Review VF – Superman Saga #15

Les points positifs : Un super Superman/Wonder Woman Annual en guise de bouquet final ! Un numéro de bonne qualité. Les points négatifs : Batman/Superman encore un peu faible. Une scène assez bizarre avec Lois dans Superman/Wonder Woman #10

C’est un Superman en bien meilleure forme que nous avions quitté le mois dernier, grâce à l’apport de la nouvelle équipe sur Superman et à l’event Doomed qui touche Action Comics et Superman/Wonder Woman (dont nous découvrons le premier Annual), tandis que Batman/Superman semblait stagner. En sera-t-il de même ce mois-ci ? Voici l’analyse de ce numéro qui coûte 5 euros 60.

Superman #33

• Scénario : Geoff Johns – Dessins : GJohn Romita Jr – Colorisation: Laura Martin

Le fan de comics moyen n’adhère pas toujours au style de John Romita Jr. Pourtant, si le dessinateur est loin d’être à son meilleur niveau, on aurait tort de lui tenir rigueur de son trait et passer ainsi à côté de cet arc de Superman par Geoff Johns, franchement plaisant. Habitué du personnage, le scénariste développe un récit simple et décompressé très appréciable, qui se lit tout seul et s’enchaîne avec plaisir. Pas un grand récit – entendons nous bien – mais simplement une bonne histoire, avec ce qu’il faut d’enjeux et de petites idées pour rester accroché.

Dans cette optique, le trait de Romita colle plutôt bien : sans ambages, sans détails, sans immenses envolées, un dessin simple qui ne cherche rien d’autre que de raconter son histoire, sans s’embarrasser d’effets de style pesants qui ne colleraient de toute façon pas au trait de l’artiste. Reste évidemment que vous n’accrocherez pas, si le Romita post-Man Without Fear n’est décidément pas votre tasse de thé. Dans l’ensemble, on est tout de même content de cette petite rampe de lancement offerte à la série Superman, qui prendra à la suite de cet arc un nouveau tournant.

Soyons francs, le style de John Romita Jr. a toujours divisé, et il n’y a aucune raison pour qu’il fasse cette fois l’unanimité. Personnellement, je suis assez client, bien que l’on ne soit clairement pas en présence de son meilleur travail. Le scénario de Geoff Johns est simple mais efficace et se permet de pousser un peu plus la comparaison entre Ulysse et Superman, tout en s’attachant davantage à leurs “identités secrètes” respectives. C’est aussi l’occasion pour le scénariste de revenir au Daily Planet, qu’il affectionne particulièrement.

Cependant, cet arc ne changera pas radicalement le personnage de Superman, tant son écriture est classique et ne cherche pas particulièrement à innover. Reste une histoire sympathique, finalement assez peu ambitieuse mais qui se lit très facilement. Notons toutefois un cliffhanger bien réussi, qui parvient à créer l’attente pour le prochain numéro.

Batman/Superman #13

• Scénario : Greg Pak– Dessins: Jae Lee – Colorisation : June Chung

Dans la série des what if, un grand classique ce mois-ci pour Batman/Superman #13 : le super-héros amnésique. Batman et Superman ont perdu leurs souvenirs, et se retrouvent confrontés aux mystères de leurs propres identités, à savoir un surhomme et un type en costume de chauve-souris. Une écriture un peu paresseuse, un peu facile, mais qui se retrouve assez bien dans ce pitch. On regrette pour le moment que ça n’aille pas un peu plus loin, même si quelques moments font sourire, le récit reste assez basique dans l’ensemble.

Le problème de la série, sur ce numéro et les autres, tient de sa difficulté à poser des enjeux réels ou d’impliquer davantage ses héros, trop à part dans les familles des séries Batman et Superman, et trop à part du reste du DC-Verse pour proposer autre chose, mois après mois, que des schémas de situation et pas de vrais arcs inventifs. Jae Lee signe un joli travail encore une fois, une Gotham City plus grise que noire et le soin du détail qui le caractérise. Le seul problème du dessinateur tient dans son irrégularité, et de la difficulté d’un autre artiste à passer derrière, comme ça s’est vu sur les numéros précédents.

