[Review VO] Vertigo Quarterly : Cyan

Vertigo Quarterly Cyan #1
Les points positifs :
  • Plein de genres visités.
  • Le concept du livre qui se transforme en jeu.
  • Des histoires assez fortes…
Les points négatifs :
  • … et d’autres beaucoup moins.
  • De la répétition dans les thèmes.

« Murder isn’t really my thing. But art ? I live for it. »


  • Scénario : tout plein de gens, détail en dessous… – Dessins : pareil… – CouvertureJared K. Fletcher


En voici un titre original ! Pour vous représenter un peu le concept, Vertigo propose à partir de ce mois, une série de quatre one-shots basés sur une couleur bien spécifique (une couleur pour chaque numéro : Cyan, Magenta, Yellow, Black). Cette couleur, en plus d’habiller la couverture, sert de point d’entrée aux auteurs pour raconter une histoire. Elle les inspire d’une certaines manière, que cela soit pour un élément clé de l’histoire qui porte cette couleur, que cela soit juste d’un point de vue graphique avec ce cyan qui habille toutes les pages, ou simplement une humeur… là j’ai l’impression de vous traduire un peu le texte des sollicitations, mais c’est ce que c’est ! Je vais passer en revue toute les petites histoires du one-shot, sachant que comme vous le verrez, elles ne sont pas toutes d’un même niveau de qualité, mais il s’agira je pense ici, avant tout d’une question de sensibilité. L’intérêt du livre, c’est avant tout de chercher le lien avec la couleur, parfois c’est évident, d’autre fois, cela l’est moins. Difficile de faire la review s’en évoquer le lien avec cette même couleur, je vous invite donc à lire le titre avant afin de profiter de ce petit jeu, même si en soi, je ne spoile pas les intrigues, si ce n’est les premières pages, comme d’habitude. C’est parti !

Serial Artist (par Shaun Simon, Tony Atkins et Andrew Dalhouse)

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Cette première histoire donne le ton de ce que sera l’ensemble du livre (à peu de choses près). Une ambiance très froide, voire glacial. Inutile de vous donner le rapport avec la couleur du cyan, qui représente bien souvent la glace, dans les dessins. Même si ce n’est pas forcément le cas ici. La première planche de l’histoire est assez glauque, mais avec de beaux dessins de Tony Atkins. Rapidement, on suit l’histoire d’une jeune femme qui mélange meurtre et art. Charmant, tout à fait charmant. Nous la suivons dans sa vie quotidienne, avec son amant qui est au courant de l’histoire. Les meurtres leurs servent à se faire de l’argent, puisqu’ils s’occupent des funérailles des gens tués… Pas de police, pas d’affaire, juste cette femme, troublante, déstabilisante. La fin est un peu abrupte, et nous sort un peu du récit, comme d’un cauchemar glacial. Je ne sais pas trop encore si c’est une bonne ou une mauvaise chose. L’ensemble est bien dépeint, et il est très facile de voir ce qu’a inspiré ce bleu pour les auteurs, assez présent en filigrane dans les pages, en dehors des bulles de dialogues bien évidentes, on a quelques détails bien marquants que je ne vous citerai pas mais qui font mouche. C’est d’ailleurs assez amusant de voir ce qui est « souligné » en bleu, je pense que le coloriste Andrew Dalhouse s’est bien amusé aussi.

