Les points positifs:
Les points négatifs:
|
« Allez tous vous faire foutre ! Jésus vous hait ! »
- Scénario : Sean Murphy – Dessin : Sean Murphy
- VERTIGO DELUXE – Punk Rock Jesus – 20 Septembre 2013 – 224 pages – 19€
- Preview longue exclusive – Participez à notre concours du 20 au 27 Septembre pour remporter Punk Rock Jesus
Avant de commencer cette review, je tiens à prévenir que cette histoire Punk Rock Jesus n’est pas à mettre entre toutes les mains, et surtout pas entre celles des âmes sensibles. Vous voilà prévenus.
Pour ceux qui ne connaissent absolument pas ce livre décalquant non identifié, sachez qu’il s’agit d’un savant mélange de plein de sujets qui fâchent réunis en une seule histoire où toutes sortes de personnages différents se croisent. Au programme : télé-réalité, religion, pouvoir, terrorisme, rébellion, punk, et famille.
Nous venant tout droit de l’esprit rebelle de Sean Murphy, ce tome est entièrement nouveau, l’histoire est originale et surprenante, et il est clair que l’on se prend très vite d’affection pour tel ou tel personnage et que la haine envers d’autres grandit vite au fil de la lecture. Le style de l’artiste est plutôt clair net et précis, niveau scénario du moins. Il va clairement à l’essentiel sans tergiverser et nous éviter des blancs qui cassent le rythme du livre. Nous allons de révélations en révélations, qu’elles soient divines ou bien tordues. L’auteur ne cesse de nous surprendre par une violence malsaine qui se dissimule sous une guerre de pouvoir, d’argent, mais aussi d’une quête de personnalité.
En fait, Punk Rock Jesus, commence ni plus ni moins que par l’introduction d’un personnage qui perd ses parents, avant de se perdre plus tard dans la violence de l’IRA, Thomas McKael. Qui jouera un rôle important dans cette histoire. Puis nous faisons un saut dans le présent (enfin en 2019), et nous rencontrons les protagonistes du projet J2, qui n’a pour simple but que de cloner le Christ. Rien que ça, à partir d’ADN récolté du Saint Suaire, et tout ça, dans une émission de télé-réalité. Déjà, ici, nous avons quelques points qui fâchent tels que le clonage, et surtout le clonage du Christ. Juste ces points là peuvent faire tiquer certains lecteurs, mais vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Nous rencontrons des personnages que l’on va aimer tels que le Dr Steiner, Gwen (la mère porteuse), ou encore Chris, le clone.
Ainsi, nous suivrons les aventures de ce jeune Chris, à travers des épisodes de sa vie, certains agréables, certains difficiles. S’il est bien une chose à souligner, c’est ici la violence qui entoure ce gamin. Problème de violence et d’alcoolisme dans son entourage, manipulation médiatique pour faire croire au miracle, endoctrinement d’un pitchoune, tout ce qui fera grandir en vous cette haine envers celui qui dirige toute cette affaire : Slate. Le gamin grandira, épaulé par Thomas son garde du corps, le Dr Steiner, sa mère, et Rebekah son amie.
Cependant, comme si les choses n’étaient déjà pas assez dures pour ce petit, voilà que sa mère va en baver sévèrement, donnant lieu à des scènes d’une violence sans nom, qui sont atrocement retranscrites dans les planches et expressions des personnages. Et à partir de là, nous assistons à la rébellion de Chris et à une montée de violence infinie. Chris partira en guerre contre les manipulateurs qui veulent lui dicter sa vie, avec en fond, l’univers Punk, qui symbolise la rébellion ultime. Mais comme vous vous en doutez, quand le clone du Christ se rebelle contre la religion et dit tout haut que le Christ n’en a strictement rien à foutre de ses agneaux, la réaction est intense. Les athées se rangent de son côté, et les nouveaux catholiques s’insurgent. Ce qui donnera lieu à de terribles affrontements.
