[Review VO] Superman Vol. 1 : What Price For Tomorrow ?

Superman Vol 1 review
Les points positifs :
  • Des personnages bien développés.
  • Une histoire cohérente avec l’univers.
  • De nombreux thèmes abordés.
Les points négatifs :
  • Schéma répétitif sur les premiers chapitres.
  • Quelques légères inégalités sur les dessins.
  • Lois et Clark ne sont plus que des amis.

« I need to get some air… » – Clark Kent.


  • Scénario : George Pérez – Dessins :Trevor Scott, Nicola Scott, Jesús Merino, George Pérez  – Couleurs : Brian Buccellato, Carlos M. Mangual Couverture : Georges Pérez


Le Daily Planet est sur le point de subir un grand bouleversement. Racheté par un groupe plus important (mené par un certain Morgan Edge), le journal sera à la fois presse et télévision. Lois Lane est promue à la tête de la section TV et Perry White reste à la tête de la partie presse. En plus de cela, histoire de bien marquer le coup, parce que ce n’est jamais assez, l’ancien bâtiment du Daily Planet est destiné à finir en miettes, même le super globe au sommet, oui ! Sacrilège ! Enfin pas de panique, c’est juste pour le remplacer par une oeuvre d’architecte toute neuve, plus grande, plus belle, avec un globe plus brillant au sommet, tout ça pour se la raconter un peu et montrer qu’on est pleins aux as ! Clark Kent lui, ça l’emmerde. Profondément. Voir son journal chéri racheté par un gros requin qui ne pense qu’à faire du chiffre, ça lui fait un peu mal (à noter que la première dépense c’est un putain d’immeuble, faut pas trop chercher la logique). Que va-t-il en être de l’intégrité de la presse ?

Oui, alors que Johns et Romita Jr se lancent sur le titre avec le numéro #32, me voilà, débarquant comme une fleur, avec cette review périmée (mais mise à neuf, un peu) du premier volume VO de la série. Écoutez, faut ce qu’il faut, et si nous ne la sortons pas maintenant, on ne le fera jamais. Attendez-vous cependant à une review à contre-pied de ce que vous avez pu lire jusqu’alors. Non pas parce qu’elle est terriblement brillante qu’elle en éteint toutes les autres, mais parce que, dans ma petite tête de jeune lecteur à l’époque, j’avais apprécié ce titre pour ce qu’il était (d’où la note), alors qu’il avait plutôt été un four critique lorsque les premiers numéros sont parus. Et je compte bien m’expliquer là-dessus. Georges Pérez est à la barre de ce titre qui a fait couler un peu d’encre dans le sens où il a autant fasciné qu’énervé. Superman, c’est un peu le héros qui a du mal ces dernières années en termes de comics (mais les temps changent et y’a comme un air plein d’espoir qui nous emplit en ce moment). Donc ce reboot, on l’attendait au tournant, et forcément il a pris cher ! Verbeux, trop classique, dessins un peu inégaux, menace qui n’aura aucun impact… Bref. Tout y est passé. À juste titre ? Sans doute. Mais je ne peux m’empêcher de penser que c’est, par moment, peut-être un poil injuste, même si je suis le seul au monde à penser ça (ou presque).

Beaucoup de mots, et alors ?

