[Review VO] Static Shock Vol. 1: Supercharged

Les points positifs : Virgil Hawkins a tout l’air d’un personnage intéressant et sympathique… Les points négatifs : … mais il évolue dans un univers incohérent et bordélique. Les personnages secondaires sont bâclés. Un énorme potentiel gâché.

« I just hope they don’t make me go through orientation again » – Virgil Hawkins, Static.

• Scénario : Scott McDaniel, John Rozum, Marc Bernadin (parties 7 & 8) – Dessins : Scott McDaniel – Encrage : Andy Owens, Jonathan Glapion, Le Beau Underwood – Couleurs : Guy Major – Couverture : Scott McDaniel et Guy Major

• DC Comics YOUNG JUSTICE – Static Shock Vol. 1: Supercharged – Contient : Static Shock #1-8 – 26 Juin 2012 – Softcover – 192 pages – 16,99$

Virgil Hawkins est Static. Il doit gérer un nouveau gang qui sème la pagaille à New York en plus des problèmes qu’il retrouve à la maison tous les soirs… Sa sœur et son « doppleganger », entre autres choses. Jeune étudiant, il est tout de même aidé dans sa quête par un certain Hardware. Un genre de majordome robotique ou allez savoir quoi… Il maîtrise ses pouvoirs sans souci et démontre même un certain talent, mais il a des ennemis plutôt pénibles, qui s’en prennent à sa famille et compagnie, ce qui ne lui facilité guère la tâche. Récemment, sa sœur a été dupliquée, et il se retrouve avec deux échos de la même personne chez lui, qui ne savent pas qui est l’original, ni comment, ni pourquoi. C’est un peu délicat à gérer pour les parents. Et lui a deux sœurs avec lesquelles se disputer.

Un problème avec le reboot.

Malgré un contexte assez original, cette série, faisant partie des 52 titres de lancement des New 52, s’est arrêtée au bout de huit numéros, et l’on sait très bien pourquoi. Confuse, brouillonne, dessinée un peu à l’arrache… On a bien du mal à s’intéresser à son héros et à ses petits problèmes. Et pour couronner le tout, quand on ne connaît pas la série pré-New 52, on est paumé, puisque visiblement rien n’a changé, ou peu. Oui, on en a jamais parlé (et pour cause, il est fort probable que tout le monde s’en fiche, y’a pas Batman dedans), mais Static Shock est une des rares séries (avec Batman, Green Lantern et la Légion, du moins à l’origine pour cette dernière) à ne pas avoir subi de changement drastique à l’heure du reboot. Mais ici, c’est relativement problématique. Par exemple, nous découvrons que la sœur de Virgil Hawkins s’est dédoublée mais nous ne savons pas pourquoi ni comment, si ce n’est qu’elle a été enlevée un jour par des vilains. Et comme cet arc, qui est la suite de la précédente série, s’étale sur sept numéros, ce manque se ressentira jusqu’à la fin du titre, ou presque : le huitième étant un stand alone globalement raté, surtout en guise de porte de sortie, puisqu’il sert plutôt de résumé à l’ensemble de l’histoire de Static, notamment la partie qu’on avait pas dans les New 52, et non, ce n’est pas une blague, on a les éléments essentiels à la fin du tome. Autrement dit, le reboot n’a vraiment pas rendu service au personnage. Et ce « volume un » ne devrait techniquement pas porter ce numéro. Dommageable car le personnage à l’air pourtant dynamique et sympathique, à vrai dire, en dehors de tous ses problèmes que l’on ne comprend pas, on pourrait s’y attacher, mais cela ne fonctionne pas.

Mais même sans ça…

Car il fallait aussi compter sur le mauvais story telling que se tape l’ensemble de la série, histoire d’en rajouter une couche bien grasse. Un flop généralisé. Déjà que c’est difficile de comprendre ce qu’il s’y passe faute d’éléments concernant le préquel si on ne l’a pas lu, on se tape des cases qui s’enchaînent mal, des situations sans queue ni tête qui passent du coq à l’âne sans énumérer les autres animaux fermiers, et grosso modo, on ne comprend rien. De plus, nous avons droit à des ennemis tous plus ridicules les uns que les autres, sans vraiment de fond, avec des tronches pas possibles et sortis de nulle part. Très clairement, ils font référence à l’univers pourtant riche du personnage, mais ici, pas moyen de s’y intéresser. Les auteurs ne font rien pour attiser notre curiosité. On a, de plus, des sous-histoires qui meurent dans l’œuf (comme ce mec qui se prend pour le Joker en apparence et qui est en fait un flic infiltré dans le gang…), des personnages secondaires de soutien à moitié traités, et des thèmes qui ne sont pas totalement exploités (le dédoublement de la sœur était un truc sympa à la base, mais les auteurs n’en font rien) et autres drames d’écriture et de temps perdu pour le lecteur. Pour autant, les auteurs essayent de poser des idées de base très intéressantes, comme la situation sociale de la famille de Virgil, les problèmes que cause sa sœur dédoublée, le côté dynamique et teen de la série qui manque aujourd’hui cruellement à ces New 52, mais c’est justement pour ça que je trouve l’ensemble gâché. Car, aussi louables soient-elle, les intentions des auteurs n’aboutissent pas, et c’est terriblement frustrant.

Écriture brouillonne ? Dessins brouillons.

Quand au dessins, en dehors du premier numéro, qui a sans doute eu droit à un soin particulier, ils sont un peu tordus et bordéliques. À titre de comparaison, si « Frankenstein, Agent of S.H.A.D.E. » possède quelques actions illisibles (mais avec un bordel de toute beauté), ici, c’est quasiment tout le temps illisible pendant les actions. Je n’adhère pas du tout au trait de McDaniel. C’est grossier et moche la plupart du temps (en tout cas les visages de près, ça ne passe pas, et ça se veut « cartoon stylisé » mais c’est beaucoup trop prétentieux pour ce que c’est) même si je suis tout à fait prêt à admettre que ce dégoût n’engage que moi. Il reste les couleurs, qui essayent de respecter la note cartoon imposée par les dessins, elles sont souvent vives et pétillantes, mais ça ne suffit pas. Et si les cases en elles-mêmes sont bien agencées entre elle, on se reprend les erreurs et les trous du story telling dans les dents. Surtout quand il y a des arcs électriques partout, cela n’arrange rien.

Static a beau être un personnage attachant (et malgré tout ça, c’est qu’il l’est vraiment, le bougre), quand il évolue dans un contexte et un bazar pareil, c’est juste atrocement impossible de soutenir le pauvre jeune garçon. Pourtant, j’ai eu quelques petits moments de surprise, à me dire « punaise, ça, ça aurait pu être génial dans une histoire bien racontée », surtout concernant les « doubles » (et je pense à un passage assez épique en particulier, qui arrive bien trop tard et repart aussitôt). Mais le reste est tellement mal fichu que ça en devient impardonnable. J’aurais voulu connaître mieux ce personnage, hélas, cette série ne lui rend pas justice et c’est ce qu’il y a de pire à subir pour un personnage tierce, qui ne peut que tomber dans l’oubli après ça. Et c’est malheureusement le cas… Il faut aussi savoir qu’une histoire de mésentente s’est installé entre les deux auteurs de la série, McDaniel et Rozum, cela n’a pas du aider à la réussite de ce bouquin et à sa cohérence générale… Un bon gros gâchis.