Après une troisième saison de Superman & Loïs passée au crible à chaque épisode, il est temps de se poser pour effectuer un bilan global.
Plus de « man », moins de « super »
La première chose qu’on peut constater, c’est que le nombre d’épisodes est passé de 15 pour les deux premières saisons à 13 pour la nouvelle. Une décision très probablement liée à la réduction de budget que connaît la série depuis le rachat de la CW, et qui sera d’autant plus drastique l’an prochain. Il ne s’agit clairement pas du seul symptôme puisque cette saison 3 se resserre sur Loïs et Clark plutôt que Superman, dont la présence est plus réduite qu’à l’habitude. Cette fois-ci, il n’est pas question d’affronter un grand vilain comme Tal-Rho ou Ally Allston, mais la maladie.
En effet, le vrai combat est celui que mène Loïs et sa famille contre le cancer du sein. Le début de cette intrigue, véritable fil rouge de la saison, se montrait au départ trop convenu et larmoyant, mais a su s’imposer épisode après épisode comme une véritable leçon d’écriture. Superman & Loïs a choisi de développer le cancer sur le long terme et d’en traiter chaque étape progressivement. On se retrouve alors avec un traitement unique, trop rarement vu, et d’autant plus inhabituel dans une histoire de super-héros. C’est un pari osé mais largement payant. Les scénaristes semblent avoir étudié le sujet avec intérêt et délivrent ainsi une écriture pleine de justesse à laquelle s’ajoute l’interprétation puissante de Bitsie Tulloch et Tyler Hoechlin, qui confirment leur très bonne alchimie.
Un potentiel jamais atteint
En réalité, il y a tout de même un vilain : Bruno Mannheim. Présenté au départ comme le leader insaisissable d’une mystérieuse organisation criminelle nommée Intergang, le personnage se dévoile rapidement comme le héros de Suicide Slums, un quartier de Metropolis laissé à l’abandon. Plus tard, on apprendra qu’il lutte lui aussi contre le cancer de sa femme, et cela finit de l’humaniser au point d’en oublier qu’il est à la tête d’un empire criminel. Alors que l’objectif de Loïs était de mettre à jour Intergang, tout cela passe à la trappe en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. On retiendra alors de Mannheim un antagoniste avec beaucoup de potentiel jamais atteint, dont l’intérêt réside principalement dans la dynamique que son couple entretient avec les Kent.
Malheureusement, Superman & Loïs enchaîne les intrigues jamais menées jusqu’au bout. On notera par exemple cette foutue histoire de moisissure dans le lycée de Smallville, qui restera à jamais irrésolue. Sérieusement, pourquoi diable Mannheim détournait l’argent de la mairie ? On peut imaginer qu’il portait un intérêt à Smallville pour ses mines de Kryptonite X, mais jamais cela n’est dit et n’explique de toute façon pas le détournement de fonds.
A mes yeux, le véritable regret se trouve néanmoins dans l’absence de suite à la remise en question de Superman. Dans l’épisode 2, Mannheim le mettait à mal : pour lui, Superman n’a fait qu’éteindre des feux plutôt que de changer le monde comme lui l’a fait avec son quartier. Pire encore, l’homme d’acier aurait lui aussi abandonné les habitants de Suicide Slums à leur sort alors qu’ils étaient en profonde détresse. En imaginant que le quartier soit peuplé par des minorités au bas de l’échelle sociale, ça craint alors vraiment fort. On aurait alors pu assister à une profonde remise en question de l’action de Superman, mais celui-ci ne changera finalement rien à sa façon de faire. Un véritable gâchis.
Le petit monde de Superman
Bruno Mannheim opérant à Metropolis, la ville se voit être plus présente que dans les deux précédentes saisons. Le budget étant assez réduit, elle ne se voit que rarement accorder la grandeur qu’elle mérite, mais le changement de décor reste plutôt rafraîchissant. Paradoxalement, le monde de Superman & Loïs semble pourtant se restreindre. L’action se déroulait déjà principalement à Smallville avant, mais la série nous accordait quelques scènes de sauvetage à l’internationale. Superman étant bien moins présent, celles-ci aussi. Soit, on peut le comprendre, et la série a réussi à tourner cela à son avantage avec une intrigue plus intimiste.
