[Review VO] Earth 2 #17

Les points positifs : Des enjeux bien présents La liberté des auteurs C’est beau ! Les points négatifs : Tom Taylor doit encore imposer sa marque La sensation de déjà-vu Un peu trop sombre

« I’d hope we’d have more time but we’re out of time, he’s here. » – General Lane

• Scénario : Tom Taylor – Dessins : Nicola Scott, Trevor Scott – Couleurs : Pete Pantazis – Couverture : Ethan Van Sciver, Hi-Fi
  

• DC COMICS – Earth 2 #17 – 6 Novembre 2013 – 32 pages – 2,99$

Attention pour ceux qui n’ont pas encore lu Earth 2 #16, cette review peut contenir quelques spoilers.

Ce mois m’a semblé long avant de voir enfin débarquer cet Earth 2 #17. En effet, après le cliffhanger d’un numéro 16 d’anthologie, l’attente était insupportable. Pourtant même si le programme ici est plus qu’alléchant, il m’était difficile de ne pas aborder ce numéro avec une petite inquiétude. En effet, James Robinson n’est plus et même si je pense énormément de bien de Tom Taylor, qui a fait ses preuves récemment sur la série digitale Injustice, reprendre l’histoire d’un autre et réussir à se l’approprier n’est jamais chose aisée.

On peut aborder Earth 2 #17 de deux façons différentes, se dire que Taylor a une sacrée chance de débarquer sur un titre avec encore tellement de pistes et de sous-intrigues en route ou au contraire se dire que l’héritage laissé par Robinson peut s’avérer un peu trop encombrant. C’est d’ailleurs bien la chose qui ressort, à mon sens, de ce premier numéro sous l’ère Tom Taylor, on sent que l’auteur veut vraiment poursuivre le travail de son prédécesseur mais qu’il a d’un autre côté l’envie d’imposer très vite sa patte et sa vision des choses. Il y a donc vraiment ce côté partagé assez marqué. Par exemple, après la conclusion de l’épisode précédent, je ne pense pas être le seul à vouloir en savoir plus sur la situation d’Alan Scott mais excepté une petite phrase lors d’un dialogue entre deux personnages, rien à se mettre sous la dent de ce côté là. Je sais bien que l’auteur veut certainement en garder un peu sous le coude pour la suite mais tout de même, certains personnages tombent trop aux oubliettes. Ici, les stars sont clairement Batman, dont on ne connaît toujours pas l’identité, et Superman. Évidemment, je comprends bien pourquoi ils sont mis en avant, ils viennent de faire leur retour sur Earth 2 et ce sont les têtes d’affiche de DC mais le charme de cette série jusque là, était quand même de donner de l’importance à des personnages moins ‘vendeurs’, j’espère donc que Taylor ne l’oubliera pas à l’avenir.

Mais intéressons nous donc à ces deux personnages. Pour le moment, on ne sait pas grand chose sur Superman, à part qu’il est méchant… Certes, un Superman qui a choisi le côté obscur de la force est un personnage très intéressant à traiter. Cependant cela souffre un peu du côté déjà vu, surtout ces derniers temps où j’ai l’impression qu’on nous sert du Superman ou Superman-Like tout méchant, pas beau, vilain à toutes les sauces. Batman, lui, est aussi assez symptomatique de l’ambiance qui règne dans cette série. Violent, sombre, plus proche de l’anti-héros que du super-héros pour le moment et j’ai donc un peu de mal à réellement m’attacher  à lui. C’est bien ça le principal reproche que je ferai à ce numéro, rien n’est là pour donner de l’espoir, rien ne me rappelle pourquoi j’admire et respecte ces personnages et à force d’user de trop de violence et de mort, on perd un peu le fun et le divertissement pur que je veux trouver dans un comic-book de Super-Héros, je suis peut-être de la vieille école mais c’est comme ça !

Me voilà bien embêté car j’avance dans cette review et je me rends compte que j’oublie tout de même les points positifs, parce que malgré tout, Earth 2 #17 est loin d’être mauvais. Pour commencer, Tom Taylor maîtrise sa narration et c’est déjà là l’essentiel surtout pour le début d’un run. En effet, la balance entre l’action et les dialogues est bien trouvée et certains éléments s’annoncent très intéressants pour la suite, comme l’identité de Red Tornado par exemple. De plus, et même si c’est assez contradictoire avec ce que je dis plus haut (mais c’est ma review, je fais ce que je veux de toute façon !), voir certains héros se faire ‘torturer’ de la sorte est assez jouissif. Le départ de James Robinson ne semble avoir rien changé à la liberté quasi-totale dont disposent les auteurs sur le titre et on a vraiment l’impression que tout peut arriver et que personne n’est à l’abri. À une époque où la surprise dans les comics est de plus en plus rare, c’est vraiment agréable. Enfin difficile de parler d’Earth 2 sans noter le travail impeccable de Nicola Scott et de toute l’équipe artistique tant l’encrage et les couleurs renforcent la qualité des dessins. Pour faire la fine bouche, je pourrais juste reprocher à l’ensemble d’être un peu trop sage et  classique. Le numéro précédent étant, d’après moi, beaucoup plus créatif dans le travail sur les couleurs ou dans la mise en page par exemple, mais le tout reste quand même un vrai plaisir pour les yeux.

Au final, difficile de vraiment se prononcer sur ce nouveau départ, qui n’en est pas vraiment un, pris par Earth 2. Tom Taylor semble avoir les idées claires et propose un démarrage plus que satisfaisant pour son run, même si le travail de son prédécesseur semble par moment un peu trop gênant pour lui. Cependant l’ambiance très sombre qui règne dans ce numéro ne sera certainement pas au goût de tout le monde. Bref, un essai qui demande encore à être transformé par la suite pour définitivement s’imposer comme une vraie réussite, mais je suis plutôt confiant.