[Review VO] Superman Beyond : Man of Tomorrow

Les points positifs: Les planches de Ron Frenz Des thématiques intelligentes La famille Luthor Les points négatifs: Une fin très décevante Howard Porter

« Is that my existence now ? A caretaker of the past ? Or worse, another relic ? » – Superman

• Scénario : J.T. Krul, Paul Levitz, Tom DeFalco, Ron Frenz – Dessin : Renato Guedes, Ron Frenz, Sal Buscema, Howard Porter

• DC Comics – 24 Avril 2013 – 192 pages – 16.99$

Apparu pour la première fois à la télévision en 1999 sous l’impulsion du célèbre Bruce Timm, l’univers Beyond met en scène les héros de l’univers DC dans un futur proche. Batman Beyond, plus connu sous le nom de Batman : La Relève en France, pose les bases de cet univers censé faire suite aux précédentes productions animées de Timm, à savoir Batman TAS, Superman TAS et Justice League. Dans ce futur hypothétique, on retrouve un Bruce Wayne désormais trop âgé pour défendre la veuve et l’orphelin, et qui a décidé de déléguer cette tache au jeune Terry McGinnis. Ce dernier accepte d’enfiler le costume de Batman, et devient alors le nouveau protecteur de Gotham City.

Après avoir rejoint la Justice League dans ce qui restera un des meilleurs épisodes de la série animée, Terry découvre que Superman, qui arbore désormais quelques cheveux blancs, subissait depuis plusieurs années les manipulations de Starro, ennemi historique de la JLA. Une fois libéré, Superman prend conscience du monde ultra-moderne qui l’entoure et décide de s’exiler loin de l’humanité, laissant à la nouvelle génération de héros le soin de protéger la Terre.

C’est en partant de ce postulat de départ pour le moins complexe que J.T. Krul, Paul Levitz, Tom DeFalco et Ron Frenz ont imaginé la suite des événements, tentant de réintégrer Superman dans un univers Beyond qui a bien évolué depuis.

Notre histoire débute alors que Terry, bien aidé par un Bruce Wayne aigri et retranché dans sa Batcave, enquête sur une arrivée massive de criminels à Gotham City. Des criminels qui transportent avec eux un tout nouveau genre de drogue qui prend la forme de pilules contenant de minuscules fragments de Kryptonite.

Paul Levitz, qui scénarise ce premier chapitre, extrait de Superman/Batman Annual #4, nous fait suivre pas-à-pas l’enquête de Batman, qui le conduit tout droit à Métropolis. Mais ne vous y trompez pas, malgré l’omniprésence de Batman dans ce chapitre introductif, le retour de Superman est amené de très belle manière et occupe une place importante dans le récit.

Il est d’ailleurs intéressant de voir la façon dont Levitz alterne entre le point de vue de Terry face à une ville qu’il ne connaît pas, et celui d’un Superman déboussolé face à une ville qu’il ne reconnaît plus.

Par ailleurs, la capacité de Kal-El à vieillir plus lentement que la moyenne des humains le condamne à survire à la mort de ses proches. On retrouve donc là un Superman assailli d’interrogations, plus seul que jamais, et qui cherche sa place dans ce monde qui n’est plus le sien.

Il tentera de se prouver qu’il est encore capable d’assurer son rôle de super-héros, tout en essayant de démontrer aux habitants de Métropolis que l’Homme d’Acier n’est pas rouillé malgré le temps qui passe.

Du coté de la partie graphique, on a malheureusement affaire à un Renato Guedes en petite forme, qui nous livre des planches à la qualité bien décevante, desservies par des couleurs très froides.

Sans tomber dans la médiocrité, le travail de Guedes n’atteint jamais le niveau de qualité affiché par le dessinateur sur sa série régulière Constantine, et nivelle cette sympathique histoire de Superman vers le bas.

L’idée d’un Superman tourmenté et en mal de reconnaissance est développée dans le second chapitre de l’ouvrage, écrit par Tom DeFalco. Le scénariste nous sert un épisode classique dans sa construction, où Superman tente tant bien que mal d’arrêter Armorgeddon (oui, on a fait plus original comme nom de vilain), un méta-humain tout juste échappé de prison. Bien que très creux, le personnage d’Armorgeddon rempli son contrat de vilain « old school » sans réellement briller.

Là où Renato Guedes livrait des planches aux couleurs sombres, Ron Frenz et Sal Buscema prennent le chemin inverse en se rapprochant d’un style très « cartoon », où l’on retrouve presque le trait si particulier de Bruce Timm, les épaules carrées en moins. Le résultat est absolument remarquable et se détache du travail de Guedes, ou d’Howard Porter sur le troisième et dernier chapitre.

Le récit qui constitue la troisième et dernière partie de cet album est probablement le plus décevant de tous.

J.T. Krul, qui se charge d’écrire le scénario de ces épisodes à l’origine destinés au marché du digital, amène l’idée d’un Superman dépassé par la nouvelle technologie. Un problème qui se matérialise ici par l’apparition d’une nouvelle Division de Police équipée de nanotechnologie et d’armures high-tech. Ces systèmes modernes permettent aux officiers de bénéficier des mêmes pouvoirs que Superman, transformant l’Homme de Demain en un simple représentant de l’ordre parmi tant d’autres.

Et pour ne rien arranger, une nouvelle menace fait surface à Metropolis en la personne de Lucinda Luthor, fille illégitime de Lex. Manipulée par une Intelligence Artificielle conçue par son père, Lucinda va très vite reprendre les mauvaises habitudes de son paternel, et tenter de réussir là où Lex avait échoué, en exterminant le dernier des Kryptoniens.

Sur le papier, ce récit en 10 parties semble alléchant, mais à la lecture, on se rend vite compte du caractère bancal du scénario.

Plusieurs incohérences mettent à mal le travail de Paul Levitz et Tom DeFalco dans le même ouvrage et l’histoire, qui démarrait pourtant très bien, se termine dans un festival de grand n’importe quoi laissant la part belle à des Deus Ex Machina dignes d’un épisode des Power Rangers.

Les dessins d’Howard Porter sont ratés, tout particulièrement les expressions faciales, bâclées au possible. Mais pouvait-on vraiment en attendre plus d’un travail de commande effectué à la va-vite pour une publication numérique secondaire ?

Le traitement des personnages de Superman et Lucinda est néanmoins très intéressant, notamment la relation qu’entretient la jeune femme avec la version virtuelle de son père. Malheureusement, cela ne rattrape pas les défauts cités plus haut, qui achèvent de faire de cette dernière histoire une belle déception.

À noter les caméos de différents personnages de l’univers DC, qui permettent d’inscrire définitivement ces trois histoires dans la continuité de l’univers Beyond, lançant au passage quelques pistes pour l’avenir de la franchise.

Superman Beyond n’est pas une grande histoire mais vous fera toutefois passer un agréable moment. Plombé par des scénarios oscillant entre le bon et le très moyen, et pénalisé par des dessins loin d’être extraordinaires, cet album permet toutefois d’observer un Superman plus vulnérable qu’à l’accoutumée, tant physiquement que psychologiquement. Un second tome étant prévu pour l’année prochaine, on croise les doigts pour que les auteurs corrigent les défauts de cette première aventure et nous offre un nouveau Elseworld de référence.