Review TV – The Death of Superman Lives : What Happened ?

 
Death of Superman Lives

Les points positifs :
  • Le témoignage d’une autre époque
  • Vie et mort d’un projet atypique
  • Richesse d’intervenants et de visuels
Les points négatifs :
  •  La mise en scène « fan-film » de John Schnepp
  • 15 dollars en digital, et sans les bonus

« Development hell doesn’t happen with no name directors. It happens only with famous directors that the studios doesn’t dare break up with. » – Sylvain Despretz


  • The death of Superman Lives : What Happened ? – 9 juillet 2015 en Blu-Ray/DVD, téléchargement numérique
  • Blu-Ray/DVD – 104 minutes – 14,99$

Dans les coulisses des tournages et de l’envers du décor, le cinéma tend occasionnellement à se présenter au public sous un jour « réaliste ». C’est l’apanage des documentaires historique sur les chefs d’oeuvres, grandes figures et, en l’occurrence, de ce qui est le cas ici, le cas des grands fiascos de l’industrie. Déjà au milieu des années 1990, le film de super-héros obéissait aux mêmes principes capitalistes que ceux qui soutiennent le genre actuellement. Avant même que Superman Lives ne vienne au monde dans l’esprit de Jon Peters et de Kevin Smith, le Superman 2 de Richard Donner présentait un bel exemple de l’effacement du réalisateur derrière le studio détenteur de droits. Et, tandis que Batman part à la dérive avec deux suites aux premiers films de Tim Burton réalisés par un Joel Schumacher étrangement inspiré, Superman initie avant l’heure le principe du reboot, dans un projet qui gomme le visage angélique de Christopher Reeve de la « continuité » cinématographique, pour entamer un long développement chaotique, qui sera finalement avorté par la frilosité des studios. Difficile de ne pas voir dans Superman Lives un représentant avant-gardiste du cinéma moderne, tout en portant avec lui toutes les tares des films de super-héros à l’ancienne. Un projet ambitieux, critiquable (à bien des niveaux) mais assez proche dans ses idées des Batman de Burton, qui ont eux aussi, au fil des ans, beaucoup divisé.

the death of superman lives 1

La genèse du projet démarre lorsque les détenteurs des droits de l’Homme d’Acier décident qu’il est temps de passer après Superman III et IV et l’échec graduel de la licence à se réinventer. Le projet émane de Jon Peters, producteur aussi expérimenté que controversé. Le documentaire critique vivement le travail et la personnalité de cet homme qui,  bien des années plus tard, sera reconnu coupable de harcèlement sexuel sur le tournage de Superman Returns. Violent, fantasque, l’homme derrière les dernières adaptations en date de Superman (y compris Man of SteelPeters a opéré comme producteur exécutif) semble loin du fan de comics que peut représenter le scénariste chargé du projet, Kevin Smith. Peters ne connaît rien à Superman et semble plutôt intéressé par l’idée de réaliser un blockbuster dynamique, où s’entremêlent quelques idées étranges : un vilain arachnide, un affrontement entre Brainiac et une famille d’ours blancs, et un Superman qui ne vole pas. Smith s’arrange comme il peut de ces recommandations, tout en livrant un script gorgé de références au monde des comics, un caméo de Batman et une histoire raisonnablement inspiré du célèbre Death of Superman de Dan Jurgens et Louise Simonson. Remercié après l’arrivée de Tim Burton sur le projet, ce qui aurait pu être un film par un fan pour des fans commence déjà sa première réécriture.

Les détails s’enchaînent, le projet change de mains, et confié à des gens loin d’avoir la moindre connaissance dans le milieu des comic books, commence à ressembler à un immense point d’interrogation pour tout bon fan de Superman. Cette étrangeté s’étend aux choix de casting, quand le rôle de Clark Kent est confié à Nicolas Cage (dans un costume ô combien particulier) et celui de Brainiac à une liste possible entre Christopher Walken et Kevin Spacey. Burton s’entoure de la même équipe que sur les précédents Batman ou Edward aux Mains d’Argent. Le documentaire est passionnant pour quiconque s’intéresse au déroulement « backstage » de la réalisation d’un projet de cette envergure, depuis les premières étapes dans les ateliers des concept artists jusqu’à la confection en plusieurs étapes du costumes et les premiers tests d’effets spéciaux sur l’envol du Kryptonien. Un vrai travail de recherche réalisé par John Schnepp, auteur du projet, dont on peut saluer l’implication. Le récit n’omet aucune étape du développement, et tient à donner la parole à tous les acteurs du projet, qui ont l’occasion de donner leur version des faits. Le film s’accompagne également d’images de vieux long-métrages détaillant les inspirations de Burton et de ses équipes sur les designs ou décisions de scénarios alambiquées prises ça et là.

