dessins très inconstants. Une insulte au personnage de Wonder Woman ?

« Nous avons oublié qui et ce que nous sommes. » –Wonder Woman, aux amazones.

• Scénario : Meredith Finch  – Dessin : David Finch et Goran Sudzuka  – Colorisation :Sonia Oback, Peter Steigerwald, Brad Anderson et Ive Svorcina.– Encrage :Richard Friend, Jonathan Glapion, Batt, Danny Miki, Sonia Oback, Gorand Sudzuka et Johnny Desjardins.
  

• Urban Comics – Wonder Woman, déesse de la guerre tome 1 – 15 janvier 2016 – 168 pages – 15 € / 22,50 CHF

Cohérence éditoriale oblige, Urban Comics lance une « nouvelle » série consacrée à Wonder Woman. Il s’agit en fait du titre régulier consacré au personnage de l’amazone, depuis la reprise de ce dernier par Meredith et David Finch. Après un run magnifique signé Azzarello et mis en image par des artistes comme Cliff Chiang et Goran Sudzuka, Diana revient donc dans une sorte de semi-reboot, qui nous propose des comics à l’ambiance bien différente de ce à quoi on était habitués. C’est en effet une vision quasi-opposé à celle de l’équipe précédente qui nous est proposée, et l’on nous montre ici une héroïne qui peine à concilier sa vie de leader de Themyscira et sa place au sein de la Ligue de Justice.

Le pitch est simple, après avoir vaincu le premier né, Diana est revenue sur son île et doit assumer son rôle de chef d’état. Evidemment, sa place est contestée et la situation politique est chaotique. Parallèlement, la Ligue de Justice est confrontée à ses problèmes habituels, et Diana doit jongler entre les deux. La situation de Themyscira va bientôt devenir inquiétante, alors qu’apparaît Donna Troy (dans une toute nouvelle version), une nouvelle amazone qui compte bien diriger le royaume. Le scénario est tout à fait basique, et l’on perd beaucoup le côté mythologique à la fois grandiloquent et ancré dans le monde actuel qu’avait développé Azzarello. On se retrouve avec un récit bien plus terre à terre qui ne semble approprié qu’à un public adolescent qui découvrirait l’héroïne.

Malheureusement, la caractérisation de la protagoniste est assez mal gérée. On se retrouve ainsi avec une gamine débordée, alors que l’on avait laissé une femme forte, une guerrière, avant d’aborder ce nouveau run. Le sous-titre choisi par Urban Comics est d’ailleurs fort mal à propos, puisque l’on a l’impression de lire les aventures d’une pleurnicheuse énervante, qui se comporte constamment comme une gamine de seize ans atteinte de cyclothymie. Imaginez un peu le contraste avec l’image que l’on se fait de ce personnage… Aucune de ses actions ne semble coller à la vision iconique de Wonder Woman, et l’on en vient très vite à trouver tout cela out of character. Meredith Finch peine à maîtriser son récit et son héroïne, et l’on sent que son script n’est pas maîtrisé. Il est vrai qu’avoir signé quelques récits chez Zenescope ne fait pas de vous un auteur aguerri… Au fil de la lecture, on en vient à rire, après avoir pesté pendant quelques minutes, et pleuré des larmes de sang durant les dix suivantes. On renonce bien rapidement à trouver des points positifs à la chose, et il faut bien avouer que l’on a alors entre les mains l’un des pires runs sortis chez DC depuis septembre 2011…

Et graphiquement, qu’est-ce que ça donne ? C’est du Finch, alors ça devrait être correct ? Eh bien, que nenni, mes amis ! Le dessinateur nous livre ici un travail d’une extrême inconstance, qui se distingue par de trop nombreux changements dans le trait des visages de ces personnages, notamment de Diana et de sa rivale Donna Troy, qui semblent avoir entre 16 et 35 ans selon les pages… Imaginez un peu la confusion qui se dégage de cet album… Et que dire des positions ridicules prises par notre héroïne ? Il faut tout de même noter qu’elle passe l’essentiel de son temps la bouche ouverte, et qu’elle semble concourir pour le titre de miss fanservice 1995… Je suis habituellement un grand défenseur des artistes de « l’école image » mais je ne peux rien faire d’autre que de critiquer négativement la prestation de l’artiste, qui est loin d’être au sommet de sa forme …

Ce premier tome est donc une véritable déception, qui vient détruire l’impression positive que nous avait laissé le run précédent. Le couple Finch ne semble pas du tout maîtriser le personnage de l’amazone, et c’est un ratage complet que cet arc, qui devrait décevoir les fans de Wonder Woman ainsi que tous ceux qui réclamaient à cor et à cri le retour de Donna Troy dans l’univers post-Flashpoint… Je ne peux que vous déconseiller de vous lancer dans cette lecture, et d’attendre l’arrivée d’une nouvelle équipe créative, ou de vous lancer dans la lecture d’anciennes publications consacrées à notre amie Diana (ça tombe bien, Urban Comics sort bientôt une anthologie prometteuse).