Review VF – Losers Tome 1

Les points positifs : Nerveux Poilant Boum ! Boum ! Ratatatatatata ! Les points négatifs : Pas très subtil Overdose de clichés Couleurs parfois migraineuses

« On est déjà morts… Qu’est-ce qu’on a à perdre ? » – Clay

• Scénario : Andy Diggle – Dessins : Jock, Shawn Martinbrough, Nick Dragotta, Alé Garza

• VERTIGO ESSENTIELS – Losers Tome 1 – 08 Novembre 2013 – 384 pages – 28€

Première collaboration chez DC Comics/Vertigo entre Diggle et Jock, qu’on retrouvera plus tard sur Green Arrow : Year One, The Losers s’étira sur 32 numéros entre 2004 et 2006. Comme le dit Diggle dans la préface de cette première édition française, la série a été écrite en hommage aux gros blockbusters d’action hollywoodiens du type Arme Fatale, Die Hard et compagnie. Dans la lignée de ces films, la clé du succès des Losers réside dans une formule assez basique : des gags, des flingues et des ripoux. Que demande le peuple ?

Tout commence, comme on ne l’apprend pas au début de l’histoire mais plus tard, lorsque la CIA décide de se débarrasser d’une sorte de commando prêt-à-tout qu’elle emploie pour des missions périlleuses. Ce sont les Losers. Il y a le chef, le Colonel Franklin Clay, cerveau de la bande ; Roque, le balafré infréquentable ; Jensen, étrange croisement d’un geek et de James Bond aux grosses lunettes so hype ; Cougar, tireur d’élite ne s’exprimant qu’en espagnol et en balles de gros calibre ; Pooch, le black de l’équipe aspirant à retrouver sa famille ; et enfin Aisha, mystérieuse orientale, sauvage, mais vraiment très très sauvage, aux intentions floues et au quadruple-jeu perpétuel. Ces gais compères en savaient trop, et un sombre fonctionnaire de la CIA du nom de Max décide de liquider les Losers pour sauvegarder la belle démocratie américaine. Mais c’est là exactement le même but que poursuivent les Losers, et ceux-ci, pressentant que leur disparition n’agirait pas dans l’intérêt des États-Unis, décident de ne pas se laisser faire. Leur vendetta aura un double-but : se venger des salauds qui ont tenté de les buter, et protéger les fesses de l’Oncle Sam.

Un décor assez classique pour réunir des personnages bigarrés auxquels on s’attache rapidement grâce au travail de caractérisation qu’ont mené les auteurs. Chaque ‘loser’ a un p’tit quelque chose de sympa, Clay parce qu’il est badass, Jensen à cause de ses gags dans le rôle du hacker boulet, ou encore Cougar avec ses trois répliques du tome entier et son Stetson adhésif. Si ça peut paraître une évidence, la coolitude de ces gaillards est un des gros points forts du volume. Les autres ont déjà été évoqués, il y a le nombre de jokes hallucinants, qui en feront certainement le comics le plus poilant de votre bibliothèque, et les scènes spectaculaires entre courses-poursuites, tirs de roquettes et crashs d’hélico qui, soutenues par un scénario bien ficelé, rappellent à la fois les thrillers de gangsters à la Guy Ritchie et les blockbusters testostéronés d’Hollywood.

À ce stade on peut se demander si ce n’est pas juste complètement idiot. C’est vrai que le ton est assez léger, mais c’est totalement assumé et le manque tout aussi total de subtilité ne s’avère pas une faiblesse. Il faut s’attendre à ce qui est revendiqué. The Losers est fun, léger, et passe comme une tequila avec du citron et du sel sur une plage exotique. Diggle ne fait pas recours aux clichés par facilité, mais avec calcul, dans l’intention de rendre un hommage aux films qui l’ont défini. D’ailleurs son oeuvre offre un rendu très cinématographique, et l’empressement avec lequel les producteurs en ont fait une adaptation (à réserver aux fans du comics) témoigne de cet aspect. Et mine de rien, le scénario regorge de plein de p’tites bonnes idées, de mises en scène rafraîchissantes, où on laisse échapper un « Waaaaw » ou un « Hahaha » en tournant la page, ce qui trahit un peu plus de finesse chez l’auteur que le laisse présager la profusion d’explosions.

Aux dessins, Jock fait des merveilles. Son style haché y est plus minimaliste que dans Sombre Reflet (Black Mirror) ou Green Arrow – Year One, et se montre encore plus convaincant dans cette avarice de traits secs et agressifs. Et si on aurait pu craindre que les occasionnels remplaçants de Jock au pinceau baissent la moyenne visuelle (en effet les numéros #7-8, #13-15 ne profitent pas de la main du maître), les artistes moins connus qui prennent le pas sur Jock ont fait des efforts pour s’aligner sur ses traces et ne brisent pas la continuité esthétique. Les couleurs ne font pas dans la variété, et stagnent quasiment tout le temps dans des tons chauds un peu maladifs. De là à dire que ça gêne la lecture ou que c’est un défaut ce sera probablement une question de ressenti personnel.

Sortez les pop-corns, l’A-Team débarque en comics ! Ou presque, puisqu’il s’agit des losers avec leurs couteaux, leurs bazookas, leurs snipers, leurs flingues, leurs plans d’infiltration relevés dans des oignons, leurs plans d’évasion casse-cou, leurs gags à tire-larigot, leurs répliques cinglantes. The Losers, c’est de la détente décomplexée avec des balles qui giclent partout et zéro réflexion. Sans finesse, et fun quoi.