the death of superman lives 2

L’un des points forts de cette recherche réside par ailleurs dans la somme incroyable de concept arts retrouvés par Schnepp, illustrant ce qu’aurait du être le film à l’écran. On retrouve les inspirations classiques de Burton dans le cinéma d’horreur et de science fiction des années ’50. Impressionnant de constater la somme de travail réalisée par les équipes d’artistes autour du monde de Krypton, de Brainiac et de l’évolution de Superman au fil du scénario. La passion et le talent parviendraient presque à faire avaler certaines idées d’apparence étrange – comme ce Brainiac arachnéen qui dissimule sous sa cape ce qui sera, un jour, l’araignée de Wild Wild West lorsque Jon Peters prendra le contrôle du projet. Néanmoins, plus le documentaire avance, et plus on constate l’éloignement du film à la matière première de ce qu’est Superman : un héros de comics. A ce titre, le film se veut le témoin d’une époque à part, bien avant l’ère moderne où la fidélité semble être un critère pré-requis, même pour des héros méconnus. Caster Nicolas Cage en Clark Kent ? Pourquoi pas, on a bien confié le rôle de Peter Parker à Tobey Maguire, ça n’a empêché personne d’accrocher à la première trilogie. Pour tous ceux qui ont cru jusqu’à l’âge de quinze ans que le Joker s’appelait en fait Jack Nappier et qu’il était l’assassin des parents de Bruce, ce film sonne comme un rappel de la relation étonnante qu’entretenaient à l’époque comic books et adaptations. Loin d’être fidèles, les projets étaient, comme les romans dans certaines situations, confiés à des réalisateurs avec leur propre vision, qui traduisaient celle-ci en un rendu aux antipodes des oeuvres initiales. D’autres exemples sont à citer : le Watchmen de Terry Gilliam par exemple, ou le Spider-Man de David Fincher. Finalement, on ne retient de ces projets que les idées étranges qui les singularisent, et un soulagement de savoir que des films plus fidèles les ont remplacé.

 the death of superman lives 3

Néanmoins, chacun de ceux-ci avaient quelque chose à offrir et étaient peut-être davantage des projets menés par d’authentiques réalisateurs que la vague de films contemporains, qui sont d’abord des commandes de studios. Permettre à un artiste de donner sa vision d’un super-héros et de son univers, à l’instar des comic books et du bac à sable des elseworlds, plutôt que de se contenter d’adapter une somme de poncifs sur un personnage connu avec la seule plus-value du mouvement que le cinéma apporte à une BD, voilà la promesse de tous les Superman Lives tombés aux oubliettes, remplacés par des films plus fidèles, mais aussi plus « conformes » à des critères grand public et/ou à une pensée de studio plus qu’à un réel idéal artistique.

A sa façon, le documentaire ouvre sur ce constat, lorsqu’il détaille la fin du projet après sa deuxième réécriture. Après une succession d’échecs au box office au sein de la compagnie WarnerSuperman Lives est annulé, le studio n’étant apparemment pas convaincu de la viabilité économique du projet (ce malgré une promesse de budget très confortable). A quelques semaines du tournage, le film est torpillé. Peters trouve cette annulation incohérente : pourquoi ne pas faire confiance à Burton, dont la franchise Batman a été un succès retentissant au box office et en terme de produits dérivés ? Sur cette pensée, le reste du documentaire envisage ce qui aurait pu être. Un bon film ? Une trilogie ? Pas de Superman Returns à l’horizon ? Les costumes et le scénario déjà achevés ont d’ailleurs servi d’inspiration à Bryan Singer, assuré de prendre les bonnes décisions en s’éloignant de la route prise par Superman Lives. Sa démarche n’a cependant pas été couronnée de succès non plus, puisque le réalisateur, après avoir lui aussi tenté une approche plus personnelle, inspirée des films de Richard Donner en bon fan du héros en bleu, a ensuite été remercié et remplacé par Zack Snyder, ce malgré un succès au box office et accueil critique optimiste dans l’ensemble. Au moins, son film à lui est sorti.

En somme, Superman Lives est un bel exemple de l’inadéquation des super-héros et de l’industrie Hollywoodienne. Porté par un véritable travail de recherche par Schnepp, une richesse d’intervenants estimable, une folie de concept artists et une envie de rendre à ce projet – souvent moqué par les fans – la valeur et la somme de travail de ceux qui ont tenté de lui donner vie, le documentaire est un bon moment à passer pour qui s’intéresse aux curiosités du cinéma, ou aux adaptations des héros de Krypton. Deux points négatifs cependant, la mise en scène du réalisateur a parfois un rendu très amateur, ce qui ne serait pas gênant si le film ne coûtait pas quinze euros dans sa version digitale, c’est à dire sans DVD, Blu-Ray, bonus, scènes coupées etc. Ce qui est un peu cher, mais je suis persuadé que votre oncle qui vit aux états-unis vous fera une avance de plus sur les cadeaux de Noël. C’est dans ces moments là qu’on réalise à quel point c’est essentiel, la famille.

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Corentin

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4 Commentaires
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Rhyfel4815
Rhyfel4815
8 années il y a

Perso je suis quand même soulagé que ce film ne soit pas sorti, j’aime beaucoup Burton, sa filmo et sa vision, mais je pense que ça ne collait pas trop avec Superman, déjà qu’on reproche maintenant que Man of Steel avait une ambiance trop sombre, alors imaginez avec Burton. ^^
Ce film restera un des projets maudits du cinéma les plus intéressants au niveau des idées, mais intéressant ne veux pas forcément dire bon donc voilà. ^^

Who-am-I-?
Who-am-I-?
8 années il y a

le slip (ou string, je sais pas trop là), je le trouve ridicule

stingrayfell
stingrayfell
8 années il y a

Dans le dessin animé « Superman Doomsday », il y avait un clin d’œil sur le désaccord entre Kevin Smith et Jon Peters à propos du monstre mécanique arachnéen. C’est assez marrant quand on connaît cette histoire entre eux de voir cette scène lorsque Toyman attaque à bord d’une machine arachnéenne et qu’on voit un civil ressemblant bien à Kevin Smith faire une tête de désespéré, lol. Vous l’avez remarqué cette scène ?

Mocassin
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8 années il y a

Un truc est sur, c’est que Burton a un talent pour prendre des acteurs ne ressemblant pas à leur version papier !

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