Review VF – Green Arrow Tome 3 : Brisé

Green Arrow Tome 3 - Jeff Lemire - Couverture
Les points positifs :
  • Impec’ visuellement
  • Avec le coucou de Denys Cowan en plus
  • Deathstroke qui met la misère au Ollie New 52
Les points négatifs :
  • Caractérisation à la dérive
  • Pas de menace sensible
  • Une résolution expédiée

« Joli discours. Mais le problème, c’est… que tu n’es plus assez bon, Arrow. »
– Richard Dragon, plutôt perspicace


  • Scénario : Jeff Lemire – Dessin : Andrea Sorrentino, Denys Cowan
  • DC RENAISSANCE – Green Arrow Tome 3 – 16 octobre 2015 – 176 pages – 14 € / 21 frs

Le populaire run de Jeff Lemire et Andrea Sorrentino sur Green Arrow se conclut avec ce tome 3. Débarqué après une Ann Nocenti honnie par les lecteurs, le duo a profité de la comparaison avec leur prédécesseure, tout en tablant sur le succès de la série Arrow sur la CW en introduisant Diggle, inédit dans les comics jusque-là. Si les avis en général étaient bons, les ventes n’ont pas vraiment suivi, le titre peinant chaque mois à passer au-dessus de la barre des 100 comics les mieux vendus aux USA. Où faut-il chercher l’erreur ? Qualité pas reconnue ou titre surestimé ?

Contenu : Green Arrow (Vol. 5) #32-34, Green Arrow : Futures End #1 + un extrait de Secret Origins #4

À peine son combat contre les Oustiders bouclé, Oliver Queen revient à Seattle pour trouver la ville au bord du chaos. Une nouvelle menace s’élève en effet, et elle porte un nom : Richard Dragon. Aidé de ses sbires BrickRed Dart et le Comte Vertigo, il va diriger ses efforts contre Green Arrow, décidé à le voir souffrir tandis que tout ce qui lui est cher s’effondre autour de lui. Oliver Queen, aidé de ses alliés, saura-t-il se montrer à la hauteur ?

Et ce soir à manger ? Encore une origin story !

Le volume s’ouvre avec le récit des origines de Green Arrow aperçu dans le Secret Origins #4. Rien de bien neuf dans des origines que l’on connaît bien – passage sur l’île, scène où il a dû prendre une vie, etc. – et la brièveté de l’histoire manque de la rendre aussi mémorable que pouvait l’être le Green Arrow – Year One de Andy Diggle et Jock qui, s’il ne l’emportait pas sur son inspiration de Frank Miller, avait une efficacité assez délectable qui pouvait enthousiasmer son lecteur. Reste le style de Denys Cowan (The Question avec Dennis O’Neil ou Batman : Blind Justice avec Sam Hamm), qui n’avait pas une tâche aisée sur les bras en s’alliant avec Jeff Lemire devant des lecteurs habitués aux planches fameuses de Sorrentino, mais le bougre s’en sort bien avec un style profitant d’une riche personnalité, sec et haché, dans une direction assez différente de celle de l’artiste régulier du titre Green Arrow mais apportant une fraîcheur réussie.

On retourne ensuite à Seattle avec la série régulière, où, après de brèves retrouvailles chaleureuses, notre casting principal – Oliver, Naomi et Henry – se remet à se disputer parce que les deux derniers lui reprochent de ‘les avoir abandonnés’, puis ont décidé de ne pas poireauter en attendant le retour de leur archer préféré pour ne pas laisser tranquillement Dragon prendre le contrôle de la ville (ce qu’il a fait au final, donc on se demande bien en quoi ont consisté leurs tentatives), ce qui énerve Oliver Queen qui préférait apparemment qu’ils ne prennent pas de risques. C’est assez agaçant de revoir l’intrigue du troisième s’ouvrir dès le début par une des faiblesses que traîne Jeff Lemire depuis le début de son run, à savoir sa difficulté à créer entre ses personnages une dynamique intéressante, cédant trop facilement à la tentation de les embourber dans des querelles adolescentes. On déplorera également, en guise de bilan, que ces relations n’aient pas subi plus d’évolution au cours du run de Jeff Lemire et qu’on en ressorte avec le sentiment d’avoir quitté le même quatuor qu’on avait découvert.