Franchement, quand on pense à un pitch pourri, on fait difficilement pire que celui-ci : Batman et Superman se retrouvent totalement amnésiques et cherchent à comprendre qui ils sont. Cette histoire est d’une incroyable facilité et c’est donc à un numéro peu ambitieux que nous avons affaire. Ajoutons à cela que ce numéro n’a en fait aucun enjeu et que l’on se demande vraiment où veut en venir le scénariste.

Mais ne soyons pas mauvaises langues, certains gags fonctionnent assez bien et il faut avouer que c’est une lecture qui peut faire sourire. Graphiquement, c’est très solide et Jae Lee signe un excellent travail, qui rend justice à ses personnages, notamment à ceux issus du Bat-verse, ainsi qu’à la ville de Gotham.

Action Comics #33

• Scénario : Greg Pak– Dessins : Aaron Kuder – Colorisation: Wil Quintana

Suite du crossover Doomed. On rejoint Steel et Lana Lane qui cherchent une solution au problème de taille contraignant Superman à l’exil. Celui-ci est en effet infecté par le virus Doomsday, qui fait de lui un monstre dangereux, qui a beaucoup de mal à se contrôler. Sa cousine, Kara Zor-El, fraîchement devenue une Red Lantern, tentera elle aussi de remédier au pouvoir du kryptonien.

L’histoire est assez bien écrite et l’on a droit à quelques scènes d’action assez réussies. On regrettera cependant le côté répétitif de ce crossover, puisqu’on a une fois de plus droit aux lamentations de Kal-El qui ne sait pas ce qu’il va devenir et à la lutte intérieure que l’on a déjà vue dans … tous les épisodes précédents liés à cette histoire. L’épisode reste cependant parfaitement lisible et très sympathique, et le scénariste prend le temps de développer un peu les personnages de Steel et de Lana, qui sont tout à fait agréables.

Steel et Lana s’arment dans l’idée d’aller à la rencontre de la flotte extraterrestre qui approche, car oui, en plus d’avoir une armure cool, Steel à un vaisseau dans son jardin ! Pendant ce temps-là, Superdoom (ouais c’est bizarre) laisse libre cours à sa fureur sur les bons conseils de sa cousine Supergirl qui, je le rappelle, est dans sa période rouge (n’allez pas chercher de sous-entendu sexiste là-dessous !).

Une histoire qui se poursuit agréablement et qui prend le temps de mettre en avant Lana et Steel et de s’attarder sur le combat intérieur de Clark, c’est un peu moins bourrin et ça fait plaisir. Côté dessin Aaron Kuder fait le minimum syndical avec des dessins assez moyens. Les cases sont assez vides, les visages parfois ratés, c’est pas fantastique sans être d’une laideur absolue.

Ce bon numéro confirme ma bonne opinion de cet event, qui est parti prenante de regain de vigueur des séries basées sur le Kryptonien.

Superman/Wonder Woman #10

• Scénario : Charles Soule – Dessins : Paulo Siqueira, Pascal Alixe – Colorisation: Hi-Fi

Suite du crossover Doomed, notre héros doit empêcher l’invasion de Brainiac alors qu’il est toujours en proie au virus Doomsday. Le numéro est assez correct, même si le rôle de Wonder Woman est assez réduit (elle sert un peu de potiche, et les dessins renforcent clairement cette idée, vous verrez aisément pourquoi). Le scénario est bourré de clichés et je me demande vraiment pourquoi il a fallu parler de Lois et de Metal Zero ici. Cet élément arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et s’éloigne totalement du sujet principal du crossover.

C’est une sorte de blockbuster un peu fouillis que représente cet épisode qui nous conduit vers le combat final. Heureusement, on a ici droit à la partie la plus faible de l’histoire, puisque la suite est de bien meilleure facture. On appréciera toutefois la présence de la Justice League, assez bien utilisée, ce qui nous évite l’écueil habituel de confronter un héros seul à son problème, comme le font trop souvent certains auteurs dont je tairai les noms (eh ouais, je ne cherche pas l’embrouille).