Le réel problème réside surtout dans le fait que le monde soit vraiment petit, comme le veut l’expression, puisque tout le monde se connaît par la plus grande des coïncidences. On pouvait imaginer que Mannheim cachait un masterplan lui permettant d’avoir des pions partout, mais il s’avère que Loïs a croisé Peïa par hasard et de même pour Matteo et Nathalie, qui viennent pourtant de deux villes différentes. On sait bien que la fiction peut s’accorder certaines ficelles, mais ça nuit ici à la vraisemblance de la série, en plus de manquer l’opportunité de faire de Mannheim un réel stratège digne de sa réputation.
La petite vie de Smallville
La série a beau s’éloigner de Smallville avec son intrigue principale, les personnages qui y sont associés restent fidèles au poste et il faut alors bien en faire quelque chose. On sentait déjà en saison 2 que cela devenait difficile à tenir, et ce n’est pas celle-ci qui changera ce sentiment. La plupart du temps, les personnages errent sans avoir d’arc particulièrement intéressant, comme Lana qui fait presque figuration et Chrissy dont l’amourette avec Kyle n’a que peu d’intérêt. John Henry et Nathalie souffrent du même problème et c’est carrément dommage vu le potentiel des personnages. On nous appâte en fin de saison avec la fondation de leur entreprise Steelworks, mais comme les acteurs disparaîtront ou presque la saison prochaine, nous n’en verrons pas la couleur.
Du côté des enfants Kent, c’est mi-figue mi-raisin. Jonathan se voit accorder un arc où il devient un héros à sa manière, mais la série n’en fait finalement pas grand chose. Bien heureusement, le personnage se voit accorder de très belles scènes qui permettent à Michel Bishop de prouver sa valeur. L’acteur se révèle être un super remplaçant à Jordan Elsass, Jonathan est toujours attachant. On ne peut pas en dire autant de Jordan qui ne fait que ruminer encore sa rupture avec Sarah, et dont l’arc Superboy est bien trop dilué pour le moment. On en retiendra un personnage tête à claques qu’on espère voir évoluer la saison prochaine.
Au final, les scènes les plus intéressantes sont peut-être celles qui réunissent les Cushing pour traiter de leurs problèmes familiaux et où Kyle se démarque par sa nouvelle maturité. Le personnage a appris de ses erreurs et profite de la seconde chance qui lui est accordée pour être un meilleur père. C’est très Superman dans l’esprit, et ça fait du bien à voir.
Les vilains de dernière seconde
Avant même le début de la saison, la CW nous avait déjà présenté l’arrivée prochaine d’un Lex Luthor incarné par Michael Cudlitz, qui sera longtemps teasé (tout comme le retour de Bizarro), pour finalement n’intervenir que dans les deux épisodes épisodes. C’est d’une part un bon choix car cela permet de ne pas éclipser Bruno Mannheim, mais c’est en même temps assez étrange structurellement parlant. Cette arrivée tardive a probablement été pensée pour optimiser les chances de renouvellement, ce qui sera le cas. Espérons alors que la série saura mieux traiter Luthor (qui a encore beaucoup à prouver) que Bizarro dont le potentiel n’a pas été utilisé.
Le bilan de cette saison 3 de Superman & Loïs est en dents de scie. D’un côté nous avons un excellent arc développé autour du cancer de Loïs, et de l’autre des intrigues jamais tout à fait convaincantes sans être dénuées d’intérêt pour autant. Reste désormais à voir comment se débrouillera la prochaine saison avec ses importantes contraintes, et que l’on espère disponible en France cette fois-ci. Voilà, c’est la fin pour cette année mais nous nous retrouverons probablement l’an prochain pour ce qui sera probablement l’ultime saison de la série !