Bonjour et bienvenue pour ces nouvelles Brèves & the Bold, où nous revenons sur les dernières sorties DC et Urban. Aux sorties VO et VF de la semaine se rajoutent le DC Pride de la semaine dernière, qui était bien maigre pour vous faire en faire un article (en vérité, il n’y aurait eu que le DC Pride).
Les Brèves VF

Batman – One Bad Day : Mr Freeze
Scénario : Gerry Duggan
Dessins : Matteo Scalera
On est devant l’un des meilleurs récits One Bad Day avec ce vilain toujours complexe, et ce malgré un choix scénaristique qui fera débat. La principale qualité est de toute manière le sublime travail de Scalera avec une Gotham enneigée magnifique dans des double pages très réussies, avec un Mr Freeze charismatique (et une superbe scène de Batmobile). L’histoire s’intéresse évidemment à sa romance avec Nora, avec un twist qui pourrait déranger certains fans, mais qui ne manque pas d’intérêt selon moi.
La relation serait plus toxique que l’imaginaient Bruce Timm et Paul Dini, et donc les fans, mais elle n’est pas si gâchée que ça. Le twist apporte un nouveau relief à un personnage qui n’en a pas eu depuis un moment maintenant sans détruire l’amour mutuel entre les deux personnes, et c’est en ça que le récit est selon moi réussi. Duggan aurait cependant être plus subtil dans sa démarche, la rendre plus inconsciente par exemple aurait créée une meilleure évolution. C’est tout de même une chouette histoire à conseiller tous les amoureux du personnage.
-Sledgy7

Justice League : Faute d’un Clou
Scénario : Alan Davis
Dessins : Alan Davis
Urban ressort un vieil Elseworld et sa suite dans Justice League : Faute d’un Clou, dont le principe est que Superman n’existe pas. Un manque extrêmement important, comme on aura l’occasion de le remarquer dans ce récit, qui s’éparpille partout dans l’univers DC. Il est notamment intéressant de remarquer la différence de dynamique de la Ligue, sans leur grand porte-parole et moins soudée, mais avec un Batman qui ne les a pas quitté pour les Outsiders (dans le contexte de l’univers DC en 1998), ou encore la transformation des personnages clés de l’univers de l’Homme d’Acier, comme Jimmy Olsen, Lois et Lex Luthor.
Les gens font également moins confiance aux héros sans la figure de Superman pour les rassurer, aucun héros n’arrivant à avoir son impact, ce qui amène le lourd débat de la dangerosité des métahumains anonymes, et à cela s’accrochent plusieurs menaces violentes pour nos héros. Alan Davis rend donc un récit très chargé, mais avec quelques bonnes idées et des réflexions intéressantes, en plus de planches très réussies, bien que dans un style un peu classique. Malheureusement, la fin fait perdre de son charme, quant au second volet, il ne décolle jamais vraiment en s’éparpillant encore plus dans les intrigues, souvent pour pas grand chose, en plus de ne plus profiter de la curiosité du précédent.
-Sledgy7
Les Brèves VO

