Et voilà que sort le dernier volume de la série One Bad Day consacrée aux vilains de Batman, mais dont la lecture entre les différents tome peut être prise dans l’ordre que vous voulez. Cette fois, il s’agit de s’intéresser à Clayface, alias Gueule d’argile comme le dirait l’ami Molière. Il ne s’agira pas que d’explorer les origines de ce personnage, mais surtout de s’atteler à explorer le moment où il a basculé dans la démence. Alors, est-ce que le pari est réussi? Mystère et boule de gomme.
Le rêve américain appartient à tout le monde
Vous avez sûrement tous un jour entendu parler du rêve américain où on acquiert la fortune et la gloire. Si la première aspiration n’intéresse nullement Basil Karlo, véritable nom civil de Clayface, la deuxième en revanche porte les traits d’une vraie obsession. En effet, Basil est un acteur, ou du moins il essaie de le devenir, et quel meilleur endroit que la cité des anges Los Angeles, berceau du cinéma américain, pour débuter. C’est ainsi qu’on suivra le personnage tirer son épingle en s’engageant comme serveur à Hollywood, se faire des contacts du métier et bien sur se confronter à la dure réalité de l’offre et de la demande en matière de casting recherché.
Si Basil a une vision propre de l’art dramatique, ce n’est pas le cas des recruteurs, réalisateurs ou producteurs. Et c’est ce qui va beaucoup le contrarier au point de vouloir « forcer » la chance a aller dans son sens…à coups de meurtres en série. La chute du personnage s’annonce inéluctable car il ne peut cacher indéfiniment des cadavres dans son placard, mais le voir se démener, tant bien que mal, en fait limite un comique de situation.
Mais alors Batman, une mauvaise journée ou non?
Ceci est une très bonne question, et il m’a fallu une relecture du tome pour mieux cerner Clayface. Tout en évitant de vous spoiler les révélations, il faut juste prendre conscience que ce récit traite d’un jeune Basil Karlo qui n’a pas encore entamé sa carrière de criminel psychopathe, mais qui semble bien maitriser ses pouvoirs de métamorphose. Alors non, il ne s’agit pas du One Bad Day du à sa transformation, mais plutôt d’une désillusion de ses rêves qui l’ont fait sombrer définitivement. Et je trouve que l’auteur ne met pas assez d’intensité dans cette cascade de désillusion, mais plutôt un enchainement de meurtres qui remonte la chaine alimentaire du grand Hollywood.
Au niveau du dessin, c’est le dessinateur Xermanico qui a été désigné pour accompagné le scénariste dans ces 72 pages. Et c’est très joli pour les yeux. L’artiste fait un très beau travail en ce qui concerne le faciès des gens, leurs expressions et réussit à fournir un effet dynamique lors des déformations physiques de Gueule d’argile. Cela m’a beaucoup fait penser à The Thing de John Carpenter, avec cette créature qui absorbe ses victimes pour prendre leur apparence, même si cela manque d’un tout petit brin de folie au niveau des capacités métamorphiques (A quand une série Black Label avec Gueule d’argile?!!).
One Bad Day : Gueule d’argile est une histoire relativement sympathique à suivre. Certes, il y a des lacunes, mais l’ensemble se lit très bien et parvient à capter notre attention jusqu’à la dernière page. Ce qui est tout à fait louable pour un récit court comme celui-ci (72 pages, rappelons-le). Malheureusement, encore une fois, le titre provient davantage d’une volonté du marketing éditoriale car Gueule d’argile vit plutôt une descente lente dans l’enfer hollywoodien plutôt qu’une mauvaise journée. En tout cas, on est dans le haut du panier en terme d’intérêt de lecture dans cette collection One Bad Day.
- Scénario: Collin Kelly
- Dessins: Matteo Scalera
- Collection: DC Deluxe
- Contenu: Batman – One Bad Day: Clayface #1
- Pagination: 72 pages
- Prix: 15€
- Date de sortie: 6 octobre 2023
- Voir sur le site d’Urban Comics
Basil Karlo a toujours rêvé d’être acteur… ou plutôt d’être le plus grand acteur de tous les temps. Mais lorsqu’il est devenu Gueule d’Argile, sa vie a pris un tournant inattendu. Aujourd’hui, après bien des années de lutte face à Batman, il a décidé de changer d’air. Arrivé dans la capitale mondiale du cinéma, loin de l’atmosphère viciée de Gotham, il s’y forge une nouvelle identité et reprend son rêve où il l’avait laissé. Mais pour arriver à être la star qu’il souhaite devenir, il va devoir façonner Los Angeles à son image…