[Review TV] Batman et Red Hood : Sous le Masque Rouge

Les points positifs : Lourd en émotions Bande-son aux petits oignons Les flashbacks Les points négatifs : Euh… les Fearsome Hand of Four ? Sérieusement ? Les raccourcis par rapport au comics Les scènes de violence, réservant le film à un public averti

« This is the best day of my life. » – Jeune Jason Todd

• Batman et Red Hood : Sous le Maque Rouge – 2010

• DVD/Blu-Ray – 1h15 – Réalisation : Brandon Vietti – Scénario : Judd Winick – Production : Bruce Timm et Bobbie Page

Basé sur l’arc Under The Hood, qui s’est étiré de février 2005 à avril 2006 en regroupant les numéros #635 à #650 ainsi qu’un Annual, le film d’animation Batman : Under the Red Hood est le huitième des projets DC Universe Animated Original Movies, ainsi que le deuxième exclusivement centré sur le personnage de Batman, après le hasardeux Gotham Knight. Il raconte l’arrivée à Gotham d’un mystérieux personnage affublé d’un masque rouge, le Red Hood. Lors de la sortie du comics, le succès avait été retentissant, et avait eu des conséquences permanentes sur la mythologie de Batman, introduisant ce nouveau justicier aux méthodes radicales dans la Bat-Family, jusqu’à lui consacrer sa propre série dans le cadre du New 52 (Red Hood And The Outlaws). Préparer le public à cette nouvelle série, peut-être était-ce là le but de cette adaptation ? Dans tous les cas, elle est plutôt réussie.

Red Hood est Jason Todd. Voilà, c’est dit. Ne criez pas au spoiler, puisque Batman : Under The Hood s’ouvre sur la fameuse scène où Jason Todd trouve la mort, tabassé au pied-de-biche par le Joker, avant de partir en fumée dans l’explosion du hangar où le clown maléfique l’avait enfermé au préalable. Si ce n’est pas dit explicitement que le Red Hood qui apparaît dans les minutes qui suivent est en réalité le second sidekick de Batman, les spectateurs perspicaces auront fait le lien. Par ailleurs, seuls les tout débutants dans le Bat-Universe ignorent à l’heure actuelle la réelle identité du Red Hood, puisque le personnage est devenu récurrent par la suite, et son vrai nom n’est un secret pour personne.

Mais pour Batman, au moment où il s’y frotte pour la première fois, c’est encore un secret, qu’il va tenter de percer à jour, tandis que Red Hood se heurte à Black Mask dans une lutte pour le contrôle du trafic de drogues à Gotham. Soulignons que Red Hood met un point d’honneur à interdire à ses sbires de dealer près des écoles, la figure du anti-héros se construit gentiment. On suit en conséquence deux histoires en parallèle : d’une part l’enquête qui occupe Batman et l’emmènera à l’étranger rencontrer un de ses vieux amis, d’autre part le conflit entre Black Mask et Red Hood, dans lequel Batman va inévitablement s’interposer.

Le scénario est bien ficelé, et même s’il met en scène le Joker pour la énième fois, ce dernier est en retrait par rapport aux personnages de Red Hood et Black Mask, le mafieux à la tête de mort en guise de visage, ici plus irascible et moins effrayant que dans le comics d’origine hélas. On regrettera également que la révélation de l’identité réelle du Red Hood soit mal amenée, on sent venir l’embrouille à des kilomètres. D’un autre côté, comme expliqué en introduction, ce n’est un secret pour personne que Jason Todd et Red Hood soient une seule et unique personne, mais pour un non-initié le coup du chapeau tombe hélas à plat. Outre Black Mask et Red Hood, on se délecte de l’apparition de Nightwing, dont la présence en tant qu’ex-premier Robin apporte plus de relief à la perte de Jason Todd. Les lecteurs du comics déploreront cependant l’absence de Deathstroke et de ses acolytes Captain Nazi, Hyena et le Comte Vertigo, ici remplacés par un commando de ninjas mécanisés dépêchés par Black Mask et baptisés les Fearsome Hand Of Four. Ces quatre inconnus, car hormis leur figuration dans ce film ils n’apparaissent nulle part, ont le charisme d’une poubelle vandalisée, et un combat contre les trois vilains poussiéreux précédemment cités aurait eu bien davantage de panache.

Parlons-en des combats. Il faut dire que l’action n’est pas le point fort de ce film, davantage tourné vers les sentiments. Deux scènes de course-poursuite où Red Hood tente d’échapper à Batman apportent du rythme au long-métrage, l’occasion d’étaler l’agilité de Jason Todd sur une musique haletante, et de mettre en valeur l’animation, notamment dans les mouvements fluides des véhicules. Citons aussi un combat qui oppose Batman et Nightwing à Amazo, et un deuxième, plus impressionnant, qui oppose Batman à Red Hood. Ce dernier est particulièrement captivant, puisqu’il est entrecoupé de répliques poignantes, et souligne la puissance de Red Hood qui, en s’autorisant le meurtre, semble avoir dépassé son maître. Les coups fusent, les murs se craquellent, et tandis que Batman est poussé dans ses retranchements il redouble de brutalité, pour offrir au spectateur un duel violent et jouissif, qui aboutit à la confrontation finale de Red Hood et Batman, la confrontation de deux visions opposées de la justice et de la morale, un face-à-face alourdi par les souvenirs et l’attachement mutuel des deux personnages. Tandis que ces titans se dévisagent, le Joker, tel un Dieu ricanant et aveugle, profite du spectacle comme un ado gras puisant dans un paquet de pop-corn. Cette scène particulièrement réussie reprend quasiment au mot près sa consoeur du comics d’origine, et c’est tant mieux.

Plus mélancolique que captivant, ce film d’animation est riche en émotions. Grâce aux nombreux souvenirs qui viennent affecter Bruce Wayne et le spectateur sous la forme de flashbacks, la mélancolie gonfle l’intrigue, la poussant vers la confrontation finale où elle laisse tout le pathos s’échapper comme une soupape, sans toutefois hisser le film au niveau des chefs d’oeuvre d’animation comme The Dark Knight Returns. 1h15 fort sympathique, mais on préférera le comics d’origine, qui propose une plus belle galerie de personnages. Très bien, mais pas magistral.

UN DEUXIÈME AVIS C’EST BIEN AUSSI !!

Avant toute chose, ce qu’il faut savoir sur Batman et Red Hood : Sous le Masque Rouge, c’est qu’il n’est pas réservé à tout public et pour cause. Cet animé est sacrément violent, et l’acharnement est à la fois physique et psychologique. L’histoire est mythique et a sacrément bouleversé notre Batou, enfin cela dit c’est normal. La force de cet animé résulte de la force de l’histoire, de la bande son qui est géniale à souhait mais aussi de graphismes soignés (hors design de certains personnages). Tout n’est pas retranscrit dans cet animé, comme dans toute adaptation il manque certains petits éléments mais l’essentiel y est. Les caractérisations des personnages principaux sont bien respectées avec un Black Mask au top de sa forme.

Un animé qui cogne, à ne pas mettre entre toutes les mains. L’une de mes scènes préférées de tout animé confondu vient de celui-ci : le Joker et ses chips face à Black Mask. C’est peut-être pas extraordinaire mais je ris à chaque fois. (Et puis en VO le doublage de Red Hood par Jensen Ackles, c’est plutôt bien bien bien aussi.) Enfin bon, c’est quand même top et âmes sensibles s’abstenir.

– Harley