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Pérez est un vieux de la vieille, son style narratif date d’une autre époque. Et c’est vrai que dans le premier chapitre, on a droit à des « descriptions » un peu comme dans les BD des années 40. Sauf qu’au-delà d’être une simple description, c’est une projection d’un article écrit par Clark Kent à l’issue du premier numéro. Outre ces cases de description, on a du dialogue. Beaucoup, beaucoup de dialogue. Quand on à l’habitude de s’envoyer un numéro de comics en cinq minutes montre en main parce qu’il n’y a que de belles images dedans (et c’est une mode qui a du mal à passer), forcément, c’est épuisant. Quinze minutes pour lire un comics, où va-t-on ? Alors oui, je suis un poil sarcastique, mais on ne peut pas dire le contraire, c’est verbeux. Ceux qui n’aiment pas lire vont clairement s’emmerder, et ceux qui aiment risquent le même sort car ce n’est peut-être pas forcément ce qu’ils attendent d’une BD aujourd’hui. Dommage pour eux. Parce que ces dialogues, et à peu près tout ce qu’écrit Pérez au long de ces six premiers numéros, qui forment ce tome, ils sont intelligents. Intelligents car ils vont au fond des choses (quitte à se répéter un peu, j’en conviens) : les thèmes sont divers, justes et variés  (journalisme, intégrité, capitalisme, amitié difficile, intégration, social, monde de l’édition avec un joli parallèle avec le renouveau de chez DC Comics…). La caractérisation est selon moi, dans la même logique, intelligente et s’intègre bien dans le cadre des New 52 : nous avons un Clark Kent, défenseur des opprimés, ennemis du capitalisme, journaliste responsable ; une Lois Lane, femme de pouvoir, tiraillée par ses ambitions professionnelles et son besoin de bien faire ; un Superman qui doit jongler entre ses responsabilités et son acceptation dans ce monde plutôt ingrat, moins réfléchi sur les risques qu’il prend (et ça, Lobdell le poussera à son paroxysme dans la suite), mais aussi moins naïf sur sa vision du monde. Si les mots sont nombreux, au moins, ils permettent tous ces développements et posent les bases du statu quo du personnage version New 52 en seulement six numéros ! Alors finalement, où est le problème ? L’ensemble est, de plus, en total adéquation avec ce qu’avait écrit Morrison sur Action Comics à la même époque, Pérez n’hésitant pas à se référer au run de l’écossais à plusieurs reprises pour faire avancer sa propre intrigue. Un complément juste et qui se passe dans le « présent », qui montre l’état d’esprit du héros, son évolution, son cheminement. Chemin que poursuivra Lobdell avec la manière que l’on sait oui, mais après, ce n’est qu’une question d’intentions ici.

Des aliens, mais pas que…

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L’intrigue est-elle classique ? Superman se cogne contre des « aliens » qui ont des pouvoirs élémentaires (ou pas). Un est fait de feu, l’autre peut se rendre invisible à ses yeux, le troisième est fait de glace… Ok, cela n’a rien d’extraordinaire en plus d’être rébarbatif. Je veux bien l’entendre. Mais est-ce que ça se résume simplement à ça ? Bien sûr, il faut au minimum s’intéresser et arriver jusqu’au bout pour comprendre et apprécier « l’originalité » de cette menace. Et le schéma répétitif de l’ensemble des trois-quatre premiers numéro a pu très franchement en gonfler certains. Malgré tout, j’y vois aussi du bon. Au-delà du fait que les ennemis de Sup’ sont plutôt classique, ce que j’attends aussi d’un titre Superman, c’est que, justement, ça envoie un peu du bois et qu’il en bave un minimum. Et là dessus, je suis servi. Ensuite, la menace se dessine avec justesse et apparaît un peu comme un malheureux concours de circonstances, tout en nous renvoyant sur le thème de l’alien pas à sa place, et qui est seulement complètement flippé. Là où c’est bien vu, c’est que Pérez va encore une fois s’appuyer sur le titre Action Comics pour nous donner vraiment l’impression d’évoluer dans un univers cohérent et dense. Le seul bémol (et encore) pour moi au sein de cette intrigue, c’est que Pérez nous ressort encore le coup du super-héros mal-aimé, avec ce journaliste un peu couillon qui a du mal à prendre du recul par rapport à Superman et lui jette la pierre, avant de retourner sa veste d’un seul coup. Par contre, c’est très bien contrebalancé par le Général Lane, qui permet d’avoir ce même regard critique sur le super-héros, mais avec plus de justesse, et toujours en adéquation avec le run de Morrison.

Un amour perdu

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L’autre élément d’intrigue qui a gêné, c’est la nature de la relation entre Lois et Clark. C’est un des effets qui « piquent » du relaunch. Tout un symbole. Le couple est, certes, mythique, donc je comprend que ça blesse les fans au plus profond de leur cœur plein de tendresse et d’amour. Moi même, cela m’avait grandement chagriné. Pourquoi les scénaristes n’arrivent-ils pas à écrire une relation déjà aboutie ? Dan Didio nous donnera un début de réponse plus tard… Mais passons. Je trouve cependant que pour le coup ici, Pérez s’en sort parfaitement bien. Présentant un Clark n’ayant pas encore succombé à ses sentiments, même si l’on voit déjà quelques choses de fort et une confiance se dessiner entre les personnages. Autant entre Lois et Superman que Lois et Clark. Et tout ça c’est à la fois subtil et douloureux. Douloureux parce qu’on sait ce qu’il peut ou va exister (un jour peut-être) entre les personnages, qu’on l’a eu, et qu’on ne la plus, mais aussi subtil parce que les personnages passent tout simplement à côté sans vraiment sourciller, nous rappelant cruellement que nous avons affaire à un nouvel univers.

