Après le succès du premier tome Batman : White Knight, puis du second avec Batman : Curse of the White Knight, Sean Murphy nous gratifie du troisième opus de sa vision du Batverse avec Batman : Beyond the White Knight. Et comme l’auteur figure parmi les scénaristes stars d’Urban Comics, ce titre sera estampillé en plusieurs éditions (standard, collector, N&B, et très probablement Urban Nomad ou encore Urban Limited), histoire de satisfaire les goûts de chacun. Cette fois-ci, l’histoire fait un bond de plusieurs années dans le futur où l’on retrouve les protagonistes vieillis, mais surtout un nouveau Batman, inspiré ni plus ni moins de la série animée Batman Beyond (Batman : La Relève en français). Alors, chef d’œuvre ou succès trop surestimé ?
Quand le recyclage ne fait pas bon ménage
Désavoué par l’opinion publique suite aux évènements des tomes précédents, Batman s’est rendu à la police pour faire face à ses responsabilités. Néanmoins, avant d’intégrer la prison, il a légué sa fortune à la ville de Gotham City pour que les habitants en bénéficient tous. C’est ainsi que l’auteur conclut son précédent chapitre pour enchainer avec sa suite dans ce Batman : Beyond the White Knight qui se déroule 12 ans plus tard, lorsqu’un certain Terry McGinnis s’introduit sous le manoir Wayne à la recherche du dernier costume prototype de Batman. De plus, Gotham City a bien changé, en particulier dans les secteurs de la sécurité et l’industrie. Le GTO est devenu une entité indépendante du GCPD qui bénéficie en priorité des ressources (financières et matérielles) de Wayne. Il est d’ailleurs très critiqué aujourd’hui pour surveiller, voire empiéter sur les libertés individuelles.
Ce n’est pas la première fois que Sean Murphy nous partage sa passion pour le DC Animated Universe. Si vous n’avez pas vu Batman Beyond dans les années 2000, vous nagerez en terrain inconnu en ce qui concerne les dizaines de références aux spectateurs de l’époque. Les noms de Terry McGinnis, Derek Powers (et pleins d’autres encore) ou le visuel des véhicules seront un vrai bonheur pour les vieux nostalgiques car les dessins sont très beaux et fidèles. Malheureusement, c’est aussi ce point qui fait défaut à l’œuvre. Tous les nouveaux personnages sont assez secondaires, y compris le nouveau Batman, ce qui est vraiment décevant car c’est un gâchis. Bruce est beaucoup trop présent, tout comme Harley Quinn. Et c’est sans compter le « retour » du Joker qui n’est pas une grande surprise. Pourquoi lui ? Le personnage avait pourtant fait ses adieux.
Quelques bons points de mises en scènes
Comme évoqué ci-dessus, Batman : Beyond the White Knight mise largement plus sur son esthétisme que sa narration. Au-delà des clins d’œil et coups de pieds sous la table à Batman Beyond, Sean Murphy est quand même capable de jouer sur la mise en scène. Par exemple, cela se remarque très bien dans les premiers chapitres avec un jeu d’ombre sur les personnages qui contredisent leurs répliques ou façon d’être. Également, il s’inspire grandement du concept des villes futuristes visitées dans les œuvres de science fiction japonaise telles que Neo-Tokyo, avec ses grands immeubles qui brillent de milles feux dans la nuit. D’ailleurs, Gotham est même renommée Neo-Gotham, c’est pour dire.
Enfin, abordons la partie graphique. Pour ce qui est du changement, le coloriste habituel de Sean Murphy, Matt Hollingsworth, est remplacé ici par Dave Stewart. Et malgré ce changement d’équipe, le travail de Stewart est très louable bien qu’il sature légèrement moins vers les couleurs chaudes. Quant au dessin, Sean Murphy est fidèle à son style. A titre personnel, je trouve que c’est moins exigeant et recherché que dans Batman White Knight, mais on reste en terrain connu. C’est dommage que l’auteur ait préféré miser sur du fan-service tout au long du tome plutôt que de nous lâcher une ou deux bonnes splash pages dont chaque centimètre carré attirait l’attention du regard.
Quel dilemme dans le ressenti de cette lecture. D’un côté, on a le plaisir de redécouvrir l’univers de Batman Beyond sous la plume d’un passionné tel que Sean Murphy qui s’est bien fait plaisir pour y intégrer le plus d’éléments possible. Et il est fort probable que cela séduise son public habituel. Mais d’un autre côté, on ne peut s’empêcher de constater que l’histoire soit aussi calquée que le contenu d’un dictionnaire de deux maisons d’éditions différentes. On a l’impression d’être noyé sous du fan-service, alors que le vrai intérêt de cette œuvre devrait être la qualité/l’originalité de son scénario. Reste à espérer que pour le prochain opus, Sean Murphy réussisse à se détacher de ses muses, Paul Dini et Bruce Timm, pour devenir par lui-même l’artiste d’un Batverse tout aussi mémorable.
- Scénario: Sean Murphy
- Dessins: Sean Murphy
- Collection: DC Black Label
- Contenu: Batman Beyond the White Knight #1-6
- Pagination: 264 pages
- Prix: 24€
- Date de sortie: 5 mai 2023
- Voir sur le site d’Urban Comics
Dix ans après que Gotham s’est interrogée sur l’efficacité réelle du Chevalier Noir, Derek Powers a pris le contrôle des actifs de la famille Wayne et utilise l’unité anti-terroriste de la ville pour protéger les citoyens… mais à quel prix ? Le justicier de Gotham est toujours en prison et, en son absence, c’est à Terry McGinnis de prendre la relève. Mais dans cette ville futuriste dystopique, seul le vrai Batman est conscient des dangers à venir…
Ce n’est pas le 3eme mais le 4eme opus du run, vous avez oublié White Knight Harley Quinn…
Salut,
Mmm je considère l’opus Harley Quinn comme un spin off. Il n’est pas essentiel pour comprendre Beyond The White Knight. C’est plus un bonus pour les gens qui veulent prolonger le plaisir dans cet univers.
C’est bien un spin-off de la « collection » nommée « Batman: White Knight Presents«