« He will do it because it is impossible » – Noah
- Scénario : Grant Morrsion – Dessin : Rag Morales, Brad Walker – Couleur : Brad Anderson
Si l’on peut au moins s’accorder sur une chose au niveau du run de Grant Morrison sur Action Comics, c’est qu’il est pour le moins chaotique. Alors que ce chapitre #18 arrive enfin pour conclure le travail de l’auteur britannique, certains n’y verront que le délire d’un illuminé sous acide, véritable apologie de l’abus de substances illicites. Toutefois, si l’on prend la peine de regarder les choses plus en détails, il suffit d’un rien pour avoir envie de dire qu’il s’agit de l’une de ses œuvres les plus ambitieuses et des plus réussies. Si l’on excepte l’indétrônable All-Star Superman, Grant Morrison est probablement l’auteur qui connait et comprend le mieux ce qu’est Superman et ce run en est la preuve concrète.
Assommant de concepts, d’idées pas toujours bien exploitées et surtout données aux lecteurs de manière bien trop énigmatique pour que la lecture soit un vrai plaisir pour tout le monde, ceux qui connaissent les tendances de l’auteur et l’essence même du personnage de Superman en seront pour un trip ahurissant, d’une qualité assez improbable. Heureusement d’ailleurs que DC a permis à Morrison d’avoir un numéro de plus pour mener à bien son histoire parce que même avec plus de pages, certains passages aurait mérité d’être plus développés. Mais l’entreprise de conclure ce run est colossale et lorsque je lisais le numéro #17 j’aurai parié que l’anglais allait se planter. La bonne surprise est que ce chapitre #18 est sans doute le plus accessible et le mieux réussi de tous (je ne compte pas les hors-série comme le #0, etc.).
Le combat final contre Vyndktvx prend toute sa dimension (c’est le cas de le dire) dans ces dernières pages. La Terre, ou devrais-je dire les Terres ainsi que leurs habitants sont en danger de disparition totale et cette finalité est très bien retranscrite dans une tension permanente, menée d’une main de maître du début à la fin. Cet ultime combat représente sans aucun doute le plus difficile pour tout ce que représente le Kryptonien. Tout cela se révèle finalement lorsque le Man of Steel fait appel aux terriens pour mettre fin à l’ennemi.
En fait ce qu’il faut retenir de tout cela, encore une fois, n’est pas vraiment ce que l’auteur nous dit, mais plutôt ce qu’il veut nous faire comprendre. Son travail est une ode au symbole qu’est Superman, en tant que force du bien que rien ne peut stopper. Et cela n’a rien à voir avec ses forces physiques ou ses pouvoirs. Il s’agit ici de sa force de conviction, d’une volonté inébranlable de ne jamais baisser les bras, peu importe la puissance de l’ennemi. Dans un sens, cela rappelle un peu ces histoires du Golden Age qui ont rendu le personnage de Superman si peu intéressant aux yeux des non connaisseurs. Vous savez, ces phrases que l’on entend souvent comme « Superman il est trop fort », « c’est nul Superman gagne toujours », « ce n’est franchement pas intéressant, c’est toujours lui meilleur, le plus gentil… ». Ces phrases qui donnent envient de frapper ceux qui les utilisent. Mais qu’importe, Superman c’est aussi ça après tout. Là où Morrison est un grand auteur, c’est qu’il parvient tout de même à donner une réelle humanité au personnage, il ne s’agit pas de faire de Superman un distributeur de coup de poing, mais de justement annuler tous ces artifices pour ne révéler que la quintessence du personnage.
Visuellement c’est encore une fois très inconsistant. Morales semble tout même mieux maitriser les proportions et ces expressions faciales m’ont paru plus naturelles. Il est bien dommage que le découpage des cases ne rend pas hommage à la folie dimensionnelle de l’auteur. Si au niveau artistique les choses avait été mieux maitrisées du début à la fin, peut-être aurait-il était plus simple d’entrer dans le conte de Morrison.
Ce run d’Action n’est rien d’autre qu’une lettre d’amour au personnage de Superman, célébrant son héritage et l’ensemble de son univers, déterrant des éléments qui avaient sombré dans l’oubli pour leur redonner quelques instants de lumière. J’ai envie de cirer au génie, mais le problème c’est que cette histoire laissera bien trop de monde sur le carreau, faisant de cette petite pépite une lecture élitiste. Du Grant Morrison dans toute sa splendeur.
Donc rassure-moi, cette fin de run est bien mieux écrite que le début ?
Perso, je n’ai pas osé aller au-delà du #8 tellement je me suis emmerdé (pardonnez mon langage).
Maintenant, si toi mon cher Nathko me conseille absolument d’aller jusqu’au bout… peut-être accepterais-je de mettre temporairement de côté mon hostilité envers Morrison.
Le problème, comme je le dis, c’est que c’est du pur Morrison et pas l’accessible de All-Star mais plus dans le genre Final Crisis. Ce #18 de conclusion permet de retomber assez proprement sur ses pattes par rapport aux précédents numéros et on se rend enfin compte de ce que l’auteur a voulu faire. Surtout que moi en tant que gros fan de Superman et de ce qu’il représente, ça m’a parlé.
Personnellement je suis content d’avoir fait l’ensemble même si le chemin n’est pas facile. Si je prend en considération ce que tu as écrit sur Odyssey il est probable qu’en refermant ce numéro tu ne sois plus aussi ferme sur tes position concernant Morrison.
C’est exactement ce qu’il a voulu raconter en peu de temps, ce que 75 ans a raconté sur Kal-El. Il reprend le modèle de Jerry Siegel, un Sperman plus humain. Du premier numéro jusqu’à celui-ci, il a emprunté des éléments déjà existant. Son écriture n’a pas comme but de développer plus une histoire, ce sont des tableaux qui réfèrent à la mémoire de Superman dans le temps, au goût du jour. Il a aussi créé certains moments de son cru sans dénaturé le message premier des valeurs du kryptonien: c’est ce qui a toujours primé.
Sûrement ta meilleur critique sur Morrison.