Review VF – Superman : Pour Demain

Les points positifs: Le dessin de Jim Lee Quelques bonus intéressants Nouvelle vision de Superman… Les points négatifs: … Pas assez développée Un dénouement quasi bâclé. Le potentiel des personnages secondaires, gâché par une écriture maladroite.

• Scénario : Brian Azzarello – Dessin : Jim Lee

• DC Essentiels – 22 Mars 2013 – 344 pages – 28€

En 2004, après le succès de Batman Silence (bientôt chez Urban Comics) DC décide de confier à Jim Lee un arc de l’autre héros emblématique de la firme, Superman. Et chose étonnante, c’est vers Brian Azzarello que la direction éditoriale de l’époque s’est tournée pour l’écriture du scénario. L’homme est un habitué du polar et des histoires sombres et le choix de ce dernier pour écrire une aventure de Supes fut alors une surprise.

Fidèle à lui-même, Azzarello nous expose l’homme d’acier sous des coutures que l’on ne connaissait pas auparavant : Superman a perdu foi en l’humanité et revendique une espèce de statut divin, peut-être un peu trop appuyé par des pages de Jim Lee qui n’hésite pas à insister sur l’aspect christique du boy-scout (On est en effet très loin de l’allusion subtile, quand on voit Clark lévitant en costume, devant un prêtre qui s’agenouille, le tout sur fond de vitraux de cathédrale, on comprend assez vite le message.) Toute la force du scénario repose sur le traitement de son protagoniste : notre homme d’acier parait à la fois faible et puissant. Faible puisqu’il vit ici une véritable « traversée du désert » : il a été incapable d’empêcher la disparition soudaine de plusieurs milliers de personnes dont sa propre femme, Lois Lane ; puissant car notre homme d’acier n’a jamais été aussi sur-humain, tant la distance qui existe entre Kal-El et le genre humain semble grande dans ce volume.

Avec tous ces postulats, on pourrait penser qu’Azzarello nous livre une histoire majeure de Superman, toutefois, l’oeuvre ne fera sûrement pas date pour son contenu diégétique. Et pourtant, elle en avait les moyens : les personnages créés pour l’occasion avaient beaucoup de potentiel :Le père Leone (qui doit probablement son nom au grand Sergio) , à qui se confie le kryptonien est plutôt bien écrit dans la première partie de l’arc et représente une sorte de « contraire » de notre héros, dont le destin sera opposé à celui de Superman,  et M.Orr, personnage mystérieux, lié à une organisation dont on ne sait pas grand chose, est un ennemi très charismatique qui aurait pu faire date, si Azzarello avait vraiment insisté sur les intentions de ce mercenaire.

Le potentiel de ces deux intervenants est gâché par la fin de Pour Demain, qui vire presque brutalement à la science-fiction, genre que ne semble pas maîtriser Azzarello, qui peine à faire quelque chose de cohérent à ce niveau. Le combat final semble bâclé et le traitement du père Leone est tout bonnement scandaleux tant le scénariste sombre dans la facilité. Toutefois, l’extrême dénouement de l’album nous laisse sur une note positive : Superman a trouvé sa nouvelle place dans le monde et redéfinit son rôle.

Certes, l’œuvre est quelque peu « plombée » par les défauts susmentionnés, toutefois certains éléments sont bien traités : Les apparitions des membres de la Justice League sont justifiées et bénéficient d’un soin tout particulier, notamment celle de Batman, que l’on voudrait voir plus souvent sous la plume d’Azzarello. Le dessin est quand à lui le gros point fort de l’œuvre : Jim Lee est au sommet de son art et nous livre des illustrations magnifiques, pendants diurnes de celles de l’arc Batman, Silence. Superman évolue dans un monde lumineux et apparaît véritablement comme un héros majestueux, tant le trait du dessinateur lui sied bien.

Pour Demain n’est probablement pas la meilleure histoire de Superman, son début est très impressionnant et nous fait espérer une suite bien meilleure que celle que nous livre Azzarello, dont le travail n’est certes pas mauvais, mais qui semble avoir du mal à écrire un personnage aussi puissant, ce qu’il parviendra pourtant à faire à merveille en donnant une vision toute nouvelle de l’Olympe dans la version New 52 de Wonder Woman. Fan de Jim Lee ? Ruez-vous sur cet album, montrant l’art de votre dessinateur favori à son apogée. Sinon, passez votre chemin, il y a tellement mieux à lire sur notre extra-terrestre préféré.