Les points positifs :
Les points négatifs :
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« For God’s sake, is this my life ? » – Bruce Wayne
- Scénario : Darwyn Cooke – Dessin : Darwyn Cooke
- DC COMICS – Batman : Ego – Août 2000 – 64 pages – 6.95$
Voici le premier comics de Darwyn Cooke pour DC Comics ! Et afin de ne pas démarrer timidement, on lui confie les commandes absolues d’un one-shot sorti en format prestige. Avant ça, le Canadien avait travaillé sur les séries animées de Bruce Timm, mais c’est réellement cette première incursion imprimée dans le DC Universe qui aura propulsé sa carrière, le menant ensuite vers des projets de plus grande ampleur comme la relance de la série Catwoman ou le fameux DC : The New Frontier. Vous retrouverez ici la review de l’ouvrage VO, mais sachez que Panini Comics avait édité ce récit en 2008 dans la collection DC Icons.
Une affaire qui tourne mal. Un sous-fifre du Joker, auquel Batman a arraché des infos sur son employeur peu recommandable, décide d’en finir avec sa vie sous les yeux du Chevalier Noir, reprochant à ce dernier de les avoir condamnés, lui et sa famille, en le poussant à trahir le Joker. Pour le justicier, c’est un choc. De la mort de ce quidam, toute sa croisade se trouvera ébranlée et, de retour dans la batcave, il affronte ses propres démons en songeant aux moteurs de son mode de vie.
L’intrigue en tant que tel tient sur une poignée de pages, mais ce suicide est d’une dureté inattendue et éprouvante. Darwyn Cooke emmène ensuite le lecteur dans une longue série d’hallucinations morbides qui reviennent sur ce qui anime Batman et le définit. Il personnifie les démons intérieurs de Bruce Wayne, reprenant là où Frank Miller s’était arrêté dans sa légendaire introduction du Dark Knight Returns : « You cannot escape me. […] You try to drown me out… but your voice is weak. ». Cette incarnation de la part sombre de Batman se montre tout aussi convaincante ici lorsque Darwyn Cooke choisit de placer le « démon » en nette position de force. En résulte une opposition entre Bruce Wayne et le Batman qui permet de définir ce qui fait l’essence du Chevalier Noir et ce qui justifie son existence.
Les thèmes abordés ne sont pas forcément neufs, on a droit au traditionnel flashback de son enfance avant le drame. Le « démon » qui lui apparaît remet sur le tapis la possibilité de simplement tuer le Joker pour en finir (en rappelant au passage que c’est à Batman qu’on doit sa naissance), il souligne la pauvreté de sa vie de non-justicier, partagée entre des idylles éphémères et des amitiés intéressées avec d’autres business-men. En passant en revue ces aspects, Darwyn Cooke fait dangereusement glisser Bruce Wayne dans la folie, car cette apparition est bien une construction de son esprit, et le suicide se fait une solution séduisante au non-sens de la vie du milliardaire.
Mais au-delà du fond, surtout remarquable dans sa conclusion, Ego se distingue par le traitement esthétique de ces thèmes. Déjà remarquable « au repos », Darwyn Cooke s’est démené ici avec des planches somptueuses lors des hallucinations de Bruce Wayne, dont on retiendra aisément deux illustrations étalées sur une page entière : le visage du Joker sortant de sa fameuse cuve, et une représentation fantasmée et impressionnante du meurtre de ses parents. Autre exemple de la subtilité des dessins : lors d’un parallèle tissé entre Bruce Wayne et Harvey Dent, le découpage des cases partage le visage du milliardaire en deux avec le masque effrayant de Batman. Une idée simple mais elle appuie activement l’effet produit par la comparaison. L’incarnation de sa part sombre est finalement délicieusement inquiétante; ses dents gâtées, ses contours secs et agressifs, toutes ses caractéristiques s’accordent parfaitement avec le rôle du personnage.
Merveille visuelle selon l’habitude de Darwyn Cooke, Ego frappe au niveau du scénario par le déclencheur abrupt de sa trame et par sa conclusion optimiste, également inattendue vu le ton général de l’œuvre. Le classicisme des thèmes abordés n’est pas dérangeant, tant leur traitement est efficace et servi avec bon goût par les planches de l’auteur. Reste la brièveté du comics, mais, à l’instar du Killing Joke, est-ce vraiment un problème ?
je confonds ou panini a déjà édité cet ouvrage en France ?
Tu ne confonds pas. C’était dans une édition qui contient également le one-shot « Selina – Le Grand Braquage ».
Oui c’est ça, je viens de l’ajouter dans l’intro de cette critique. Merci.
ah voilà, merci ! j’ai failli l’acheter récemment, celui-ci étant en jachère dans une boutique parmi moults comics…. puis me suis ravisé. Je dois avouer que l’avatar quasi en SuperDeformed de batman m’avait fait fuir, le même qu’on croise dans Grant Morrison présente (4 ou 5) je crois.