Review TV – iZombie S01E13 « Blaine’s World »

« Trust me. We’re just getting started. » – Random rich bad guy

• iZombie Saison 01 – Épisode : 13 – Titre : Blaine’s World

• Réalisé par Michael Fields – Écrit par Rob Thomas – 9 juin 2015

Il y a quelques semaines s’achevait la série iZombie, ou tout du moins, sa première saison. Ce qui s’apparente encore aujourd’hui à une parodie pour ados d’un très bon comics indé. Un bilan plutôt optimiste s’était dégagé de ces treize épisodes, qui s’arrangeaient mieux des codes et clichés de la CW que d’autres aliénations super-héroïques. En dépouillant iZombie de sa substance initiale, l’adaptation offrait un produit formaté mais conforme aux normes en vigueur. Si vous êtes un habitué du petit écran, il  y  a des trucs à sauver. Problème, le final de cette saison est cette fois à la (faible) hauteur de ce pourquoi la chaîne a mauvaise réputation, et on regrette d’autant plus que le scénario soit signé Rob Thomas, le géniteur du projet, qui s’est arrangé comme il a pu pour conclure élégamment. A-t-il réussi ? C’est ce que nous allons essayer de savoir. Mais c’est non. La réponse. Voilà voilà.

Scénario sans enquête, ou presque, cet épisode présente la fin de la série et la conclusion de certains fils rouges de longue date. Major, Liv, Blaine, et le fondateur de Max Rager règlent leur compte, et concluent l’arc des cerveaux de l’astronautes (ça a l’air bizarre à dire, mais tout s’explique, rassurez vous). Commençons par le début : c’est vraiment très mal écrit. Connecter A avec B n’a jamais semblé aussi facile dans une enquête policière – même à la TV. Quelques lourdes incohérences se glissent dans le scénario, sans trop en détailler. L’origine du virus est discutable, et sonne presque comme une blague. Les dialogues ne sont pas non plus au niveau, faute à des personnages bâclés. Certains ne visent pas plus haut que le cliché (au rang des vilains, on fait très fort de ce côté), mal desservis par les choix de casting douteux. Un gros problème est aussi à retrouver dans la façon d’aborder la mort : à la manière de Heroes ou True Blood, se dégage ici un vieux sentiment de paresse scénaristique. Certains personnages meurent, puis reviennent, puis changent de statut dans la seconde. La caractérisation n’est pas non plus au sommet, et sorti de l’épisode, on regrette que celui-ci ait sacrifié l’écriture sympathique de ses héros à une fin de saison très typée CW. Beaucoup de romance et de mélodrame.

Ces détails mis à part, les acteurs ne sont pas non plus très présents. Ça maque d’envie, là où, pour une fois, la caméra y met du sien. L’épisode propose quelques tentatives amusantes dans les effets et la gestion de certaines scènes, pas toujours très abouties mais qui cherchent à varier de la routine habituelle du champ contre-champ. La scène de fusillade est plutôt louable dans ses intentions, et on regrette un peu que ce Drive low-cost doive se contenter des maigres ambitions de la série en terme de réalisation. L’effet est tout de même plaisant deux bonnes minutes. Pour en revenir aux acteurs, l’épisode est plombé par le temps d’écran laissé aux plus mauvais. Un jeune criminel en fuite, aussi sympathique qu’une tumeur au poumon, et le patron de la société de sodas, qui s’exprime au travers d’un jeu digne d’un vilain de film Gulli, achèvent d’abaisser un niveau général déjà rarement élevé. Pour les excuser, l’écriture n’aide pas.

Maintenant, pour contraster ce bilan, on peut avancer que la durée de la série a sans peut-être forcé les équipes à couper court. Les dernières minutes respirent le besoin de laisser le spectateur en suspens, avec un enchaîné d’événements sous forme de montage, pour distiller les pistes de la future saison. Sans remettre en cause les qualités de la série sur la base d’un seul épisode, je me bornerais à dire que c’est dommage, comme il est dommage que la chaîne garde la main sur la série, quand un autre network aurait sans doute pu permettre à Rob Thomas et ses équipes d’être plus créatifs. Parce que l’envie y est, sans aucun doute, et qu’il est désagréable de retrouver des personnages et situations vraiment semblables à d’autres séries de la CW. Parce que même si celle-ci a progressé depuis l’époque de Smallville, elle reste en 2015 un échappatoire au bon goût, pour les adolescents fans de romance et de séries avec des personnages qui leur ressemblent.

Alors, en définitive, que retenir de tout ça ? Que chacun se fera son avis, et son bilan personnel. Pour ma part, je me bornerais à dire qu’iZombie est, dans l’ensemble, une déception. Loin d’être une adaptation de l’esprit, des personnages ou de l’esthétique du comics de Chris Roberson ou Mike Allred, la série est une énième appropriation du Monstre de l’horreur par les médias adolescents. Il y a eu Twilight et Vampire Diaries, aujourd’hui il y a iZombie. Bien sur, on me répondra que c’est mieux fait, et que la série joue suffisamment avec l’humour et le second degré pour échapper à la malédiction de médiocrité des films de vampires de ces dernières années. Vous auriez raison, et si je félicite les équipes pour être parvenus à faire quelque chose d’agréable à regarder au final, reste que le résultat est à la hauteur d’une série CW, même dans le haut du panier.

Sans être le Warm Bodies du petit écran, sans être la relève de Buffy contre les Vampires, sans même adapter fidèlement une très bonne BD, iZombie est coincée dans une somme de contraintes propres au monde de la série TV. Le format de l’émission (en freak of the weak) est le premier indice de cette impression de projet complètement repensé pour devenir un produit, peuplé de personnages clichés et de situations déjà vues, pour au final présenter au public une série qu’il a déjà vue sur une autre chaîne à une autre époque. Réalisation bridée, acteurs rarement marquants, enquêtes banales, peu de choses sauvent iZombie en dehors de son origine comicbook. Problème, dans toutes les raisons pour lesquelles vous pourriez choisir de la regarder, celle-là n’en fait pas partie. Pour conclure : lisez le comics. Et je vais de ce pas aller adopter un rat. Parce que c’est trop mignon en fait, les rats.