DC Pride 2023
Scénario : Collectif
Dessins : Collectif
Depuis deux ans maintenant, DC Comics publie chaque année, début juin, un one shot créé par les différentes équipes LGBT+ de l’éditeur. Le premier numéro avait été un très bon succès et le second avait aussi de très bonnes qualités (notamment l’histoire autobiographique de feu Kevin Conroy, inoubliable voix de Batman). Alors que vaut ce récit, en cette année tendue où les droits des personnes LGBT+ (surtout trans) ont été remis en question aux Etats-Unis ?
Après une excellente introduction de Phil Jimenez (dessinateur gay et Eisner Award du meilleur artiste pour Wonder Woman Historia), on retrouve différents récits courts. Si certains récits sont surtout légers (comme celui entre Ghost-Maker et Catman ou encore celui entre Tim Drake/Robin et Connor Hawke/Green Arrow), d’autres récits parviennent à s’illustrer différemment.
Le récit de Grant Morrison où Flashlight (Green Lantern d’une Terre alternative) cherche à sauver le Flash de son univers (qui est aussi son partenaire en amour) utilise bien les concepts propres au scénariste. De plus, le découpage des planches de Sherman est excellent. Une belle histoire d’amour, mêlée de concepts de SF propres à Morrison (qui décidément ne parvient pas à arrêter d’écrire pour DC Comics de temps en temps)
Un peu moins marquant est le récit avec Ivy, Harley et Crush. Le ton est résolument léger (et les dessins ont une certaine ambiance cartoon). Cependant, l’écriture des sentiments de Ivy envers Harley est excellente. La fin est mignonne avec une certaine forme de sororité.
Le récit qui pour moi se dégage le plus de cette compilation est de loin « Anniversary ». Entièrement en phase avec un retour conservateur aux Etats-Unis, ce récit voit Midnighter et Apollo essayer de changer les choses avant d’être aidé par Alan Scott. Ce récit donne un aperçu de l’histoire du militantisme LGBT+ aux Etats-Unis, tout en rappelant que les progrès ont été obtenus non pas en se cachant, mais en existant et en vivant devant l’adversité et sans nécessairement répondre à la violence physique par la violence.
Un hommage touchant est rendu à Rachel Pollack, scénariste et activiste trans décédée cette année. La scénariste, qui a créé Coagula (la première héroïne trans chez DC Comics crée en 1993) dans la série Doom Patrol, devait écrire une histoire courte. Malheureusement, sa santé décline avant de pouvoir écrire le script et elle finit par nous quitter. Les pages servent d’hommage à cette scénariste brillante, notamment avec le témoignage de Neil Gaiman (The Sandman).
Il est aussi à noter que le one-shot rassemble aussi bien des personnages très récents (comme Jules Jourdain aka Circuit Breaker ou encore Xanthe Xhou, tous deux apparus cette année dans Lazarus Planet) et plus anciens (avec Saber et Cannon, apparu dans les années 80 et le premier couple gay de DC Comics). Il est aussi très plaisant que l’éditeur montre cette richesse de diversité. Le one shot rassemble des personnages de toutes orientations sexuelles, que cela soit gay, bi, lesbiennes ou asexuels. De même pour la représentation trans avec Dreamer et Circuit Breaker ou encore les personnages non binaires avec Xanthe Xhou et Jess Chambers.
En conclusion, nous avons un nouveau one-shot très qualitatif pour le mois des fiertés LGBT+ dont je recommande fortement la lecture si vous aimez lire en VO. Il est plaisant de voir DC Comics mettre en avant cette diversité depuis quelques années, surtout après certains événements que des lecteurs et lectrices ont encore en travers de la gorge (le mariage annulé de Batwoman et Maggie Sawyer à cause de l’éditorial de DC Comics en 2013). Cette évolution est plaisante, et en tant que personne homo, je trouve que l’on est loin d’un simple pinkwashing mais d’une vraie envie de représentation. Si ce one-shot vous a plu, je ne saurais que vous encourager à lire les titres avec des personnages ouvertement LGBT+ chez DC Comics (Poison Ivy, Adventures of Superman, Alan Scott Green Lantern…)
-Midnighter

Batman #136
Scénario : Chip Zdarsky
Dessins : Belen Ortega
Après une (grosse) promenade dans le multivers, Bruce est enfin de retour à la maison et prêt à reprendre du service. Ou l’est-il vraiment ? Ce retour, et cette première nuit de patrouille le font réaliser que Gotham a évolué sans lui. Les retrouvailles avec Selina sont bien écrites, avec toujours cette méfiance entre les deux malgré leurs sentiments réciproques. Cependant, le meilleur point du récit, en plus d’être accessible à une personne attrapant le récit de Zdarsky en cours de route est l’écriture de la santé mentale de Bruce. Celui-ci est à bout mentalement et les questions que soulèvent Zdarsky sur Zur-En-Arr sont intéressantes. Côté dessins, Belén Ortega fait un très bon travail en remplaçant Jorge Jimenez. Mon seul reproche serait de trouver les visages de certains personnages trop enfantins (notamment celui de Tim). Mais cela n’entrave en rien le plaisir de lecture.
-Midnighter

Adventures of Superman : Jon Kent #4
Scénario : Tom Taylor
Dessins : Darick Robertson
Tom Taylor confronte son premier succès comics Injustice avec Jon Kent, un de ses principaux sujets chez DC aujourd’hui. Un crossover qui exploite bien son potentiel : l’interaction entre notre Jon et le monde d’Injustice reste intéressante et plutôt bien menée. Des personnages liés à Jon sont bien différents dans ce monde, et le scénario cherche visiblement à tous les confronter au protagoniste ; Superman bien sûr mais aussi Alfred, Damian, Luthor, ou encore Batman. L’histoire n’avance pas beaucoup, le rythme ralentit pour suivre la découverte de cet univers à travers les yeux de Jon, montrer les interactions entre personnages plus ou moins touchantes. C’est probablement là la force de ce numéro, qui ne brille pas par ailleurs par ses dessins.
Il vaut probablement mieux avoir lu les préquelles à Injustice pour aborder ce comics, même si la présentation de l’univers est assez présente pour suivre sans souci sinon. Le scénariste ajoute à l’univers d’Injustice la version locale de Jay, petit ami de Jon dans son monde. C’est l’occasion d’enfin un peu plus étoffer leur relation, de créer une meilleure alchimie… dommage que ce ne soit pas avec le « vrai » Jay. Il reste désormais à voir où l’intrigue de ce crossover va mener.
-EtiennePatate