Review VF – 100 Bullets Tome 14 : Dernières Cartouches

Les points positifs : Intensité qui nous prend aux tripes Eduardo Risso Ça part dans tous les sens… Les points négatifs : … et on s’y perd un peu Le pourquoi du comment tarde à venir

« Je veux lui offrir un Minutemen. »

• Scénario : Brian Azzarello – Dessins : Eduardo Risso 

• VERTIGO CLASSIQUES – 100 Bullets tome 14 – 15 novembre 2013 – 152 pages – 15€

Les Minutemen sont lâchés, le sang coule à flot et le Trust se dirige de plus en plus vers les espèces en voie de disparition. Mais là où le dernier tome était jouissif, car nous assistions au lancement des hostilités, celui-ci, bien qu’encore plus sanglant et violent, est véritablement confus. Tout le monde change de camp, tout le monde se fout sur la tronche et les ennemis boivent ensemble. Nous avions déjà beaucoup d’interrogations, mais là nous n’avons plus aucune certitude…

 La fin est proche… Les anciens Minutemen se sont retrouvés et mènent la purge des membres du Trust. Tous convergent vers le lieu de leur dernière charge : un domaine où Augustus Medici, l’Agent Graves et Javier Vasco règlent leurs comptent autour d’un verre de vin (contient les épisodes # 89 à 94).

Pas de grande et longue saga dans ce tome, Non. Nous avons le droit à six histoires, apportant toutes leur lot de morts, de surprises et de trahisons. Car si le tome #13 nous offrait une longue liste de morts dans les rangs des personnages influents, là, ce sont les cadavres que les Minutemen laissent derrière eux qui sont impressionnants.

La première histoire nous montre le lien puissant qui unit Graves, Augustus Medici et Javier Vasco. Plus que travailler ensemble, ces trois semblent avoir gravit les échelons ensemble. Cole Burns va retourner sa veste, enfin, peut-être, et nous allons découvrir de nouveaux personnages dans un trafic de drogue avec des enfants. C’est dérangeant. Ils n’auront pour utilité que de servir de fil rouge tout au long de volume. Le chef de gang a trouvé le bon moyen de ne pas se salir les mains, il utilise des gamins pour vendre sa drogue et tuer ses concurrents. Mais le souci avec des enfants, s’ils sont facilement manipulables, c’est qu’ils commettent beaucoup plus d’erreurs.

Dans la seconde histoire, Benito devient de plus en plus bizarre. Il donne l’impression de vouloir rendre son père fier de lui mais en même temps il prend sa place dans son lit pour se coller au corps dénudé de la sensuelle Megan Dietrich. Il va dans l’optique de la première envie : demander à Lono de lui rapporter un Minutemen. Mort ou vif, il s’en fiche. Cela tombe bien, il vient d’en retrouver un, et Loop doit faire ses preuves…

L’épisode #91, en plus de nous apprendre encore plus sur le trio Graves, Augustus, Javier et sur les envies lubriques de Benedito, on découvre la mission que Joan d’Arcy avait confiée à Monsieur Slaughter dans le tome précédent. Un meurtre lié aux fameuses mallettes de l’agent Graves et qui aura pour répercussion de rassembler le fameux trio qui se fait la guerre maintenant.

L’histoire qui suit nous montre comme Jack Daw se fâche facilement et les pauvres Cole Burns et Loop vont en faire les frais…

Augustus, Javier et Graves se retrouvent… Enfin, notre nouveau caïd de la drogue va déclencher un règlement de comptes entre gamins en fournissant les armes à feu… Assez dérangeant… « Le Coq » voit Remi Rome perdre quelque chose d’irremplaçable dans son boulot dans un chapitre où les cadavres s’entassent sous une pluie de balles et de violence.

Dans le dernier chapitre du volume, Augustus, Javier et Graves se remémorent le bon vieux temps autour d’un bon vieux vin et nous assistons, surtout et enfin, au premier face à face entre Lono et Dizzy, mes deux personnages préférés. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’un ne prend pas l’avantage sur l’autre…

Vous voyez, les événements s’enchaînent à une vitesse folle et, alors que le Trust était aux abois, prêt à se faire décapiter par Graves et les Minutemen, voilà que ce même Graves et sa cible boivent un verre ensemble et que les Minutemen se foutent dessus! Sur les sept Minutemen présents au début de ce tome, sans qu’aucun ne meurt, il n’en reste que deux sur leurs deux jambes! Avant que l’on arrive à le comprendre, et sans qu’il ne fasse quoique ce soit en fait, le Trust reprend du poil de la bête et c’est maintenant Graves qui se retrouve en mauvaise posture.

On ne comprend pas toutes les réactions de certains Minutemen mais en même temps ces mecs sont des animaux, ils fonctionnent à l’instinct. On n’est pas assez tordu pour comprendre. Et même si la violence grimpe encore d’un cran, que le sexe est toujours aussi présent, que le sang entache de nombreuses cases, on est très souvent surpris par certaines réactions et j’ai l’impression que ce grand final vire à se foutre sur la tronche pour un oui ou pour un non. La réaction de Jack en est l’exemple parfait.

Graphiquement, Risso excelle. Le monsieur est au summum et nous offre des planches à tomber. Il joue toujours sur les ombres et ne se limite en rien sur la retranscription de la violence. Il emmène ses personnages toujours plus loin dans l’expressif et parvient à représenter ce qu’ils dégagent ou même transpirent de leurs pores.

Bref, l’intensité est à son paroxysme, les corps pleuvent, les coups ne sont plus retenus, les personnages dévoilent leurs cartes et nous perdent un petit peu. J’espère que ce grand final tant attendu et qui s’annonçait juste énorme ne se résumera pas simplement à cette pluie de corps, sans réelle explication ni lien de cause à effet. Il faut voir l’ultime tome pour savoir si ce tome #14 était moyen et perturbant ou une pure réussite…