[Review VO] Klarion #1

Les points positifs : Des planches magnifiques et hypnotiques ! Une histoire intrigante Deux clans bien travaillés De superbes designs de personnages Les points négatifs : Peut-être un peu trop d’informations d’un coup ?

« The multiverse is awesome. An infinity of choice. » – Klarion 

• Scénario : Ann Nocenti – Dessins : Trevor McCarthy – Couleurs : Guy Major  – Couverture : Trevor McCarthy, Frazer Irving

• DC COMICS  – Klarion#1 – 8 octobre 2014 – 32 pages –  $2.99

Klarion a enfin sa propre série chez les New 52, et c’est un plaisir de le retrouver. Pas seulement en simple apparition, mais bien en tant que personnage principal de la série. Maintenant, les noms Ann Nocenti et Trevor McCarthy me faisaient un petit peu peur, et les informations lâchées lors des interviews avec entre autres un combat entre sorciers et technologie ne me rassuraient pas du tout. C’est donc avec pas mal d’appréhension que j’ai abordé ce titre. Mais bon, nous voici le jour J, alors on met ses a priori de côté et on lit. Les a priori ne sont pas les seuls qui ont été mis de côté, car j’ai aussi mis dans un petit tiroir au fond de ma tête l’oeuvre de Grant Morrison sur le personnage de Klarion dans Seven Soldiers of Victory, histoire de ne pas me dire au fil de la lecture « avant ce n’était pas comme ça ». Quand des séries ne sont pas liées mais gardent le même personnages central j’aime essayer de déconnecter au maximum afin de profiter de la nouvelle lecture sans être dans une constante comparaison qui nuit du coup à la qualité finale, sauf si le nouveau titre surclasse l’ancien. Bon ici, on a du Ann Nocenti face à Grant Morrison alors il valait vraiment mieux ne pas partir sur une comparaison.

Le numéro pourrait commencer d’une manière assez classique, et si côté histoire, on commence effectivement de façon assez classique, les planches de Trevor McCarthy et Guy Major viennent de suite nous en mettre plein les yeux, histoire de nous secouer un petit peu d’entrée ! C’est beau, c’est entêtant, c’est coloré et hypnotique. On y découvre un jeune sorcier, qui cherche un nouvel endroit où s’épanouir à travers une fresque dont la composition n’est pas sans rappeler le travail de J.H. Williams III, et je dirais même que McCarthy a été très inspiré par le maître Williams tout au long des pages. Il n’y a pas vraiment de construction classique sur les planches avec des cases bien définies qui délimitent bien une action particulière. Ici les personnages sortent volontiers des cases lorsqu’elles sont classiques, de la magie dans un carré n’aurait définitivement pas le même effet. Ann Nocenti avait prévenu que McCarthy se donnait à fond et qu’elle était très fière du résultat, et bien elle peut l’être. C’est vraiment éclatant alors que j’ai d’habitude du mal avec les dessins de McCarthy.

La madame Nocenti qui s’occupe du scénario s’en sort plutôt assez bien aussi, il faut le dire. Après les quelques écarts désagréables qu’elle a infligé à Catwoman, ici elle semble se faire plaisir en livrant du gros n’importe quoi mais qui n’est pas tellement du n’importe quoi. On retrouve clairement d’entrée de jeu les deux clans qui s’affronteront au fil de la série : le clan des sorciers et celui de la technologie. Sauf que, le clan des sorciers semble avoir une solide histoire assez complexe derrière, il semble placer de grands espoirs en Klarion et cette histoire bien travaillée peut conduire à de grandes choses. Côté clan de la technologie, ce n’est pas juste des robots ou juste des gens qui maîtrisent les ordinateurs, c’est bien plus que ça. Ici aussi l’histoire semble plutôt complexe. En fait, Ann Nocenti semble se faire plaisir en mélangeant créatures somptueusement malsaines, sorciers et technologie. Je ne pensais pas dire ça, mais je pense qu’elle est peut-être faite pour écrire ce genre d’histoire. Une histoire libre, un personnage qui offre une multitude de possibilités par rapport à Catwoman qui impose certaines contraintes aux scénaristes. Du coup, en quelques pages, la madame Nocenti a su me faire changer d’avis sur son écriture et m’a fait accrocher à l’histoire.

Bon, le visuel on y est passé dessus, un visuel très beau avec de belles couleurs tout ça, l’histoire est elle aussi une réussite. Mais du coup, il y a quand même quelques défauts, car sinon le numéro serait un sans faute total. En fait, là où le numéro me laisse un peu pantoise, c’est qu’on se retrouve face à une histoire maîtrisée et riche, mais peut-être un peu trop. On rencontre une multitude de personnages, ils ont tous l’air d’avoir de sacrées histoires derrière eux, et nous au final on peinerait presque à retenir les noms. On comprend l’essentiel, bien que certains personnages semblent avoir un rôle assez ambigu et il est difficile de les placer d’un côté ou de l’autre de la balance qui s’établit au fil des pages. Du coup, c’est dommage d’avoir trop d’informations dans cette introduction. J’ai peur de me retrouver à devoir me rafraîchir la mémoire lors de la lecture du second numéro. Après, il n’y en a pas tant que ça non plus, mais pour un premier numéro, je trouve que c’est légèrement indigeste. Comme quand on a bien mangé mais qu’on se rend compte qu’on y est quand même allé un peu trop fort avec une certaine lourdeur sur l’estomac. C’était bon, mais un tout petit peu trop riche. (Cette métaphore me vient probablement car il y a en fond une certaine émission de pâtisserie à la télé donc ne m’en veuillez pas trop).

Klarion #1 a le mérite d’être beau, coloré, bien écrit, on discerne déjà quelques traits de caractère particuliers et les affrontements qui se préparent vont se jouer sur plusieurs tableaux avec Klarion en pièce maîtresse du jeu. C’est très intéressant et j’ai vraiment hâte de découvrir la suite des aventures de ce petit sorcier, ni bon, ni mauvais, qui veut juste s’épanouir ailleurs que chez lui. Que vous connaissiez le personnage ou non, c’est très sympathique comme approche, et pour aller plus loin, je dirais même que le ton se rapprocherait plus de celui rencontré chez Vertigo que chez DC. Un bon compromis entre New 52, sorcellerie, créatures et technologie !