[Review VO] The Joker : The Clown Prince of Crime

Review The Joker : The Clown Prince of Crime
The Joker : The Clown Prince of Crime
Les points positifs :
  • Pour l’aspect historique
  • Unité visuelle
Les points négatifs :
  • Le Joker sans Batman ?
  • Histoires peu intéressantes
  • Lecture poussive

« Don’t call me Lexie. My mother calls me Lexie. » – Lex Luthor 


  • Scénario : Dennis O’NeilElliot MagginMartin Pasko – Dessins : José Luis Garcia-LopezIrv NovickDick Giordano – Couverture : Dick Giordano


Si le mois des super-vilains est déjà passé, ce mois spécial Batman constitue une occasion en or pour revenir sur cet ouvrage sorti l’an dernier et qui reprend l’intégralité de la série The Joker parue en 1975, au début du Bronze Age. Rares sont les séries consacrées à des super-vilains qui peuvent se suffire à elle-même, et à l’époque, c’est le grand Dennis O’Neil qui lance la première série dédiée à un super-vilain, The Joker, après avoir ré-écrit le personnage avec Neal Adams pour en refaire un meurtrier complètement dérangé et obsédé par Batman. Une série qui n’aura duré donc que neuf numéros, et vous allez bien vite comprendre pourquoi.

Contrairement à mon habitude, je commencerai cette review par l’aspect artistique et visuel de cet ouvrage. Le Joker aborde ici un look assez particulier, avec un visage très mince et élancé, un menton énorme qui fait qu’il est toujours en train de sourire, des dents immenses, et un corps lui aussi très fin. Un physique vraiment disproportionné qui permet de jouer sur l’aspect clownesque du personnage, et des fois ses apparitions en deviennent limite guignolesque. Ce n’est pas forcément un mauvais point mais ce n’est pas la représentation du personnage la plus sympathique que j’ai pu voir (à titre d’exemple, j’aime beaucoup le Joker de Hush et également celui de DotF). Si on va au-delà de ça, malgré les différents artistes présents sur les numéros de la série, il y a une certaine unité visuelle qui fait que, pour ma part en tout cas, on ne se rend à peine compte qu’on a lu des numéros faits par plusieurs artistes. Ce qui est en soi une bonne chose. Toutefois, il faudra aimer le style très rétro de ce comics, et notamment pour ses couleurs très vives, très tape-à-l’oeil, un style pour lequel je reconnais avoir un peu de mal.

Et pourtant, je trouve que la partie visuelle est la plus réussie comparée à la partie scénaristique. The Joker nous propose de suivre les aventures de notre vilain préféré (ou presque), des aventures qui l’opposeront à d’autres vilains comme Two-Face, Scarecrow ou Lex Luthor, ou à des héros comme Green Arrow ou le Creeper (qui a un statut plutôt héroïque dans ces histoires). Des fois, Joker a simplement envie d’aller voler quelque chose, d’autres fois il a envie de se mesurer à un autre vilain ; il tombe amoureux de Dinah Lance, ou bien permute son intellect avec celui de Lex Luthor. Autant vous dire que c’est plutôt inventif, avec des idées loufoques (regardez cette évasion à l’aide d’un ballon d’hélium qui illustre cet article), mais ce n’est pas vraiment intéressant. Premièrement, parce que la façon de raconter d’O’Neil et des autres scénaristes est franchement poussive, mais c’est surtout l’intérêt dégagé par les histoires racontées qui est presque nul. Et je pense que vous connaissez bien la raison de la chose : Batman. Ou plutôt, l’absence de Batman, qui n’apparaît qu’une seule fois de tout l’ouvrage, au travers d’une page de journal qui explique son absence de Gotham City. Et même si toutes les histoires finissent, grosso modo, avec le Joker qui se fait attraper, ce ne sera jamais à cause de son ennemi juré.