918 (par Joe Keatinge et Ken Garing)

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Cette deuxième histoire nous met du bleu plein la vue ! Et reste l’une de mes préférées, sans doute pour son contexte assez spécial. On change totalement de registre puisqu’on est en plein science-fiction slash space opera, avec ces êtres divers et variés qui vivent sur un genre de station spatiale (que vous voyez ci-dessus, oui c’est bleu hein ?). L’espace, les aliens, la station, tout est bleu ici. Le héros est triste, désemparé, il vient de se faire plaquer par son amie alien qui ressemble à un blob ambulant. Oui, il faut avoir l’esprit ouvert. Le mélange des espèces n’est vraisemblablement pas un problème dans l’univers dépeint ici. Les auteurs s’amusent avec les couleurs et les « perspectives » perçues par le personnage (un peu de drogue ça aide, peut-être que le personnage n’est pas le seul a en avoir pris d’ailleurs), le tout se déroulant vers un destin, là aussi, plus qu’inattendu. La chute, dans ces petites histoires, c’est vraiment (parfois) la petite cerise sur le gâteau, la plupart du temps comme pour rappeler que la teinte du livre, c’est aussi le frisson désagréable qu’on ressent en fin de soirée, quand le froid s’abat sur nous… Même s’il s’agit là d’un tout autre genre de froid…

Blue Sundae (par Lee Garbett, Jock et Lee Loughridge)

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Troisième histoire qui va nettement changer de cadre là aussi et aussi changer d’inspiration pour la couleur. Moins portée sur des concepts émotionnels, la couleur joue un rôle dans l’histoire de manière assez subtile, en plus d’en éclairer la scène ! On passe à du fantastique cette fois, avec deux types qui se font appeler « les hommes de glace », mais glace comme « ice cream », pour chasser des monstres dans la nuit froide (vous noterez aussi le jeu de mots avec le titre de l’oeuvre). Oui, vous l’aurez compris, ça n’a aucun sens mais le cyan intervient encore à plusieurs niveaux, mais englobe là aussi l’ambiance de manière plus directe via la couleur de la lune qui illumine l’ensemble (l’histoire s’ouvre là dessus). C’est assez fun, assez basé sur l’action (la chasse aux monstres ça rigole pas), et pour la première fois, le glauque n’est pas de mise ici et ça fait du bien. J’avais un peu peur qu’on finisse par tourner en rond, mais cette histoire exploite d’autres choses, et c’est plaisant. Les dessins de Jock ne sont pas vraiment ce à quoi nous avons l’habitude, ici le bleu doit dominer, et donc le coloriste est omniprésent sur les planches, rongeant l’encrage habituel du dessinateur. Mais le tout rend très bien.

So Blue (par Amy Chu, Alitha Martinez et Tom Chu)

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Cette histoire m’a moins touché, sans doute parce que je ne me sens moins concerné, et que je trouve l’intrigue un peu futile, même si le jeu du lien à la couleur reste sympathique mais un peu trop simple là aussi. On suit une star assez âgée qui doit s’associer avec une starlette très en vogue (et ça fait vaguement penser au pitch d’une série musicale un peu niaise qui est diffusé en ce moment aux US, Nashville). Jalousie et compromis sont les maitres mots de l’intrigue, même si la jalousie va prédominer. Je ne suis pas très touché par tout ça, et en dehors des teintes de bleu qui parcourent l’histoire, je ne relie pas vraiment cette couleur aux sentiments qui y sont exposés, même si la jalousie peut avoir un certain aspect froid comme démontré ici. C’est moins inspiré je trouve, anecdotique. On passera vite sur cette intrigue, même si les dessins sont très honnêtes et que comme dit plus haut, les couleurs ont leur importance.

Much Ado About Nothing (Monty Nero et Al Davidson)

