Review VF – Batman Saga #45

Les points positifs : De vieux concepts ravivés Les dessins de Carlos D’Anda Les points négatifs : Récits anecdotiques Dessins ratés sur Batman & Robin Urban obligé de publier ça ?

Les lecteurs VF vont avoir droit de découvrir en partie les tie-ins de l’event Convergence, qui aura sa publication séparée en librairie dans Earth 2. Pas de reprise pour les séries habituelles, donc (il faudra attendre le relaunch kiosque d’Urban pour ça), mais une sélection d’histoires qui se déroulent dans des anciennes continuités de Gotham City. Mais raviver la fibre nostalgique des lecteurs suffit-elle à produire des histoires de qualité ? Réponse ci-dessous selon notre équipe de rédacteurs, pour un Batman Saga #45 disponible depuis le 29 janvier pour 5,60€.

Convergence Batman & Robin #1-2

• Scénario : Ron Marz – Dessins : Denis Cowan et Klaus Janson – Colorisation : Chris Sotomayor

En V.O. comme en VF, j’ai eu l’impression qu’il s’agissait de l’univers pré52 avec Dick Grayson et Damian Wayne. Mais non, il s’agit de Bruce Wayne et son fils. Pourtant tout donnait à croire que c’était ça, jusqu’au look de Red Hood et de sa partenaire qu’avait croisé Dick. Du coup, je ne sais pas ce que l’auteur a cherché à montrer. Surtout qu’il s’agit d’une autre histoire père/fils/frère adoptif qu’on a pu voir dans la série Batman et Robin New 52 par Tomasi. Ca fait donc redite, en moins bien et bâclé. Le tout coincé dans l’event Convergence que vous comprendrez en lisant Terre-2 mais sinon, vous n’en aurez rien à faire. D’accord, je suis fan de Dick Grayson mais même sans ça, je pense que la grosse erreur est de ne pas l’avoir mis sous le masque. Et les ennemis sont ridicules !

Graphiquement, c’est dans le même genre : bâclé. Le dessinateur cherche à reproduire quelque chose mais sans y parvenir et du coup ne fait plus d’effort. C’est bas de gamme. En plus, dans ce mag, suit une série dessinée plutôt bien par Carlos D’Anda. En gros, il y avait de quoi faire mais ils ont tout planté. C’était l’occasion de faire une histoire originale non dite (genre un mariage jamais fait jusque là, ou bien la naissance d’un enfant entre deux personnages, la mort d’un héros ou la victoire de méchants… ).

Convergence arrive en VF et vient impacter l’ensemble des titres DC. Alors que différentes versions des villes emblématiques de l’univers DC sont placées sous des dômes durant un an, on comprend qu’un alien nommé Telos a bien l’intention d’organiser une sorte de  entre elles. C’est une Gotham période run de Grant Morrison qui nous est montrée ici, et l’on retrouve un dynamic duo composé de Bruce et Damian qui se retrouvent bien vite confrontés à divers ennemis ainsi qu’aux agissements de Red Hood et de sa sidekick Scarlett. C’est totalement anecdotique et il est difficile de placer cette version du bat-verse dans la continuité puisque Batman devrait être Dick Grayson, mais soit. On retrouve des méchants tirés de la série Justice League Europa, et le tout prend assez vite des accents très nineties, ce qui est logique quand on voit que c’est Ron Marz qui est aux commandes. Le résultat est plus que moyen et ce n’est pas du tout le graphisme qui pourrait relever le niveau, tant il est inconstant. C’est donc un ratage que cette version convergence de Batman & Robin, qui devrait décevoir un grand nombre de lecteurs.

Convergence Batman & The Outsiders #1-2

• Scénario : Marc Andreyko – Dessins : Carlos D’Anda – Colorisation : Gabe Eltaeb

Je ne pensais pas que de tout le mag ce soit cette série qui me plaise le plus. Attention, ce n’est pas du grand comics, mais on a tout de même deux numéros entièrement dessiné par Carlos D’Anda qui est bon et qui visiblement n’a pas bâclé son travail. Et nous pouvons tranquillement admirer son art. Pour le reste, il n’y a pas plus classique. Je ne saurais clairement de quel univers il s’agit avec précision. Batman a eu une équipe d’Outsiders avant les New 52, ça pourrait donc être encore cette ère-ci, mais pour le coup, ça fait beaucoup. La première partie se focalise sur la vie de cette équipe sous le dôme montrée la veille de l’abaissement de la barrière. Si vous aimez déjà ces personnages ou si vous aimez suivre la vie au quotidien des héros, vous serez ravis. Pour les autres, il y a la seconde partie qui nous montre l’affrontement avec l’ennemi d’un autre univers qui n’est en fait qu’un Omac manipulé par un autre ennemi. Que de l’action. Et pas de compromis, les Outsiders gagnent. La fin nous donne l’impression que nous reverrons ces héros. L’avenir nous le dira, mais je n’y compte pas trop.