Et c’est ce qui me pose le plus gros problème, puisque le personnage de Joker est intimement lié à celui de Batman. Si Joker agit ainsi, c’est par obsession de ce que représente Batman ; du coup, j’ai du mal à trouver une quelconque crédibilité à ses motivations et ses actions puisque ce dernier n’est jamais là (ni mentionné). Et j’ose imaginer que si Batman devait s’absenter de Gotham CityJoker trouverait un moyen bien vite… de l’y ramener tout de suite ! Il y a donc pour moi un gros souci de caractérisation, même si je comprends bien qu’O’Neil ait voulu tenter quelque chose d’original, parce que n’avoir qu’une suite d’affrontements avec Batman, ç’aurait été moins original – mais peut-être plus intéressant. Dans cette caractérisation également, par certains aspects, les scénaristes essaient de rendre le personnage moins monstrueux, et de créer une quelconque empathie avec le lecteur. C’est pour moi complètement raté, et le côté clown « je fais des blagues/gags » devient assez vite irritant, rendant la lecture difficile, et cette volonté d’édulcorer le côté psychopathe du Joker ne prend pas. Les auteurs ont même poussé le vice à lui donner une Jokermobile et des véhicules/planques dont les noms jouent sur les onomatopées « ho-ho » et « ha-ha »… Qu’on ne s’y trompe pas, et malgré la mention du Comics Code sur les couvertures de ce comics, Joker tue des dizaines de personnes au fil des numéros. Mais c’est montré de telle façon qu’on essaie d’être le plus loin possible de l’atrocité de l’acte, et ça ne prend pas. Le Joker c’est quelqu’un dont on a peur, qu’on trouve horrible, fou, qu’on ne voudrait jamais croiser, et c’est pour ça qu’on l’apprécie – on a pas envie de le trouver sympathique et de rigoler à ses blagues autour d’une bière. En tout cas, moi pas. Du coup, toutes ces histoires pourraient se passer avec n’importe quel autre vilain puisque son trait de caractère premier lui a été enlevé. Reste des artifices visuels avec son costume, ses gadgets, etc, mais la série aurait tout aussi bien pu ne pas s’appeler Joker, je n’y aurais pas vu grande différence.

Je comprends du coup pourquoi cette série n’a pas su trouver son public ; c’est simplement qu’elle a proposé une version du personnage beaucoup trop éloignée de celle qu’on aime – outre que les histoires ne sont franchement pas intéressantes. L’ouvrage peut être lu en tant que témoignage d’une époque désormais lointaine, et sera très intéressant dans ces conditions. Mais si vous voulez lire quelque chose de vraiment prenant avec le Joker dedans, vous aurez mieux faire de choisir n’importe quel récit dans lequel il se mesure à sa raison d’exister : Batman. 

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5 Commentaires
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Atanvarno
Atanvarno
9 années il y a

Merci pour cette review.

DarkChap
DarkChap
9 années il y a

C’est vraiment une série très étrange parce qu’effectivement, l’idée même de le séparer de Batman pousse le personnage dans une autre direction mais pour ma part j’ai trouvé la série assez plaisante.
Déjà, les commentaires sur le look du Joker me surprennent vu qu’il s’agit sans doute de son design le plus classique et même Lee montre un personnage très fin et très anguleux de corps comme de visage.
Oui, O’Neil a ramené un Joker plus sombre avec l’exceptionnel The Joker’s Five Way Revenge mais ce n’est pas pour autant qu’à partir de ce moment, il ne devait y avoir plus aucune place pour la moindre légèreté.
Il n’est pas question d’édulcorer le Joker. A l’époque, Five Way Revenge est encore l’exception, pas la règle or il ne faut pas avoir ce genre de regard anachronique sur l’histoire pour juger le passé.
Ce n’est qu’à coups de The Laughing Fish, de Where were you on the night Batman was killed? Dreadful Birthday Dear Joker, Last Laugh etc… que cette vision plus noire du Joker va commencer à s’imposer et se cristalliser avec le trio Dark Knight Returns-Killing Joke-Death in the Family. Jusqu’à ces trois là, les éditeurs et les scénaristes, O’Neil y compris, se laissaient quand même des occasions de montrer un Joker plus léger et plus clownesque (ce qui tu devrais bien le réaliser, est quand même un gimmick réservé au Joker, pas disponible à n’importe quel villain justement).
Et s’agissant de tous ces éléments, il ne s’agit pas d’inventions pour la série, les « Jokermobile et des véhicules/planques » , gadgets etc… il les avait souvent depuis longtemps. Les scénaristes n’essaient pas de rendre le personnage moins monstrueux, il l’était tout simplement à l’époque, et le traitement de ses monstruosité était tout simplement moins sombre.

Freytaw
9 années il y a
Répondre à  ArnoKikoo

C’est pas toujours « twisted ». Si ici le ton reste sur le gag pure et dure, il arrive souvent que le Joker propose un bon équilibre entre le grim & gritty d’aujourd’hui (auquel j’ai beaucoup de mal à accrocher…), et le clown farceur. Je pense que les blagues moisies, dans la définition que j’ai du personnage, ça en fait partie, très largement. Le Joker a toujours été un clown (le clown prince du crime, ce n’est pas pour rien). Et entre deux intentions proprement malsaine, il n’a jamais refusé une blague parce qu’elle ne tue pas. Pour le coup, ce n’est clairement pas ce qui me dérange dans cette série que j’ai trouvé tout au plus sympathique. Même si je suis assez d’accord sur le coté anecdotique de l’ensemble.

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