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Sans doute l’histoire la plus étrange du bouquin. On retourne un peu à de la science-fiction pour le coup, avec une pointe de film catastrophe. Personnellement, les maths et les numéros ne m’évoquent pas vraiment la couleur bleue, mais il faut dire aussi que j’ai toujours eu un problème avec les maths, trop abstrait. Cependant, l’histoire en soit est assez amusante, bien qu’un peu obscure pour en comprendre tous les détails, mais l’image est assez forte. Le tout est en noir et blanc pour commencer, avec les bulles de dialogues en bleu et quelques éléments du décor qui ressortent aussi en bleu, des chiffres la plupart du temps. Chaque page présente un chiffre et… Non, je vous laisse découvrir ça, c’est rigolo, d’ailleurs je suis tellement peu attentif que je ne l’ai vu qu’après coup, mais ça laisse un peu deviner la fin de l’histoire ! Ca parle de chiffre, d’équation, et de nombres intelligents qui prennent le pouvoir ! Et c’est complètement bizarre et fou ! C’est pas spécialement beau, mais la mise en scène est tellement spéciale que ça vaut le coup d’oeil. Le lien avec le cyan est assez subtil (peut-être trop), même si la couleur est évoquée directement dans l’histoire, au final, si on rattache ça à un thème déjà vu (et revu) dans le bouquin, ça prend son sens. Une histoire qui fera je pense plaisir aux matheux ! Il en faut…

Rebolt (Cris Peter et Ana Koehler)

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Et maintenant, un peu de steampunk, ça vous tente ? Oui, la valse des époques et des genres continuent ! Première chose qui saute aux yeux, c’est que le cyan est quasiment absent de ces pages, en dehors de quelques éléments qui arriveront un peu plus tard et qui ont cependant une forte symbolique, qui parlera je pense aux connaisseurs de l’univers des Green Lantern. C’est bon, je viens de vous dévoiler le truc, ne comptez pas sur moi pour dire le mot ! Ca change carrément de ton de tout ce qu’on pu lire jusqu’ici (même si il y a toujours un thème qui revient un peu tout le temps mais on y reviendra dans la conclusion, et ce n’est pas central ici), et cela brise avec la monotonie qu’aurait pu prendre l’ensemble du livre (même si l’histoire précédente la brisait bien aussi). On suit des ouvrières dans une fabrique de charbon, qui se plaignent de leurs conditions de travail. Un nouvel élément arrive dans la mine pour accélérer le processus de fabrication du charbon. Sauf que cet élément chimique magique causera quelques désagrément sur les ouvriers. Et là, c’est la révolte. C’est sympathique, mais au final, terriblement convenu. Une histoire (un peu plus loin) surfe (plus ou moins) sur le même thème et reste je trouve, plus réussie, ce qui fait qu’au final, j’apprécie sans doute un peu moins cette histoire.

Madame Bluebeard (par Rob Rodi et Javier Fernandez)

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Mais la monotonie n’est pas brisée longtemps, car le glauque revient ! Bien que l’histoire se suffise largement à elle même tant la chute est plaisante et inattendue (du moins, pour le côté plaisant, ça dépend de quel point de vue on se place). Du bleu partout. Dans les couleurs, dans les thèmes, dans l’ambiance, dans les dialogues, dans le titre. Plus bleu que ça, tu meures ! De plus, si vous lisez bien le titre, vous reconnaitrez peut-être de quoi s’inspire cette histoire « glauquissime » à souhait. Nous suivons au départ trois-quatre bonhommes qui nous racontent la vie d’un autre homme qui va faire la rencontre de Madame Bluebeard. Les plus perspicaces d’entre vous auront deviné la (presque) chute de l’histoire, mais la mise en scène reste à découvrir ! Parmi les histoires (majoritaires) qui surfent sur un thème similaire, elle reste cependant ma favorite, ne serait-ce que pour sa narration à plusieurs têtes et sa chute (la vraie).

Once Upon the End of Time… (par James Tynion IV et Martin Morazzo)