Le choix de découper ainsi ce diptyque est somme toute simple mais efficace et sans vouloir aller chercher trop loin, il m’apparait que cette série est la plus réussie du mag. En plus de s’assurer la meilleure partie graphique. D’Anda retranscrit bien l’action et les émotions. Ca reste dommage que pour faire plaisir aux fans, on fasse des séries si simples.

Il est vrai que l’event Convergence est particulièrement foireux mais avait l’idée de ramener sur le devant de la scène de vieilles séries pour les vieux fans. C’est donc avec joie que j’ai vu Batman & the Outsiders refaire surface. Malheureusement, le scénario est signé Marc Andreyko, et l’on ne peut pas dire que cet auteur ait véritablement signé de grands titres… On se retrouve alors avec une sorte de blockbuster dans lequel la plupart des personnages ne font que de la figuration. Seul Metamorpho est bien développé et l’on touche du doigt la dimension tragique de ce héros. L’intrigue est très mince et l’on se retrouve face à un combat contre une version d’OMAC. C’est assez décevant, mais l’on s’amuse toutefois à redécouvrir ces héros bien kitschouilles. Il est toutefois difficile de se plonger dans ce récit fort peu ambitieux, qui ne vaut que pour sa partie graphique plutôt efficace, signée Carlos d’Anda. A l’échelle de Convergence, ces épisodes sont plutôt corrects, mais si l’on juge ces comics au même titre que les publications régulières, alors passez votre chemin…

 Convergence Detective Comics #1-2

• Scénario : Len Wein – Dessins : Denis Cowan, Bill Sienkiewicz – Colorisation : Felix Serrano

Adulte Robin et Huntress de Terre-2, mais l’originale pas celle de new52, affronte Superman Red Son. Ce qui est intéressant c’est l’image soviétique renvoyée par ce Superman qui parait mauvaise et dangereuse face aux deux autres qui paraissent héroïques en combattant des ennemis. Et l’auteur décide d’écrire la première partie en parallèle, dévoilant que les dômes recouvrent les villes pendant 1 an avant de s’ouvrir et de commencer les combats. La seconde partie en revanche montre que la première était presqu’inutile puisqu’une seule page suffit à la résumer. Pour en revenir aux bons points, Helena tente de convaincre Dick de reprendre le flambeau de Bruce en tant que Batman et comme tout Dick Grayson qui se respecte, il ne s’en sent pas l’étoffe. Pourtant, il est le plus respectueux des règles de Batman, dont la règle numéro 1 : ne pas tuer. La rencontre avec un autre Batman changera la donne. Ce qui est dommage c’est de ne voir le résultat qu’à l’issue.

Un sentiment d’introduction à quelque chose que j’aurais pu aimer continuer à lire. Si le but était de faire plaisir aux vieux fans en ne leur montrant qu’un tout petit quelque chose, je pense qu’ils préfèreront se replonger dans leurs archives. Par contre, le Batman de Red Son, j’étais persuadé que ce n’était pas “Bruce Wayne”. Genre Kal El atterrit dans un pays et Bruce Wayne est aussi de ce même pays… Les dessins sont parfois bons et parfois non, surtout dans les passages trop sombres où l’encrage est trop intense. Et encore une fois, ça passe derrière Carlos D’Anda… c’est dommage. Peut-être qu’il aurait du s’occuper de tous les titres…

Bon, voilà. Convergence, c’est un travail de nostalgie. Pas étonnant, donc, de retrouver ici l’écriture passéiste de Len Wein, qui réemploie les routines de narration d’une époque révolue, avec des personnages d’une époque révolue. Problème, pas mal de moments dans ce comics semblent intéressants, mais comme la plupart des titres de l’évent, ils s’arrêtent à l’idée première de n’être que des mini-séries fillers, parce qu’il faut bien publier. Que retenir de tout ça ? D’abord, une narration lourde et une patte graphique désaccordée (quitte à faire revenir les vieux auteurs, pourquoi ne pas assumer et reprendre la ligne claire le temps d’un événement de ce genre ?). Bizarrement, rien ne sert à quoi que ce soit. On assiste à un combat pas justifié, et qui s’arrête comme il aurait du commencer (parce qu’opposer des héros bons sous tout rapport n’a pas de sens, c’est aussi bête que ça), un simulacre de relation père-fille complètement incohérent – je m’arrête là dessus deux secondes : le Batman de Red Son n’est PAS Bruce Wayne ! C’est un Russe random orphelin, point, sur la Terre de Red Son, Bruce Wayne est à Gotham City, et il glande. Quelques éléments sont intéressants pour compléter le mythe du Superman dictateur, mais entre les cases de narration qui répondent aux dialogues, les personnages qui parlent tout seuls pour justifier leurs actions, et un double épisode complètement inutile, même la nostalgie ne fonctionne plus. Un diptyque à l’image du reste : creux, et éditorialement injustifié. On passe. Vivement la prochaine Crisis.