Arts et « problèmes éditoriaux »

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Les dessins maintenant. Oui, on peut parler de légères inégalités rien que quand on voit que Pérez n’arrive pas à tout assumer, mais il est assisté par le très bon Jesus Merino pour ce travail. Certaines cases sont sans doute dessinées à l’arrache, mais c’est vraiment mineur comparé à l’ensemble de l’œuvre. Là aussi, on a un style qui rappelle assez les années d’avant, plus année 80 que 40 tout de même, faut pas déconner. Il y a beaucoup de cases (ce qui permet de faire plus de dialogues), et les dessins sont colorés d’une façon telle qu’on se croirait vraiment en 80 (sans les couleurs qui débordent sur les côtés quand même !). Les traits, les décors, l’agencement des cases, tout ramène vers le passé. Et moi, ben, ce style un peu vieillot, j’aime beaucoup. J’approuve même, et j’en redemande. C’est un véritable contraste que propose Pérez ici, entre ce que représente ce relaunch pour le personnage, et le dernier relaunch qu’il avait subi. N’oublions pas que le monsieur avait participé au relaunch/reboot de l’univers DC après Crisis on Infinite Earth, s’il n’avait fait qu’effleurer Superman à l’époque, il avait rebâti avec ferveur et justesse le personnage de Wonder Woman. Ce qui s’est passé ici avec les New 52 se voulait dans la même logique, la même démarche, du moins dans l’esprit de Pérez. Mais le lectorat a, je pense, bien trop changé pour accepter ces dessins et ce type d’histoire d’une autre époque, tout comme l’édition de comics a, elle aussi, un nouveau visage. À l’époque, chaque personnage évoluait dans une seule série, deux de manière totalement exceptionnelle, alors qu’aujourd’hui, il faut jongler entre plusieurs titres, et Morrison construisait les nouvelles origines en même temps que Pérez devait dépeindre un héros qui vit dans le présent, de quoi compliquer la tâche (pourtant bien exécutée de ce point de vue je trouve, bien plus que ne l’a fait Johns pourtant « Chef Creative Officer » sur Justice League). Pour autant, avec moi, ça a fonctionné, et j’ai été relativement déçu d’apprendre que les critiques avaient eu le dessus, forçant Pérez et DC Comics à revoir leur plan. Ces derniers ont joué de leur prise de décision pour mettre une pression suffisante à l’auteur pour revoir son histoire (qui avait déjà eu du mal à travailler de concert avec les éditeurs pour les raisons citées plus haut, puisque Morrison n’en faisait un peu qu’à sa tête sans trop lâcher d’infos). Pour les anglophones qui veulent en savoir plus sur ce départ, je vous invite à consulter cet article de Bleeding Cool. La suite, vous la connaissez, au revoir Georges Pérez, et bonjour Scott Lobdell. Je ne peux m’empêcher de penser que nous avons perdu au change (je n’oublie pas l’intérim de Jurgens sur le titre, mais il n’avait pas été placé là pour durer). Et quelque part, si on avait laissé sa chance à Pérez d’en dire un peu plus (ou s’il en avait décidé ainsi, puisqu’au final, il est parti de son propre chef), je suis convaincu qu’il en aurait été autrement pour le destin de Superman dans les New 52.

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Nous voilà donc avec ce run inachevé, mais ce premier arc bouclé. Le titre a ses faiblesses que je ne peux nier, pourtant il aurait vraiment mérité qu’on s’y attarde, tant l’effort pour rendre un travail propre et logique était présent (et contre vents et marées). Une fois de plus, je suis fidèle à mes besoins. Pour moi, un personnage qui remplit son rôle pleinement, c’est déjà une BD que je vais apprécier. Et ici, c’est du pain béni tant le travail de Pérez sur le personnage de Clark Kent est juste bon. J’ai aimé cette nouvelle version du héros, quoiqu’on en dise. Et on est bien loin de sa version super « plate » et simpliste que Johns a dépeint dans le même temps, dans cette Justice League… Je n’aurais qu’un mot à dire : dommage.

