La Justice League n’est plus, et les Grandes Ténèbres n’ont jamais autant menacé l’existence du Multivers. C’est en tout cas l’objectif de Paria, bien décidé à aller au bout de son projet de reboot complet du Multivers avant l’apparition de la première Crise de l’histoire. Suite et fin de l’event Dark Crisis par Joshua Williamson, il est temps de découvrir comment la deuxième génération de héros va se défaire de l’armée de Deathstroke tout en tentant de faire revenir à la vie les membres de la Ligue. En effet, il semble que leur sort ne soit pas totalement scellé, et le retour des Green Lanterns ainsi que de la Flash family sera un atout de poids pour la grande bataille à venir.
RECYCLAGE ET BATTERIES D’ALIMENTATION POUR MULTIVERS
On va aller tout de suite dans le vif du sujet, donc si vous n’avez pas lu le volume précédent de ce Dark Crisis ainsi que Crisis on Infinite Earths, je vous invite à y jeter un œil avant de poursuivre cette review. Pour rappel rapide, la Justice League s’est faite désintégrée par Paria, laissant l’opportunité à Deathstroke, devenu l’héraut des Grandes Ténèbres, de neutraliser les dernières figures héroïques majeures tels que les Titans. En effet, rien ne doit entraver le projet de Paria qui souhaite plus que jamais revenir à l’état initial du Multivers afin de réparer sa faute d’avoir initialisé la première Crise et entrainé la destruction d’univers entier. Pourquoi fallait il que Joshua Williamson vienne titiller à ce point l’œuvre de Marv Wolfman et de George Perez? Facilité scénaristique ou hommage?
Comme dans le premier tome de Dark Crisis, vous aurez la « chance » d’en lire de nouveaux (Wonder Woman, Batman, Green Arrow). Ce sont globalement des histoires très dispensables (seule celle de Batman écrite par Si Spurrier qui était la plus intéressante selon mon opinion), qui sont en réalité des bulles dimensionnelles qui retiennent enfermé chaque membre de la Ligue (du coup oui, ils sont toujours vivants) afin d’alimenter la machine de Paria pour lui permettre de restaurer le Multivers. Vous l’aurez compris, ces tie-ins sont des énièmes déjà-vus, mais surtout un jeu de pieds sous la table maladroit pour séduire le lecteur avec cet event qui n’a rien de novateur si ce n’est de proposer une retcon à Crisis on Infinite Earths.
L’AUBE DU NOUVELLE ÈRE
Si dans la première partie j’évoquais le doute sur la pertinence de Dark Crisis en tant qu’event, ce volume regorge quand même de bonnes qualités. Tout d’abord, la trame narrative de Flash est très plaisante à suivre. Ce serait quasiment une aventure familiale si on oubliait un temps le côté « apocalyptique » de Dark Crisis. Les scènes où Irey donne des leçons de politesse à Damian Wayne valent leur pesant de cacahuètes. En parallèle, on a également un numéro centré sur une équipe envoyée dans les tréfonds du Multivers pour secourir la Justice League Incarnate. La valeur ajoutée de ce numéro est la présence de Damian Wayne en tant que meneur, tacticien, et personne cynique avec les autres, à l’instar de son père. De quoi conforter l’idée un jour de voir Damian endosser le costume de Chevalier Noir.
Enfin, il y a les numéros impliquant la JSA, la Justice League Dark et les Titans que je qualifie de la même façon. En effet, bien qu’ils ne révolutionnent pas grand chose dans les faits, ils ont au moins le mérite de mettre en avant la formation de nouvelles équipes et de jouer sur le charisme de ses personnages forts tels que Nightwing, Superman (Jon Kent), Constantine, Raven, Swamp Thing… A la fin de la lecture de volume qui clôture l’event Dark Crisis, il est indéniable que les personnages qui auront le plus convaincus sont Nightwing et Superman (Jon Kent). Pour preuve, il n’y a qu’à relire les premiers numéros du premier tome – lorsque Dick refusait le rôle de leader ou bien Jon qui peinait à réunir les héros derrière lui – pour constater le changement de statut quo.
QUE RETENIR DE DARK CRISIS ON INFINITE EARTHS?
Si toutes les crises DC ont apporté leur lot de bouleversements, ceux générés par la fin de Dark Crisis ne sont pas aussi impactants. Joshua Williamson et la ligne éditoriale de DC avaient sûrement déjà connaissance de la suite avec l’ère Dawn of DC, mais au lieu de procéder à une transition plus « naturelle », ils ont préféré passer une Crise. Alors oui, l’idée de tuer la Justice League était une bonne idée de départ car cela enchainait vers des théamtiques telles la relève super-héroïque ou l’héritage des valeurs des anciens. Enfin les Teen Titans occupent la place de première équipe (et l’on suivra de près le développement du prochain titre Titans par Tom Taylor en 2023), ce qui donne droit à des scènes anthologiques mémorables.
Malheureusement, on retombe sur les travers typiques de Williamson: des bonnes idées mais qui ne dépassent jamais les attentes. C’est une fausse bonne idée de vouloir ressortir du placard l’originelle Crise on Infinite Earths ou de remettre en question le concept de Multiversité développé par Grant Morrison, alors qu’il y a actuellement des univers encore inconnus/inexploités depuis plus de 10 ans. Cela manque d’originalité et de créativité. Enfin, celui dont on retiendra surtout le nom, c’est Daniel Sampere. Merci à DC de l’avoir mis sur ce projet car c’est une vraie reconnaissance de son talent, déjà qu’il brillait dans Superman Infinite.
Ce qu’il faut principalement retenir de Dark Crisis, c’est la consécration des personnages de la génération des sidekicks, devenus adultes aujourd’hui, de s’affirmer comme de vrais héros à part entière face aux grandes menaces. Ce deuxième tome regorge de scènes avec du bon sentiment et de l’épique, Nightwing et Superman (Jon Kent) en première ligne. Malheureusement, au-delà d’une bonne caractérisation, Dark Crisis (et ses tie-ins) pèche beaucoup par la faiblesse de son scénario, son arrière-goût de ressaucé du à un manque de créativité/originalité, et par sa tendance à vouloir dénaturer des concepts qui ont servi pendant des (dizaines) années comme structure de base aux titres DC. Néanmoins, vous passerez probablement plus un bon moment à contempler les fabuleuses planches de Daniel Sampere, un artiste à surveiller de près dans le futur.
- Scénario: Joshua Williamson
- Dessins: Daniel Sampere
- Collection: DC Infinite
- Contenu: Dark Crisis #4-7 + Flash #786 + Dark Crisis: Worlds Without a Justice League – Wonder Woman #1 + Dark Crisis: Worlds Without a Justice League – Green Arrow #1 + Dark Crisis: Worlds Without a Justice League – Batman #1 + Dark Crisis War Zone #1 + Dark Crisis : The Deadly Green #1 + DARK CRISIS: THE DARK ARMY #1 + Dark Crisis : Big Bang #1
- Pagination: 392 pages
- Prix: 35€
- Date de sortie: 21 avril 2023
- Voir sur le site d’Urban Comics
Les héros lèvent peu à peu le voile sur les machinations de Paria, mais les Grandes Ténèbres continuent de jeter leur ombre sur le Multivers pour soumettre et redéfinir l’ensemble des réalités. Sur Terre-Zéro, Deathstroke met en oeuvre son plan d’effacer une fois pour toutes l’héritage des héros, tandis que la nouvelle génération de héros menée par Jon Kent et Nightwing se rassemblent , pour résister et tâcher d’être à la hauteur des plus grands héros que notre monde est connu.