C’est l’histoire d’un ado teigneux qui avait volé le costume de Green Arrow

Le même profil d’ado agaçant se retrouve chez Oliver lorsqu’il affronte ses ennemis. C’était déjà un problème dans les tomes précédents, on a encore en tête le triste souvenir, dans le deuxième tome, d’une scène sur l’île où Oliver traite, avec une finesse qu’on soulignera, Kodiak, du clan du bouclier, de troll, lequel réagit avec une maturité encore plus frappante en s’insurgeant « Euh mais c’est moi que tu traites de troll ? Alors non là ça je tolère pas !!!! ». Ici, rebelote, les insultes puériles fusent à chaque confrontation : « Crétin », « Pauvre taré », « Abruti », « Des idiots qui imitent le Comte Vertigo » « Bon Dieu, que Slade est bête », ça n’arrête pas, et ça ne dessert ni les personnages à qui elles sont adressées, puisqu’elles amoindrissent leur aura et la menace qu’ils sont censés représentés, ni le héros lui-même, dont la maturité prétendument acquise sur l’île en prend un coup.

Par ailleurs, comme conclusion de run, ce final manque sans doute de panache. Les sbires de Richard Dragon n’opposent quasiment aucune difficulté à Oliver Queen et ses copains, en tout cas grâce à l’aide de petites astuces scénaristiques de type ‘le gentil, avec 30 millions de dollars de prime sur sa tête [30 millions, pourquoi pas mille milliards pendant qu’on y est], est à la merci du méchant [en l’occurrence la méchante Red Dart], mais celui-ci préfère démarrer un jeu inutile de chat et à la souris parce que… bin parce que si on neutralise le gentil trop vite, il n’y a plus d’histoires quoi. La confrontation ultime avec Richard Dragon ne fait guère mieux, car si le maître des arts martiaux semble au début plus coriace que ses acolytes, le duel en lui-même paraît beaucoup plus bref en comparaison de la somme des autres, et on se trouve déjà à l’épilogue (le numéro Futures End) avant d’avoir eu ne serait-ce qu’un soupçon de doute sur la capacité de notre héros à s’en sortir sans une égratignure (ou presque, il est quand même blessé parce que, hé, c’était le boss de fin quand même).

Le Dragon qui ne savait plus cracher de feu

Et ce goût de pétard mouillé est d’autant plus dommage parce que, en plus de servir de triste conclusion à un run (au demeurant, la Guerre des Outsiders était plus palpitante), et de désamorcer tout un build-up sur le prétendu ‘chaos’ dans lequel était tombée Seattle, ce final en demi-teinte rend surtout incompréhensible la décision, chez Jeff Lemire, de faire de Richard Dragon un méchant, si c’était pour le bazarder ensuite en deux trois mouvements. Quitte à s’atteler à un changement de statu quo aussi violent, autant qu’il serve à quelque chose et qu’il soit mémorable. Ce personnage a tout de même connu sa petite heure de gloire dans les années 70, a fait équipe avec Batman sous la plume de Bob Haney dans le titre The Brave and the Bold, pour devenir ensuite un des grands ‘entraîneurs de héros’ des années suivantes en prenant sous sa protection des personnages comme la QuestionOracleHuntress et plus tard Renee Montoya. Il avait un profil sage mais bad-ass, doublé d’une aura d’invincibilité. Or, ici, il est ramené de ce statut au rang de vilain de seconde zone. Pas sûr qu’on ait gagné au change, et pas sûr qu’un autre auteur soit prêt à revenir de sitôt sur cette retcon.

