Review VO – Superman: Earth One Vol.3

Les points positifs : La caractérisation de Clark Kent Les scènes « intimistes » Une ambiance sombre assez réussie Les points négatifs : Trop proche d’un Man of Steel Un scénario peu inspiré Des scènes d’action un peu molles

« Doesn’t matter what planet they come from, men are so freaking dense. » –Lisa Lasalle

• Scénario : J.M Straczynski – Dessins : Ardian Syaf – Encrage : Sandra Hope – Couleurs : Barbara Ciardo

• DC Comics – Superman: Earth One Vol.3 –  04 février 2015 – 128 pages – 26,99$

Après deux tomes plutôt corrects, la série Superman: Earth One se poursuit dans les pages de ce troisième graphic novel, qui nous narre les aventures de cette version alternative de l’homme d’acier, qui porte encore le fameux slip rouge au dessus de son collant. J Michael Straczynski et Ardian Syaf nous proposent donc de retrouver ce jeune Clark Kent dans une Metropolis qu’ils veulent plus « réaliste » que sa version classique, et dans une histoire au ton bien plus proche de ce que nous proposait Zack Snyder dans son Man of Steel que de la série régulière écrite par Geoff Johns. On avait vu, dans ses précédentes aventures, Kal-El affronter des menaces relativement mineures, mais cette fois-ci, c’est au couple Luthor (eh ouais, on nous les montrait à la fin du second volume) et à Zod que notre héros sera confronté.

L’histoire est simple, après les événements des deux premiers tomes, le monde se méfie de Superman, et certains se demandent s’il est un héros ou une menace (oui, j’emprunte la formule à J.Jonah Jameson). De ce fait, Lex et Alexandra Luthor, aussi connus sous le surnom de « Lex² » décident de collaborer avec l’armée afin de se débarrasser de cet alien, ce qui est bien évidemment la priorité de certains gradés, qui sont un peu xénophobes sur les bords. Pour ne rien simplifier, l’on découvre que notre héros n’est pas le seul à avoir survécu à la destruction de Krypton, et qu’un autre membre de son peuple a survécu, en la personne de Zod, ennemi iconique s’il en est. Evidemment, le scénariste nous propose un récit qui met à rude épreuve notre héros mais rien n’est surprenant. Il parvient à moderniser l’histoire de Superman d’une façon habile, mais qui s’avère finalement être très classique, voire académique.

En effet, en dépit de quelques bonnes idées comme le « Super-signal » que Lois active sur le toit du Daily Planet pour attirer Superman, tout semble avoir été déjà vu dans des comics récents, ou dans le film de Zack Snyder. Les combats dans une zone urbaine résolument sombres sont d’un classicisme sans nom et, passé l’effet de surprise, le couple « Lex² » n’est rien d’autre que les deux facettes du Lex Luthor classique séparées en deux, l’un étant bien plus modéré que l’autre, tout en incarnant chacun parfaitement les figures du scientifique fou et de l’homme d’affaires. Straczynski a un peu manqué d’audace sur la trame principale de l’album, ce qui fait de celui-ci, à mon sens, une petite déception. On est cependant très loin d’être en face d’un désastre, car l’auteur parvient à donner de l’intérêt à son récit grâce au traitement de son personnage principal. En effet, c’est un Clark Kent très humain que l’on nous montre ici, et la caractérisation du protagoniste fait mouche. On est facilement touché par la sensibilité du héros et sa relation avec sa voisine, Lisa, est assez intéressante. Certes, ça relève un peu du cliché de « la pauvre fille perdue dans le monde moderne et sa société corrompue » qui trouve refuge chez son voisin moralement irréprochable, incarnant la perfection morale en blue jeans et en chemise à carreaux. Mais c’est de Clark Kent que l’on parle, et c’est comme ça qu’on aime ce dernier.

Cette humanité du personnage devrait d’ailleurs être placée au centre du récit, mais cet aspect est largement plombé par des scènes d’action assez peu réussies, qui semblent tout droit sorties d’un blockbuster hollywoodien. Ces différentes phases sont peu inspirées et l’on a notamment droit à un sauvetage de voitures qui tombent d’un pont, ce que l’on a beaucoup trop vu sur grand écran ces dernières années… Straczynski s’avère bien plus efficace dans les scènes intimistes, où l’on voit Clark parler à sa mère ou à Lisa, que lorsqu’il s’essaie aux scènes les plus grandiloquentes. Il en va de même pour Ardian Syaf qui semble avoir un peu de mal à dynamiser les combats, alors qu’il traduit assez bien les sentiments des personnages via leurs expressions faciales lors des dialogues. Dans l’ensemble, l’album reste très joli et l’on ne se plaindra pas de son aspect graphique, qui demeure tout à fait acceptable et reste au niveau de ce que l’on avait pu voir dans les volumes précédents.

C’est donc un graphic novel en demi-teinte que ce Superman : Earth  One volume 3, qui, en dépit d’un très bon développement de son personnage principal, tombe un peu à plat tant il ne propose rien de révolutionnaire. On a l’impression d’avoir déjà vu ce que nous propose ici J Michael Straczynski et l’on sait le scénariste capable de bien mieux. Cependant, il serait totalement injuste de descendre cet album qui comporte quelques bonnes idées et dont les conséquences sont assez importantes pour que l’on puisse espérer une suite bien meilleure. Le problème, c’est qu’il faudra encore attendre plusieurs mois (années ?) avant d’avoir le prochain album entre les mains. On est donc en présence d’un album de transition, qui nous montre son héros devenir un peu plus adulte, dommage qu’il ne s’agisse pas d’une série régulière à l’instar de la gamme Ultimate de la maison concurrente, car certains fans se sentiront lésés d’avoir attendu pour ne lire qu’un simple arc transitoire.