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Et histoire de vraiment faire le tour de tous les genres, on passe maintenant au post-apo ! Ca manquait un peu ! Et on a mon histoire favorite du livre (oui je sais, j’ai tout plein d’histoire favorite, mais celle là, c’est la plus favorite des favorites). Pourtant, graphiquement, c’est assez particulier. Le bleu ne saute pas tout de suite aux yeux mais arrivera très vite (seconde page en fait), les décors sont très chouettes, mais les visages sont… spéciaux. Pour autant, je me suis laissé porter par l’intrigue, qui mélange un peu tous les thèmes qu’on a alors rencontrés dans le bouquin, avec un en prédominance et qui s’est fait plutôt rare mais que j’ai déjà évoqué une fois (on va voir pour ceux qui suivent). On nous parle d’une histoire d’amour tragique dans un futur où la terre est ravagée et l’humanité fait ce qu’elle peut pour survivre, gouvernée par un mec bleu tout puissant dont on ne sait que peu de chose. Mais l’histoire est très poétique, malgré un passage dans le très très sordide. Le tout invite le lecteur à réfléchir sur le sens de la vie. C’est trop bôooo. J’ai beaucoup aimé et j’ai été très touché par l’ensemble. On approche de la fin du livre et pour autant, j’arrive encore à être surpris. Ô joie !

Breaking News of the Wonders the Futures Holds (par Fabio Moon)

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Une histoire de vases bleus, de neige et d’inventions. C’est un peu court, un peu désuet, et ça fait vraiment pâle figure comparé à l’essence qui s’évade des autres histoires. Sans doute l’histoire la plus faible du bouquin tant cela manque un peu de conviction. On suit deux hommes qui travaillent dans une galerie d’art (visiblement vachement focalisé sur les vases…), ils se font virer, et le lendemain, passent leur temps à s’extasier de l’art présent dans chaque chose, alors qu’il neige sur la ville… Voilà voilà voilà… Ha oui, et … la vie continue. Je vous spoile toute l’histoire, et je m’en excuse, mais il y a tellement rien… On notera encore que le contexte est complètement différent de tout ce qu’on a pu voir jusque là, mais pour le coup, cela ne suffira pas à nous émerveiller, même si le style graphique de Moon est amusant et propice à lire quelques choses qui se veut être plaisant, mais qui ne m’a pas vraiment touché. Tant pis !

En voilà un concept qui est tout bonnement excellent ! Prises en dehors de cet ensemble, nous pourrions rapidement oublier toutes ces histoires qui seraient si ce n’est moins, que des petites parenthèses sympathiques mais noyées dans une immensité de bande-dessinée beaucoup plus importante et fascinante que celles-ci. Pour autant, toutes regroupées, avec comme porte-parole, cette couleur prédominante qui parcourt les pages, les cases, les thèmes et les idées, on ressent une certaine satisfaction à la lecture. Nous permettant presque de se targuer, sans trop de peine, de comprendre le processus de création des auteurs. On regrettera que certaines histoires soient plus faibles que d’autres, on regrettera aussi que certains thèmes soient forcément récurrent, tant les couleurs peuvent nous inspirer des idées similaires, quelques soient notre personnalité. Pour autant, ce Cyan arrive à nous renvoyer beaucoup d’idées contradictoires, comme la mort (omniprésente dans ce livre, à se demander de ce que ça va donner pour le noir) ou son contraire, l’espoir. Des thèmes mais aussi des ambiances, comme la nuit, le glauque ou la fraicheur d’un jour neigeux. Pour un ensemble qui se veut amusant et fascinant à lire. J’ai hâte de voir ce que nous réserve les prochaines couleurs ! Et je vous invite fortement, si ce n’est déjà fait, à vous jeter sur cette curiosité que seule des franchises comme Vertigo peuvent nous offrir.

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CaptainMasked
9 années il y a

Le concept a l’air bien réalisé et m’attire. A voir pour moi en tout cas bonne review !

Dionakrin
Dionakrin
9 années il y a

Bonne chronique pour une anthologie pas évidente à chroniquer tellement il y a d’histoires diverses et variées! Trop inégal par moment il m’a fallu une pause à un moment (vers Madame BlueBeard) car je n’arrivais plus à enchaîner les histoires.
Ma préférée reste 918 car la chute m’a fait beaucoup rire… Oui je sais c’est horrible de dire ça mais c’est tellement violent et sorti de nul part et pour le coup ça m’a surpris.

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