Review VF – Before Watchmen : Spectre Soyeux

Les points positifs : Travail sur Laurie aussi bien physique que mental Forte empathie et identification Darwyn Cooke et Amanda Conner Les points négatifs : N’apporte pas grand chose…

« Ça va aller, petite. Raconte-moi. »

• Scénario : Darwyn Cooke et Amanda Conner     Dessin : Amanda Conner

• DC DELUXE – Before Watchmen Spectre Soyeux – 21 mars 2014 – 112 pages – 15€

Le grand défi Before Watchmen pour les artistes qui y ont participé, fut de trouver des choses à dire sur ces différents personnages, tant Alan Moore et Dave Gibbons les avaient déjà bien travaillés. Pour moi, il était aussi important que le lecteur se retrouve avec la même essence des personnages malgré les années, et surtout que cela nous apporte quelque chose. Quelques titres réussissent cela (Minutemen, Ozymandias), d’autres échouent lamentablement (Rorschach, le Comédien…) et au milieu de cela, un petit ovni : Spectre Soyeux ! Une histoire divertissante, agréable à lire, magnifiquement dessinée mais qui ne m’apporte absolument rien.

Laurie Jupiter est la fille de la première Spectre Soyeux, membre des Minutemen des années 1940. Quand cette dernière la presse de reprendre le flambeau et de devenir elle aussi une justicière costumée, Laurie décide de s’enfuir avec son petit ami Greg pour le San Francisco du Flower Power. Mais la route psychédélique qu’elle emprunte sera juchée d’embûches en tout genre pour cette jeune fille opiniâtre, et le passage à l’âge adulte ne se fera pas sans coup ni blessure.

Darwyn Cooke et Amanda Conner centrent leur histoire sur Laurie, alors qu’elle est adolescente, rebelle et capricieuse, et uniquement sur ce pan là de sa vie. À sa décharge, elle est littéralement harcelée par une mère un peu trop omniprésente dans sa vie. Sa mère n’est autre que Sally Jupiter, la première Spectre Soyeux ! Et la seule ambition qu’elle a pour sa fille, c’est qu’elle vive la vie de super-héroïne qu’elle n’a pu avoir. Pour cela, elle fait entraînement sur entraînement ! Ne laissant aucun moment à Laurie pour avoir une vie privée ni même une simple vie d’adolescente. Toujours chiant ces mères qui vivent par procuration à travers leurs enfants ! (Pensée philosophique du jour.)

Mais comme tous les ados, le conflit entre elle et sa mère va éclater dans les grandes largeurs. Laurie préférant claquer la porte de la maison familiale, en pleine nuit, aux bras du beau Greg pour qui elle est prête à tout, laissant sa mère seule avec le costume de Spectre Soyeux dont elle ne veut absolument rien avoir à faire ! (Ah la la, ces jeunes…) En chemin, ils vont croiser Chappy, Gigi et Eaqle, trois hippies qui vont prendre les deux jeunes sous leur aile et les laisser par eux-mêmes faire leur première expérience de la vie. Découverte de l’amour, premier petit boulot, l’indépendance en somme avec ses plus et ses moins.

Mais la vie, ce n’est pas le pays de Oui-Oui, tout n’est pas rose tout joli et on ne vit pas avec des Bisounours. Et dans leur petit cocon peace and love et flower power, Laurie et Greg vont être confrontés au crime et surtout à la drogue ! Cela va monter en crescendo pour aboutir à un mauvais trip, jusqu’au moment où Laurie va vouloir devenir le Spectre Soyeux…

Et le fait de la voir avec son costume est véritablement comme une mue. Elle va grandir d’un coup, en vivant des moments difficiles, ses premières désillusions, son premier chagrin d’amour, son premier sang, sa première danse avec la mort et sa première rencontre avec elle-même. Tout cela en un temps record. Le genre d’événement qui vous font mûrir, qui vous font tout simplement passer de l’adolescence à l’âge adulte.

Darwyn Cooke et Amanda Conner se concentrent donc sur un cours laps de temps dans la vie de Laurie, mais l’un des plus importants : celui où elle décide d’enfiler le costume d’héroïne et durant lequel elle va vivre un nombre d’événements déterminants pour sa vie. Beaucoup d’action et beaucoup de péripéties donc. Il est amusant de voir cette ado rebelle devoir vivre le pire pour se rendre compte que sa mère avait raison et ne lui voulait que du bien. Amusant car on s’y reconnait tous. Cooke et Conner retransmettent cela de la meilleure façon qui soit ! Et que dire des cases représentant les pensées de Laurie, un peu à la Ally McBeal, lorsqu’elle rêve de faire certaines choses à certaines personnes, mais se cantonne à le penser en pleine discussion (comme le Cri de Munch quand elle hurle en elle !). C’est frais et follement amusant ! Et donne encore plus de réalisme, d’empathie à l’action, tant on l’a comprend.

Mais plus que le scénario, qui reste plaisant et agréable à lire, ce sont les dessins d’Amanda Conner qui donnent tout son percutant au titre. Elle dépeint merveilleusement bien cette ambiance hippie, avec toutes ces couleurs. Des dessins extrêmement empathiques. Elle arrive à mettre en valeur Laurie tant sur le plan physique que sur le plan mental. Ses dessins sont vraiment vivants, ils nous donnent l’impression de plonger dans l’esprit de cette adolescente.

Bref,  cette mini-série ne nous apporte pas un éclairage vraiment innovant vis-à-vis de l’œuvre originale d’Alan Moore et Dave Gibbons, mais néanmoins, Darwyn Cooke et Amanda Conner nous offrent une histoire touchante, pleine de couleurs, merveilleusement dessinée, sur un ton tellement juste que l’on pourrait tous facilement s’imaginer à la place de Laurie. Pas indispensable mais une très bonne lecture. Une vision juste de la vie.