Le récit de Superman Doomed se poursuit, et approche de sa conclusion. Il devient difficile d’écrire une critique de ce numéro en tant que single, tant la continuité et les péripéties de l’événement sont à ce point connectées qu’elles se découvrent comme un long TPB presque artificiellement morcelé par sa parution VO. Ici, vous avez la chance de découvrir ce numéro et l’Annual de Superman/Wonder Woman, au point culminant où Clark doit retourner sur Terre arrêter l’invasion de Brainiac.

Le numéro est bon, très bon même, malgré quelques errances au niveau du dessin (un peu de réutilisation, et Wonder Woman s’est fait poser des implants. Parce que le Dieu de la Guerre doit avoir des roploplos, je sais pas, je sais pas !), la qualité est vraiment présente. Ce n’est pas franchement original, on voit tout venir à trois kilomètres – en même temps, ceux qui s’attendaient à ce que l’histoire s’achève sur une refonte totale du statu quo rêvaient sans doute trop grand – mais en tant qu’arc apposé aux différentes têtes de la Super-family, Doomed est vraiment une franche réussite. Chaque passage est bien employé, que ce soit du côté de Steel, des dialogues intérieurs de Clark et Superdoom au reste de la Justice League. Petit reproche, Loïs et son copain robot, mais ça amène un peu de variété au reste, donc on a rien vu. Les dessins sont tops, beaux, très codifiés par la mise en scène grandiloquente qui veut que le combat final soit en chemin.

En fait, c’est vraiment très bien. Mais attendez de lire la suite, ça devient encore meilleur.

Superman/Wonder Woman Annual #1

• Scénario : Charles Soule – Dessins : Ed Benes, Tony Daniel, Pascal Alixe, Cliff Richards, Jack Herbert – Colorisation: Jeromy Cox

Après un numéro assez étrange, l’Event continue avec l’affrontement entre Cyborg Superman et Superdoom. Évidemment, au vu de la puissance à sa disposition, il tourne assez vite à l’avantage de ce dernier. Celui-ci se trouve alors devant un dilemme, doit-il retourner sur Terre prêter main forte à la Justice League pour repousser l’invasion et prendre le risque de perdre le contrôle à cause des vapeurs de Kryptonite ou les laisser en plan et trahir ses idéaux ?

Voilà un super numéro, celui qui donne un bon coup de boost à un event assez bon mais parfois plan-plan, et l’action n’en est pas la seule cause, l’intelligence du scénario de Charles Soule y est aussi pour beaucoup et le côté spectaculaire est renforcé par les dessins, fait à huit mains, totalement cohérents malgré le nombre d’intervenants, beaux, bien colorisés où Wonder Woman gagne même le grade de sex symbol avec une représentation très sexy sans être vulgaire.

Beau , bien écrit, bref, ce numéro est idéal pour clôturer le magazine de la meilleure des façons même si le fait de ne pas avoir toutes les clefs de la résolution d’une partie des problèmes de Kent est un peu frustrant, mais on nous l’annonce pour le mois prochain alors, wait and see…

C’est presque fini ! Et tous les clichés sont là : revenu sur Terre, Superman doit se dépasser et surmonter son double maléfique, pendant que l’armée extraterrestre affronte la Justice League et que Brainiac est en chemin. Ce n’est pas original ? Et alors : c’est cool quand même.

Un bon gros film d’action, sans ellipses ou humour forcé, qui fait tout péter au travers de sublimes découpages et de splash pages somptueuses, avec un bon rythme et une interaction réussie entre les différents personnages suivis au cours de l’évent. On peut difficilement ajouter quoi que ce soit ou approfondir l’avis à la lecture, tant le constat est clair est simple.

Un bon arc de Superman avec des combats et des explosions à la fin (plus un bonus dans les dernières pages, surtout ne zappez pas), bien dessiné et bien raconté, par une équipe motivée et un Superman plus intéressant que dans les années 90. La preuve que les New 52 peuvent recycler ET faire les choses bien.