Peu de choses à rajouter sur ce final franchement bref, reste le Green Arrow : Futures End #1 en guise de dessert. Également dessiné par Sorrentino, sur les planches duquel on ne rajoutera rien, vous savez tous qu’elles sont supers et le sont ici encore, ce numéro place l’action dans un futur hypothétique (you don’t say ?), où, tenez-vous bien, petit spoiler potentiel donc au pire sautez au paragraphe de conclusion, c’est parti pour le spoiler, dernier avertissement, on promet il va arriver, ça y est vous étiez prévenus, donc tenez-vous bien : Emiko a repris le costume de son mentor. Ce n’est pas comme si c’était la chose la moins évidente après la direction du personnage observée au cours du tome, mais au moins ça a la mérite de ne pas sortir de nulle part, à la différence du subit alignement des Outsiders du côté des gentils, qui n’hésitent pas une seule seconde à rejoindre Green Arrow dans sa croisade contre le Mal lorsqu’il se ramène et leur dit : « Eh, je sais qu’avant on était pas copains, mais maintenant c’est fini, on va être copains, d’accord ? » Et tous de répondre d’une seule voix : « D’accord Oliver, quand est-ce qu’on va en boire une ? » Bon a quand même droit à une réplique qui nous indique que les Outsiders ont changé depuis leur affrontement avec Oliver dans le tome précédent, heureusement. Le numéro, et donc le tome, se termine avec un affrontement contre Deathstroke qui, s’il n’échappe évidemment pas aux répliques idiotes dont Jeff Lemire parsème ses combats, se conclut au moins d’une manière satisfaisante parce que, spoiler encore, rien ne m’aurait plus insupporté que de voir Slade Wilson se faire battre par cet adolescent pénible qu’est Oliver Queen depuis les New 52. Ah, dernier mérite de ce Futures End : on le voit avec sa barbe. Dommage que sa prise de maturité n’ait pas été plus prononcée pour accompagner cette évolution capillaire.

Le run de Jeff Lemire sur Green Arrow ne se termine pas bien. Les interactions stagnent entre les personnages principaux et se révèlent peu attachantes, voire irritantes, la faute revenant surtout à un Oliver Queen irascible et immature ; ni drôle, ni inspirant, ni impressionnant, il n’est pas assez solide pour tenir un titre solo correctement. Ses affrontements en pâtissent forcément, et ses ennemis peinent donc similairement à convaincre. La résolution est précipitée, et ne parvient de loin pas à propulser Richard Dragon au panthéon des grands ennemis de Green Arrow. On en vient à préférer l’origin story glissée en introduction, pour les dessins de Denys Cowan qui apportent une variété bienvenue, et l’épilogue de Futures End, parce que ça nous éloigne du ‘fiasco de Seattle’. Et aussi parce que cet Oliver New 52 reçoit une raclée de Deathstroke, d’accord.

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TheRiddler

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4 Commentaires
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BobCanne
BobCanne
8 années il y a

Le secret origin et le future ends n’est vraiment là que pour gonflé le tome de ces trois numéros qui auraient pu être condensés.

Sasahara
Sasahara
8 années il y a

déception aussi, mais la suite est encore pire (cf Justice League Saga)
Rendez-nous le vrai Green Arrow, celui d’avant Flashpoint, celui qu’on voit dans « Injustice » ! Green Arrow en jeune con dont la Justice League ne veut pas entendre parler, j’ai ma dose! Et Black Canary dans tout ça ? Encore un personnage majeur qui a été sacrifié par le reboot de 2011…

Ares
Invité
Ares
8 années il y a
Répondre à  Sasahara

2011, cette année maudite.

urbanvspanini10
urbanvspanini10
8 années il y a
Répondre à  Ares

pour DC you,la nouvelle equipe creative de Green arrow remonte la pente

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