L’évolution du personnage est magnifique, il devient le messie d’une nouvelle génération, qui n’a plus foi en Dieu et toutes ces conneries. Cet arrière-plan de Punk et de violence est perpétuel, et si l’on pouvait croire qu’il en était fini du projet J2, des révélations vont venir ré-enclencher une vague de violence intense. Que l’on soit clair, Slate, le grand gourou de toute cette histoire, n’est qu’un grand enfoiré de première, mais en face de lui se trouve une famille qui lève le voile sur la supercherie de son plan, une famille blessée et manipulée, avec un faux Chris(t), un ancien terroriste de l’IRA, et des révélations publiques qui font mal.
Cette histoire qui mêle religion, terrorisme, amour, rébellion, à comme un arrière-goût de dénonciation publique de l’auteur. Mais cette dénonciation trouvera facilement un écho dans le cœur des lecteurs, car ce récit bien que futuriste, n’est pas entièrement fictionnel. Si Sean Murphy a puisé dans son vécu, ses influences de jeunesse, il fait aussi la critique d’une société qui va mal, qui pour l’argent serait prête à faire n’importe quoi, surtout si l’on peut manipuler les foules avec. C’est cet esprit rebelle qui fait le charme de l’auteur.
Les planches de Sean Murphy sont parfaites pour illustrer l’ambiance si particulière du titre. Exit les couleurs, place au noir et blanc, aux traits angulaires qui définissent le style de l’artiste, aux designs quelques fois surchargés de traits qui paraissent alors brouillon. À voir certaines cases, on dirait que lui même s’énerve sur ces dessins tellement l’histoire lui tient à cœur. La violence puise sa force dans ces traits si particuliers et ce noir et blanc. Il y a fort à parier que les couleurs auraient ici nui au titre.
En bref, Punk Rock Jesus c’est violent, dénonciateur, rebelle. Une histoire qui plaira aux fans de comics, comme de Punk, comme à ceux qui veulent secouer le cocotier de cette société actuelle gérée par les médias et la religion.
Si je devais résumer tout ceci, je dirai simplement : Merci Mr Sean Murphy pour cette bombe lâchée qui fait à la fois tellement de mal mais aussi tellement de bien. Merci.
Géniale Harley!!!
Je cours à ma boîte aux lettres voir s’il est arrivé^^
Super! Je vais l’acheter.
C’est quand même bien plus subtil que le pamphlet athéiste anti-religion qu’on pouvait craindre.
En rattachant le personnage de Chris à la mouvance Punk, Murphy le renvoie à la réalité du genre, caractérisé par un idéalisme très naïf et un anti-conformisme tenant essentiellement à la rébellion adolescente. Sur la fin, Chris devient presque exactement ce qu’il voulait combattre et on comprend que la critique portait moins sur la religion en tant que telle, le vrai protagoniste étant d’ailleurs lui-même croyant, que sur ce qu’il appelle « blind idealism », l’idéalisme aveugle.
Je viens juste d’aller le recevoir. Je fus le premier du magasin à l’avoir. Assez heureux en fait. Je vais le lire de ce pas.
Je n’ai jamais été autant en accord avec la quasi unanimité des critiques au sujet d’un auteur. C’est pour des gars comme lui que j’achète des comics, tout simplement.
Je viens de le finir, honnêtement c’est bien écrit, les dessins sont sublimes et j’adhère totalement à l’esthétique punk du bouquin, d’autant plus qu’elle fait sens ici. C’est une vraie claque que cette mini-série, c’est de la littérature, comme souvent chez Vertigo, et cette œuvre mériterait d’être connue du grand public, c’est maîtrisé, tout est parfaitement juste et bien dosé, et l’on ne sombre jamais dans la caricature. Bravo à Sean Murphy.
Vous me donnez envie avec vos bêtises !
Tellement bien! Beau, intelligent, remuant, émouvant! Woawou!
Un tome 2 est-il prévu ?
Non, toute l’histoire est présente dans ce tome.
Mon Dieu (si je puis me le permettre) que j’aime cette oeuvre. Sean Murphy nous a pondu ici un bijou. C’est beau, très beau, dérangeant, on en sort pas « indemne ».
J’espère qu’un jour Sean Murphy fera une histoire indépendante sur le personnage de Thomas qui pour moi le mérite !
Pour moi ce livre est une perle rare. Un pamphlet très violent et empreint d’une dénonciation et d’une apathie légendaire. Sérieusement à lire absolument pour chaque personne qui a un moment ne c’est pas sentit bien dans sa peau.