Après plusieurs parutions entre 2020 et 2023, la saga DCeased, ou l’elseworld « zombiesque » réimaginé par Tom Taylor (Injustice 1, Injustice 2, Nightwing Infinite…), trouve enfin sa conclusion dans ce cinquième tome appelé étrangement DCeased 3. On monte d’un cran dans l’échelle de la destruction apocalyptique avec le croisement de toute une ribambelle de personnages prête à sortir les griffes et les dents. Cette fois-ci, la menace provient de Darkseid lui-même et de son armée de Néo-Dieux. Mais est-ce une bonne façon de tirer sa révérence ou bien est-ce que cela signifie trop tirer sur la corde de la redondance?
Une menace de déjà-vu juste pour le spectacle
Si une certaine scène de DCeased 2 n’était pas apparue vers la fin du tome, la saga DCeased aurait pu se conclure sur une note simple et positive grâce à l’action salvatrice des jeunes héros. Mais c’était mal connaitre le désir de surenchère. Au lieu de cela, on découvrait que Darkseid n’avait pas péri dans DCeased 1, que son désir de conquête était toujours intact tout en étant doté du pouvoir d’infestation de l’équation d’Anti-vie. Ici, on s’éloigne encore plus du concept de Darkseid ou l’équation d’Anti-vie. Le personnage est réduit à une super-arme de destruction massive, un tank, un marteau, qui fracasse tout sur son passage. On est loin de l’image du tyran totalitaire, incarnation personnifiée absolue du fascisme. De même que pour l’équation d’Anti-vie qui n’est plus l’idée de l’abandon de soi – au prix d’une dévotion inconditionnelle, physique comme psychique envers son utilisateur – mais un simple « virus » responsable d’une pandémie cosmique.
Si seulement le scénariste Tom Taylor s’était contenté de cela. Malheureusement, les péripéties vont s’enchainer et grandir chapitre après chapitre. Sans spoiler (bien que cela ne soit presque pas une gène en soi), il s’avère que l’équation d’Anti-vie n’est pas un virus techno-organique, mais une sorte de « sortilège ». Cela veut donc dire qu’il y a un jeteur de sort derrière, et que tout le chaos perpétré depuis le premier volume était voulu depuis le début. Est-ce qu’il y avait le moindre indice à ce sujet après 4 tomes ? Bien sur que non. Cela survient tel un cheveu sur la soupe, et le résultat est ultra manichéen. Le Bien contre le Mal, l’obscurité contre la lumière, le héros contre le vilain. Je m’attendais pas à une vraie réflexion intérieure, mais un peu plus de dilemme moral (comme dans Injustice) n’aurait pas été de refus.
Quantité n’a jamais rimé avec qualité
Après le fond abordé ci-dessus, il est temps de traiter la forme. Ce qui est le plus réussi, c’est le fait de toujours laisser les beaux rôles à la nouvelle génération de héros. On entend par là les nouveaux Batman (Damian Wayne), Superman (Jon Kent), Wonder Woman (Cassie), avec en bonus un Alfred Pennyworth en mode « Ne touche pas à mon fils, sale *$#!+£ ». Il y a des dialogues assez classe notamment entre Damian et Jon ou entre Damian et Alfred, et d’autres qui font sourire lorsque Lobo ou Guy Gardner ouvrent leur bouche. Parmi le reste des héros majeurs, c’est très superficiel. Superman n’est utile que pour ses muscles, le couple Green Arrow/Green Canary pareil, et Cyborg subit une update qui le rend encore plus connecté aux technologies extraterrestres. Ah, on me dit dans l’oreillette que la présidente Lois Lane est aussi utile qu’un crayon blanc. En même temps, les politiciens…
A nouveau, on reprend presque les mêmes scènes d’Injustice avec des face-à-face d’envergure, des morts apparentes de personnages majeurs de l’univers DC et, ce que j’appelle le croisement de pouvoir comme faire porter un anneau de pouvoir (Yellow Lantern) à un Néo-Dieu, pour montrer qu’il est encore plus giga ultra trop puissant. Mis à part, DCeased n’a jamais été vendu pour des lecteurs DC ayant un certain bagage derrière puisqu’il s’agit d’un elseworld, donc d’une histoire en dehors de la continuité et donc on sait que la série ne s’étirera jamais sur plusieurs décennies avec tout autant de scénaristes également. Mais d’un autre côté, DCeased n’est pas réservé aux débutants car il y a beaucoup de personnages, des relations qui se sont déjà développées dans le passé. Rien que pour tous les personnages de la BatFamily ou de la Justice League, il faut accepter certaines vérités.
Quel dommage d’avoir tiré sur la corde en espérant que cela captiverait encore l’intérêt du lecteur. DCeased aurait pu, aurait dû se terminer avec le tome précédent. Ce troisième tome numéroté (ou cinquième volume dans l’ensemble de la série) s’étend vers le cosmique et devient rapidement brouillon en affichant encore plus de personnages, pas moins de 6 planètes, une menace cosmique, puis une menace cosmique +1 encore plus dangereuse. C’est une lecture difficile à conseiller pour les lecteurs novices car ils passeront à côté de beaucoup de références ou d’antécédents vécus entre des personnages. Et d’un autre côté, c’est difficile de voir de l’intérêt car il y a bien mieux en terme de récit post-apocalyptique dans l’univers DC. DCeased représente le minimum syndical avec de la bagarre, du zombie et de la bagarre.
- Scénario: Tom Taylor
- Dessins: Trevor Hairsine
- Collection: DC Deluxe
- Contenu: DCeased – War of the Undead Gods #1 à 8
- Pagination: 208 pages
- Prix: 21€
- Date de sortie: 22 septembre 2023
- Voir sur le site d’Urban Comics
L’Équation d’Anti-Vie s’est répandue sur Terre, condamnant les héros survivants à fuir la planète. Aujourd’hui, ils s’accrochent à la possibilité d’un antidote efficace permettant de guérir les infectés et à l’espoir de retrouver certains de leurs proches. Hélas, la bataille pour la Terre est désormais un conflit embrasant le cosmos entier, entraînant dans sa folie meurtrière même les Néo-Dieux ! La guerre se propage de planète en planète, réduisant lentement mais sûrement les espérances des justiciers.