La voleuse la plus féline a droit également à son récit One Bad Day et sous la plume de G. Willow Wilson, ce qui n’est pas rien. L’autrice a beaucoup d’expérience dans l’écriture et est reconnue pour avoir enchainée plusieurs séries DC et Marvel. Créatrice de l’héroïne Kamala Khan, elle garde à cœur de promouvoir des valeurs d’acceptation et de représentation des minorités dans ses écrits, tout en abordant divers sujets de société et en mettant sur le devant de la scène des personnages féminins forts. La preuve aujourd’hui dans ce récit complet One Bad Day : Catwoman, et plus tard en août avec le premier tome de Poison Ivy Infinite.
On peut oublier le passé, mais on ne peut l’effacer
Sans surprise l’histoire se concentre sur Selina Kyle/Catwoman, mais G. Willow Wilson prend également le temps d’installer le contexte politico-social où évolue l’héroïne. A l’instar de bon nombre de pays qui font les bons jours des médias de l’actualité, l’autrice aborde les inégalités entre les riches et les défavorisés, le coût croissant de la vie ou la mégalomanie des ultra-riches qui jugent de la valeur des objets au nom du fabricant plutôt qu’à son histoire personnelle. C’est dans ce contexte que Catwoman va s’atteler à récupérer (ou voler pour être honnête) un bijou de famille ayant appartenu à sa défunte mère. Et jusqu’à la fin du récit, on pourra se demander si Selina est plus intéressé par la valeur monétaire ou sentimentale de l’objet, elle qui n’a connu que la misère.
Une histoire intéressante mais…
En dépit que l’histoire soit en adéquation avec le personnage de Catwoman, ce qui montre que l’autrice a compris l’essence du personnage, on n’est cependant très loin du concept de One Bad Day car à aucun moment le récit ne montre le personnage sombrer, vriller et perdre le contrôle de sa vie. Au contraire, Catwoman est un personnage qui demeure rationnelle et maitresse de ses choix tout au long de la narration. C’est sûrement dû au fait que Selina est un personnage considéré comme une héroïne, et ce n’est pas cette histoire qui nous fera penser le contraire Je pense que cela aurait parfaitement sied à un numéro Annual ou bien au nouveau relaunch de série sur le personnage, surtout que G. Willow Wilson avait déjà installé beaucoup d’éléments contextuels et de personnages.
… des orientations de choix discutables
Même si j’ai bien apprécié le ton de l’histoire, il y a 3 points qui faisaient défaut à l’immersion. Tout d’abord, Gotham City est bien trop propre pour qu’on ressente visuellement la misère, sachant que l’intrigue se déroule exclusivement pendant la journée ou dans des locaux bien lumineux. Le dessinateur Jamie McKelvie a un style très épuré, il n’y a rien à redire sur son travail. Les personnages sont suffisamment expressifs et le rendu des mouvements est convaincant. Le côté discrétion/furtivité en prend un coup. Puis, la caractérisation de Batman est trop simpliste. Le Chevalier Noir fait trop de concessions à Catwoman alors qu’il est censé avoir un niveau de tolérance sur la criminalité proche du zéro. Enfin, difficiles d’en dévoiler plus sans spoiler, mais quid de la mise en scène des dernières pages? En total décalage.
En conclusion, One Bad Day : Catwoman est une très sympathique histoire, mais est un hors-sujet total s’il devait être une récit s’inspirant de The Killing Joke pour sa construction. Si vous vous attendiez à lire un récit dramatique qui explorait la partie sombre de Selina Kyle, alors passez votre chemin. Ce numéro constitue plus un hommage lumineux au personnage et à sa caractérisation ambivalente, loin de la qualité des récits One Bad Day centrés sur le Sphinx ou Freeze.
- Scénario: Gerry Duggan
- Dessins: Jamie Mckelvie
- Collection: DC Deluxe
- Contenu: Batman – One Bad Day : Catwoman
- Pagination: 72 pages
- Prix: 15€
- Date de sortie: 18 août 2023
- Voir sur le site d’Urban Comics
Alors que Selina Kyle n’était qu’une adolescente, sa mère a dû se résoudre à vendre une broche dont elle avait héritée à un prêteur sur gages peu scrupuleux. Quelques années plus tard, lorsque Catwoman apprend que ce bijou est en réalité d’une valeur inestimable, elle n’a plus qu’une idée en tête : reprendre ce trésor familial à tout prix ! Mais cette course effrénée ne risque-t-elle pas de déterminer le reste de son existence ?