Review VF – Rogues

En parallèle de son remaniement du DCU, Joshua Williamson a écrit Rogues, un récit Black Label se concentrant sur la célèbre équipe de vilains de Flash, connue en France sous le nom des Lascars. Désormais plus âgée, celle-ci entreprend ici le casse le plus ambitieux de sa vie : le braquage de Gorilla City.

Libéré, délivré

Désormais responsable de l’architecture d’une continuité de plus en plus complexe, Williamson s’autorise un répit et met en scène une histoire qu’il a en tête depuis ses débuts sur le titre The Flash en 2016, sans jamais pouvoir la réaliser. L’auteur trouve avec le Black Label l’endroit idéal pour raconter ce casse ultime dont les Lascars sont les héros, loin de la présence de tout super-héros. Pas de prise de tête nécessaire, Williamson déroule son récit sans jamais avoir besoin de le contextualiser dans un univers plus large. Dans Rogues, il n’existe que les Lascars et Gorilla Grodd, et rien ne pourra empêcher leur affrontement. Le trait singulier de Leomacs et les couleurs de Matheus Lopes, qui donnent une réelle identité au titre, renforcent encore davantage l’idée d’une aventure indépendante et moins fantaisiste.

On découvre alors un Leonard Snart plus vieux de dix ans et dont les activités de Captain Cold sont loin derrière. Finalement rattrapé par la justice il y a des années, Snart est maintenant surveillé et s’est vu contraint d’adopter la carrière bien plus conventionnelle de superviseur dans une chaîne de montage. Williamson connaît son personnage sur le bout des doigts et le confronte directement à sa plus grande peur, celle de devenir un raté insignifiant comme son défunt père qu’il déteste tant. Refusant de mourir ainsi, Snart sort des placards son plan de braquage ultime, qu’il n’a jamais pu réaliser et qui lui permettrait de finir sa carrière de criminel en fanfare. Il sort alors le reste des Lascars de la vie commune qu’ils ont eux aussi dû embrasser, direction Gorilla City et ses montagnes d’or.

Les Rogues sacrifiés sur l’autel de Captain Cold

Auteur du titre The Flash pendant trois ans, Williamson n’en est pas à son coup d’essai avec les Lascars mais nous en présente ici une version quelque peu remaniée en y incorporant des membres inédits. Néanmoins, si les Lascars constituent historiquement une équipe si singulière, c’est notamment parce qu’ils sont bien plus que de simples partenaires de crimes : ils forment une famille. En la recomposant, l’auteur la fragilise volontairement, d’une part pour faire des Lascars leurs propres obstacles, mais aussi et surtout pour dépeindre un Captain Cold plus manipulateur que jamais. Bien que nommé Rogues, le récit lui y est en réalité bien plus dédié qu’à ses acolytes ou même le braquage de Gorilla City.

Alors qu’on nous fait miroiter le plan le plus ambitieux de la carrière des Lascars, méticuleusement préparé depuis des années par Cold, on comprend rapidement que la réalité s’en trouve loin. Difficile alors de savoir qui de Williamson ou Snart a manipulé son auditoire, mais une fois arrivés à Gorilla City, l’équipe se retrouve en totale improvisation et ne parvient à avancer que grâce à une rencontre fortuite. Le braquage en lui-même se trouve alors à manquer cruellement de l’audace et l’inventivité qu’auraient mérité les Lascars et devient une mission banale exécutée très rapidement et trop facilement. Le contexte que tente d’ajouter l’auteur à la société dirigée par Grodd ne parvient malheureusement pas à y ajouter de l’épaisseur et se révèle assez accessoire.

En résulte une grande frustration tant Williamson passe à côté du potentiel de sa propre idée, d’autant plus quand l’auteur dit s’être inspiré de classiques du genre comme Ocean’s 11 ou encore Heat, et se révèle être surtout un prétexte servant à pousser les Lascars dans leurs retranchements. Grâce à tout ce contexte, Williamson peut alors se permettre de présenter un Leonard Snart qui s’affranchit de ses valeurs pour devenir jusqu’au-boutiste, mais tout en restant reconnaissable, preuve d’une bonne caractérisation dans laquelle réside le principal intérêt du récit. Plus encore, l’auteur remet en question la sincérité du personnage tout au long de sa vie, avec ses proches et lui-même, en nous le confrontant à ses contradictions.

Avec Rogues, Joshua Williamson réalise enfin une idée de longue date : celle du casse ultime des Lascars. En résulte un récit divertissant et accessible à tout à chacun mais pour lequel les attentes sont probablement à revoir avant la lecture. Si vous cherchez avant tout une histoire de braquage inventive, il vaut probablement mieux passer votre tour. En revanche, si ce sont bien les Lascars en eux-mêmes qui vous intéressent et surtout leur leader Captain Cold, Rogues aura de quoi vous plaire et même faire réfléchir.

Rogues

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• Scénario: Joshua Williamson
• Dessins: Leomacs

• Collection: DC Black Label
• Contenu: Rogues #1-4
• Pagination: 216 pages
• Prix: 21€
• Date de sortie: 13 janvier 2023
• Voir sur le site d’Urban Comics

10 ans plus tôt, les Lascars se sont séparés et ont chacun suivi leur propre voie, mais le temps qui passe ne leur a pas fait de cadeau. Coincés dans un cycle incessant de prison, de cure de désintox et de petits boulots sans avenir, ces anciens criminels en ont assez de payer pour leurs crimes passés. Heureusement, Captain Cold a un plan. Un dernier casse, qui les rendrait riches au-delà de tous leurs espoirs et les libérerait de leur passé… s’ils en réchappent. Et quand ce plan implique de s’infiltrer à Gorilla City pour voler le trésor d’un Gorilla Grodd plus énervé que jamais, cela semble plus facile à dire qu’à faire.