A chaque année son récit événementiel chez DC Comics. Absolute Power est le dernier en date après Beast World, Knights Terrors ou encore Planet Lazarus, qui ont chacun semé une graine menant à aujourd’hui. Comme pour le dernier nommé, ce sont Mark Waid et Dan Mora qui sont aux commandes du récit principal, qui est néanmoins accompagné de beaucoup d’autres comme nous le verrons.
Absolute Power : un blockbuster efficace
Comme à son habitude et pour bien contextualiser le récit, Urban Comics propose un petit édito centré sur Amanda Waller, véritable antagoniste d’Absolute Power, qui nous explique comment son plan de longue haleine s’est mis en place pour en arriver jusqu’ici. On ne plonge néanmoins pas vraiment dans l’événement en lui-même puisque nous sont proposés plusieurs prologues, preuve que l’éditeur veut bien faire les choses et nous proposer une expérience complète. En réalité, ce premier tome ne contient que deux numéros de la série principale, entre lesquels sont compilées une multitude de numéros (liste à retrouver ici) tirés d’autres séries qui se sont mises à la couleur de l’événement.
Ces numéros “tie-in” sont chacun d’une qualité et d’une utilité variable. Il s’agit surtout de dépeindre plus en détail comment les manœuvres de Waller affectent les différents groupes de héros, afin de réellement faire vivre l’évènement. On retiendra surtout le numéro de Superman par Joshua Williamson qui se démarque par les fabuleux dessins de Jamal Campbell, complètement au niveau de Dan Mora qui officie sur le titre principal, mais aussi par ce qu’il met en place pour la suite : une véritable résistance organisée. En réalité, chaque numéro sème des graines qui seront utilisées par la suite, mais pas toutes aussi passionnantes les unes que les autres.
S’ajoutent à ceux-ci une série secondaire accompagnant la principale, Absolute Power: Task Force VII, qui s’intéresse aux personnages qui, eux, n’ont pas de titre pour s’exprimer. Le numéro #3 se veut particulièrement intéressant, déjà pour l’avancement d’une seconde résistance, mais surtout parce qu’il parvient à complexifier un robot Amazo. C’est largement bienvenue dans la mesure où l’on a déjà vu 50 fois ces automates siphonneurs de pouvoir, marquant un manque d’originalité de la part de Mark Waid. On peut néanmoins apercevoir dans la nouvelle version des robots Amazo un potentiel de commentaire sur l’incapacité fondamentale des I.A à créer. Celles-ci ne peuvent que reprendre le travail d’autres artistes, comme l’Amazo du (fatigant) numéro de Tom King qui récite du Lewis Caroll.
Mark Waid semble assez concerné par les questions d’intelligences artificielles, véritable sujet d’actualité pour les artistes comme lui, puisqu’elles constituent une nouvelle fois (après Batman/Superman: World’s Finest Tome 3) une force largement négative. Il est particulièrement pertinent de démarrer Absolute Power avec une immense vague de désinformation opérée à l’aide d’images artificiellement réalisées (comme une mise à jour du récit Legends, mentionné justement dans le prologue de l’éditeur), ce qui constitue une menace politique majeure aujourd’hui. Dommage que cela ne constitue qu’un outil vite expédié tant il y avait le potentiel de l’explorer davantage.
En somme, ce premier tome d’Absolute Power est un début d’événement solide et bien plus accrocheur que ceux qui l’ont précédé. Mark Waid nous propose un blockbuster très efficace, serti de problématiques bien actuelles pas toujours utilisées à leur plein potentiel, et magnifiquement mis en scène par un Dan Mora toujours au top de sa forme. Les fans complétistes seront ravis de voir que l’éditeur compte bien proposer une expérience complète, quitte à ce que l’intrigue n’avance pas énormément ici.
