Review VF – Les Tourments de Double-Face

Les points positifs : Le dénouement Les dessins de Jae Lee Les points négatifs : La colorisation Met trop de temps à démarrer

« Tu es Hyde. » – Double-Face

• Scénario : Paul Jenkins – Dessin : Jae Lee, Sean Phillips – Couleur : June Chung

• Les tourments de Double-Face – 2 mai 2014- 152 pages – 15€ – DC Némésis

Bon, c’est vrai que le plus souvent lorsque les auteurs se penchent sur les névroses des méchants, c’est en général plutôt sur la folie du Joker, et le résultat est parfois grandiose comme dans « Joker » ou « Killing Joke« . Mais là, la promesse est plutôt tentante, car on se penche sur un sujet inédit, en l’occurrence sur la schizophrénie de Double-Face. Et le résultat est plus mitigé que pour ses illustres « confrères » malgré un dénouement formidable.

Ce titre est paru aux US sous le titre « Batman : Jekyll & Hyde« , une mini-série en six numéros parue en 2005. Une étrange série de meurtres semblant être commise par des citoyens lambda et sans histoire, met la puce à l’oreille de Jim Gordon et de Batman, qui sont pris d’une intuition et vont rendre visite à l’ancien juge Harvey Dent, plus connu sous son nom de crime : Double-Face. Celui-ci semble au plus mal de sa maladie avec ses deux personnalités en conflit permanent. Profitant de la présence de ses visiteurs, il s’échappe et échafaude un plan dont la finalité n’est pas celle qu’elle semble être et dont Batman occupe une place centrale.

Mon plus gros regret dans ce livre, c’est le scénario de Paul Jenkins. Si sur les deux premiers tiers, je ne suis vraiment mis des claques pour ne pas m’endormir devant la lourdeur et l’apathie de l’histoire, le derniers tiers révèle un dénouement brillant. En effet, fort peu d’action, beaucoup de bla-bla pseudo philosophique sur le dédoublement de personnalité dans les premières pages, puis les vrais raisons de toute cette agitation se font jour et, si l’action ne se fait pas tellement plus présente, au moins on en apprend beaucoup plus sur l’histoire d’Harvey Dent et sur les raisons profondes de son mal être. Quel dommage que toute l’histoire ne soit pas aussi géniale que ce sixième numéro, on aurait eu un chef d’oeuvre !

Il y a aussi beaucoup a dire sur les dessins… Par ou commencer… D’abord, le fait que les trois premiers numéros soient signé Jae Lee et les trois derniers Sean Phillips… Je n’aime déjà pas les changements de dessinateurs sur les séries (d’autant plus lorsqu’elles ne dépassent pas six numéros), mais quand on en a un qui a un style aussi identifiable que Jae Lee, cela pique d’autant plus les yeux. Celui ci, d’ailleurs, se surpasse dans ce style qui lui est si particulier et même si je ne suis pas un grand fan du bonhomme, force est de constater que c’est superbe. D’autant plus superbe que, pour une fois, il s’est appliqué sur les décors, toujours dans un style minimaliste, mais ils ont le mérite d’exister, contrairement à certaines de ses autres séries où ils sont aux abonnés absent. Puis brusquement on passe aux traits plus banals voire par moment assez laids de Sean Phillips, la transition est violente, même si, je dois reconnaître que les décors plus détaillés permettent une meilleure compréhension de l’histoire.

Ensuite, il y a la colorisation de June Chung, qui gâche l’ensemble. Aucune nuance, une palette de six ou sept couleurs maximum par page, dont certaines très sombre et d’autres extrêmement criardes. Une mention particulière aux taches de sang, qui parsèment l’ouvrage et semblent faites à la va-vite.

Que dire de plus, cet ouvrage est-il indispensable ? Clairement, non. L’ouvrage souffre de pas mal de défauts qui, même s’ils ne sont pas rédhibitoires, plombent l’ensemble et rendent tout ça boiteux. Et les éclairs de génie sont trop rares pour contrebalancer le négatif. Alors à moins d’être super fan de Double-Face, passez votre chemin.