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10 Commentaires
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anarchynpp
Invité
anarchynpp
9 années il y a

Très bonne review merci !

C’est cool de voir que vous oubliiez pas les anciennes sorties :)

TheRiddler
9 années il y a

J’avais assez vite oublié cet arc, faudrait que je m’y repense, merci pour cette review très complète !

crazy-el
crazy-el
9 années il y a

Wow tout simplement extra cette review. Même que tu m’as devancé Tawtaw lol Je préparais un profil sur le Superman du New 52 du début(Morisson) jusqu’à la fin du run de Lobdell lol. Je vais tout de même le faire et je mettrai en intro ta review. lol Tellement bien écrite et bien sentie surtout, je n’aurais pas fais mieux et d’autant plus, c’est comme si c’étais moi qui l’aurait écrite lol Je dirais même plus c’est de cette façon là idéalement que nous devrions effectuer une review ou, du moins, mettre en perspective les intentions des auteurs pour que nous comprenions et sachions à quel Superman nous avons à faire dans le contexte de note époque. Tout simplement, encore et toujours, le Comic Book raconte toujours l’époque que nous vivons, le Comic Book est le miroir de notre ère et de l’histoire qui s’écrit. Ex.: sur le journalisme, on est bien loin de ce passé glorieux des années 70 pour étaler toute la vérité, une critique de notre monde. Il a aussi le procès de la Presse du groupe Murdoch, le procès de Wiki leak et de son protagoniste obligé de rester en exil pour avoir étaler des vérités.

Il a un qualificatif que je retiens sur le Superman du New 52: INTÉGRITÉ. Ce qualificatif n’a pas été précisément utilisé très souvent sur Superman, mais c’est ce que Lobdell a poursuivi, comme tu le dis, après ses prédécesseurs. Il a développé cette Intégrité en faisant sortir de la bouche de Superman, pratiquement à tous les numéros, quand il faisait face à ses ennemis et sur Krypton avec Jor-El:  »I don’t kill ».

Merci Tawtaw

Billy Batson
9 années il y a

Perso j’ai bien aimé cet arc et j’aurais aimé voir Perez continuer son run. Cet arc posait de très bonnes questions au lecteur (quel sera le futur de la presse ?) et est pour moi un véritable reboot de Superman plus que Superman Unchained. De plus Perez avait réussi la relation entre Lois et Clark sans pour autant en faire des amants, ce sont juste des amis et cette relation est bien développé. J’ai l’impression que Perez n’utilise les vilains que comme excuse pour utiliser le personnage de Superman et réussi à bien mettre en valeur son héritage extra-terrestre. Une très bonne review pour un arc qui ne mérite pas la critique qu’il a subit.

crazy-el
crazy-el
9 années il y a
Répondre à  Billy Batson

D’accord avec toi Jason Todd. J’aime bien quand tu dis  »Perez n’utilise les vilains que comme excuse pour utiliser le personnage de Superman et réussi à bien mettre en valeur son héritage extra-terrestre. » C’est aussi le cas souvent quand vient le temps des villains, urtout les principaux comme Luthor,on développera une dualité pour faire ressortir plus la caractéristique principale de Luthor. Une forme d’écriture récurrente dans le comic book.

Billy Batson
9 années il y a
Répondre à  crazy-el

D’accord avec toi ! :D Pour Luthor, je pense que le meilleur exemple est le graphic novel qui lui est consacré dans lequel on voit que le personnage n’est pas si mauvais. Concernant ce run j’aime aussi le superbe plan de la destruction du bâtiment du Daily Planet que j’interprète comme la destruction en soit du journal en lui-même et de la presse écrite en générale remplacé petit à petit par la presse numérique. J’aimerai bien voir cet arc adapté en film animé pour faire suite à l’univers démarré avec Justice League War.

stingrayfell
stingrayfell
9 années il y a

Merci pour cette review, ça tombe pile quand je suis justement en train de relire cet arc dans les premiers DC saga ! quelle coïncidence ! Et je me demandais justement si j’étais le seul à adorer cette histoire ! c’est vrai il y a beaucoup à lire mais c’est super intéressant et intelligent ! J’espère qu’Urban nous le sortira en librairie.

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