Review VO – Batman #40

Les points positifs : Une conclusion plus réussie que celle de Death of the family De très beaux dessins, comme toujours. Les points négatifs : Le Joker de Snyder, toujours aussi mal caractérisé (même s’il plaît à certains). Un scénario digne d’une fan fiction adolescente Une fin dont les conséquences seront bientôt effacées, on ne me la fait pas…

« I’m just going to rest here a little while with my friend . » – Batman

• Scénario : Scott Snyder – Dessin : Greg Capullo  – Encrage : Danny Miki – Colorisation : FCO Plasciencia
  

• DC COMICS – Batman #40 – 29 avril 2015 – 40 pages – 4.99$

Ah, qu’elle était attendue cette conclusion de l’arc Endgame ! Nombreux sont ceux qui ont peur de voir arriver une fin écrite par Scott Snyder, tant celui-ci s’est illustré dans l’art du pétard mouillé (rappeler-vous de Death of the family et de son dernier épisode qui a fait grincer bien des dents…). Le scénariste s’est-il rattrapé sur ce numéro ? Parvient-il à mettre fin d’une façon satisfaisante à ce récit qui semble marquer la fin d’une grande époque pour le chevalier noir ? Eh bien, c’est, à mon humble avis, plus que discutable.

Replaçons un peu les choses dans leur contexte, dans le numéro précédent nous avions laissé Batman et ses alliés préparer le bataille finale contre le Joker et le cliffhanger se démarquait par son originalité : notre héros avait trouvé des renforts inattendus, à savoir une bonne partie des personnages emblématiques de sa rogue gallery, qui étaient prêts, eux aussi, à en découdre avec le clown prince du crime. C’est dire à quel point la némésis de l’homme chauve-souris a poussé le bouchon trop loin. À moins que ce soit Snyder qui ne le caractérise que d’une façon insupportable depuis le début de son run, en en faisant une sorte de démon surpuissant, suggérant même qu’il s’agit de l’incarnation de Barbatos.  Cet épisode nous est donc présenté comme la conclusion épique de cette saga, et l’affrontement sera dantesque.

A vrai dire, l’ensemble du numéro porte sur la confrontation entre Batman et le Joker et Snyder commet une erreur d’entrée de jeu, il ignore presque totalement les personnages qu’il venait de faire entrer en jeu à la fin du comic-book précédent. Certains prétexteront qu’il s’agit là d’une contrainte liée au format, puisque le scénariste ne dispose que de quelques dizaines de pages pour conclure son arc, mais c’est franchement mal joué, tant on a l’impression que le cliffhanger du trente-neuvième numéro était une sorte de fausse piste. Ceux qui s’attendaient à une immense bataille qui aurait pu faire la part belle aux capacités hors du commun des vilains et héros présents ici, le tout sublimé par le trait de Greg Capullo, seront irrémédiablement déçus. Ceux qui, au contraire, ne jurent que par le Joker et adhèrent à la « vision d’auteur » de Scott Snyder (qui en fait une sorte de croque-mitaine Freddy Krugeresque, ou quelque-chose du genre, voyez plutôt son look…) seront aux anges, mais soyons sérieux, modifier ainsi un méchant iconique de l’univers de Batman, c’est assez maladroit (je sais que je m’attire la foudre d’une horde de fanboys en écrivant ces lignes, mais je les assume pleinement).

Cela dit, le combat final est plutôt réussi, on a droit à un échange de coups plutôt violent et l’on sent que c’est du sérieux, la tension monte au fil des pages et l’on comprend mieux le titre « Endgame » en se rapprochant de plus en plus de l’ultime case de cet épisode. C’est très rythmé et l’on est bien loin de la mollesse du dernier numéro de Death of the family, c’est déjà ça.  Cependant, de nombreuses questions posées dans l’ensemble de cet arc ne sont toujours pas résolues (c’est un peu l’une des spécialités de Scott Snyder, pensez un peu à Lincoln March…) et le script a des allures de fan fictions écrite par un fanboy du Joker, qui voit en ce personnage l’incarnation même de la folie et du crime dans Gotham. Et que dire de cette fin peu originale ? Niveau cliché, on ne fait pas pire, et après les dernières informations tombées sur le « Bat-robot façon Briareos Hecatonchires d’Appleseed », on avait tous plus ou moins deviné ce qui allait se passer ici. Le statu quo se verra ainsi modifié, peut-être jusqu’à la sortie de Batman V Superman : Dawn of Justice (je ne me ferai jamais à ce titre…) qui attirera probablement pas mal de monde vers les comicshops, ce qui annonce un retour « à la normale » pour le caped crusader. Bonjour la fausse prise de risque.

Heureusement, le travail de Greg Capullo, appuyé par l’encrage impeccable de Danny Miki et les couleurs de FCO Plascencia, est toujours d’aussi bonne facture et tire le comic-book vers le haut, le choix de cet artiste pour illustrer la série Batman est probablement l’une des meilleures décisions prises sur le titre depuis quelques années, et il est vrai que l’affrontement final entre les deux rivaux est plutôt agréable à regarder grâce au travail du dessinateur et de ses deux artistes associés. Notons aussi la beauté des pages qui ouvrent l’issue, qui nous montrent une bonne partie du casting de la série, et qui demeurent très impressionnantes, justifiant presque à elles seules l’achat du numéro.

Endgame se conclut donc en demi-teinte, d’un côté, on peut se satisfaire du fait que sa fin est plus réussie que celles d’autres arc du même auteur, qui tend à peiner dans cet exercice, mais de l’autre on pourra regretter le manque d’ambition de ce script qui fait beaucoup penser à une fan-fiction un peu malheureuse, tant elle brille par son manque d’originalité et son incroyable violence qui pourrait nous faire croire qu’elle sort d’un esprit adolescent qui a trop passé de temps devant une borne de Mortal Kombat dans les années 90. Mais j’imagine que ça doit plaire à une bonne partie du public, avide d’ambiances grim & gritty peu subtiles et de litres de sang versés pour le fun. J’avoue qu’on s’y laisse prendre facilement, en déposant gentiment son cerveau avant d’entamer la lecture de ce Batman #40, mais, personnellement, ce n’est pas pour cette raison que je lis des comics.