Au-delà du simple crossover ou de l’event mensuel classique, l’univers DC Comics a, depuis près de 85 ans, connu plusieurs Crises. Ces Crises sont des histoires majeures dans la continuité qui chamboulent la totalité de l’univers DC. Dans le cadre de Dark Crisis on Infinite Earths, il s’agit de la dernière en date qu’Urban Comics a annoncé complète en deux tomes dont le premier sort en janvier et le second en avril 2023. Cet event majeur est dirigé par Joshua Williamson (Flash Rebirth, Batman Infinite, Robin Infinite, Deathstroke Inc., Batman Shadow War), et dessiné par plusieurs artistes dont le principal est Daniel Sampere (Injustcice 2, Superman Infinite). Enfin, d’un point de vue plus personnel, la lecture d’une Crise peut être un exercice intéressant car c’est l’occasion de mettre à profit ses connaissances et sa mémoire de l’univers DC, de ses personnages, leurs interactions, et de voir les répercussions sur le futur des séries.
PRÉLUDE À LA LECTURE DE CE PREMIER VOLUME
Avant de plonger dans la lecture de ce premier volume de Dark Crisis on Infinite Earths, il est important de prendre en considération que ce n’est pas (du tout, du tout) une porte d’entrée dans l’univers DC, malgré l’affichage du numéro 1 sur son dos. Je vous conseille fortement de parcourir cet article rédigé par l’équipe pour vous aider à vous orienter: Dossier – Qu’est ce que Dark Crisis on Infinite Earths ? (DC Infinite). Il retrace la chronologie des différentes Crises, résume leur impact sur la continuité, et surtout vous indique comment vous procurer les titres en question. Cela vous évite de chercher l’information dans l’infinité d’internet et de mélanger toutes sorte de sources de renseignements.
Dark Crisis on Infinite Earths nécessite aussi certains des pré-requis en ce qui concerne les personnages. Sur ce point, il n’y a pas de surprises, le meilleur moyen d’en apprendre plus sur eux est de lire leurs aventures dans leur propre série. Il est probable que vous soyez plus ou moins familiers avec Nightwing, Flash ou Superman, mais le personnage central de cet event est avant tout Pariah (image ci-dessous). Et pour cela, s’il ne devait y avoir qu’un seul volume à lire avant Dark Crisis on Infinite Earths, ce serait évidemment Crisis on Infinite Earths. Ce ne sont que des conseils de lectures qui vous sont proposés, rien n’est obligatoire, mais vous risquez de passer à côté de dizaines de références. Enfin, comme à son habitude, Urban Comics propose une préface qui résume les récentes péripéties en quelques lignes, et dans les dernières pages du tome un guide de lecture.
LE PASSAGE DE FLAMBEAU
Maintenant que nous sommes lancés dans le vif du sujet, il est temps de plonger dans le contenu proposé par ce premier tome de Dark Crisis of Infinite Earths. On peut séparer les 328 du volume en 4 contenus « distincts »: le numéro #75 de la Justice League, ceux de Dark Crisis on Infinite Earths (dont l’interlude), ceux de Flash Infinite et enfin les numéros fillers (Superman et Green Lantern). Il faut remercier Urban Comics d’avoir organiser l’ordre des épisodes pour qu’il soit le plus cohérent possible. L’histoire démarre de manière très abrupte et intense car on reprend tout de suite après la fin de DC Infinite Frontier – Justice Incarnée. En effet, devant l’inéluctable approche des Grandes Ténèbres, Calvin Ellis (Superman de Terre 23) convoque la Justice League pour lancer une attaque frontale contre Pariah et ses avatars des ténèbres. Et on peut dire que l’affrontement est dantesque (bien que très court), chaque ennemi étant à lui seul une menace redoutable isolée.
Ce n’est pas un spoiler, car c’est écrit au dos du tome et titré dedans, la Justice League disparait, et dépossède ainsi la Terre de ses plus grands héros. Black Adam étant le seul survivant et témoin de cette tragédie, le monde se tourne soit vers le défaitisme, soit désormais vers les Titans dont un particulièrement : Nightwing. Et cette réflexion commune de la part des héros restants, volonté du scénariste Joshua Williamson, n’est pas un hasard car Nightwing, alias le premier Robin, est aussi le premier sidekick de l’histoire de DC. Enfin, il est temps à la deuxième génération de héros de prendre le relais, et le temps est compté. Ce tome va pas mal aborder le côté rassemblement des différentes personnalités, et la recherche d’une piste solide autour de Flash (Barry Allen) pour contrer la venue des Grandes Ténèbres sur Terre.
DES RÉCITS À LA QUALITÉ INÉGALE
Il va s’en dire que les meilleures numéros sont ceux consacrés à Dark Crisis on Infinite Earths. A plusieurs reprises, on assiste à des rencontres et des face-à-faces anthologiques (mention spécial à Nightwing vs Deathstroke, ou Superboy vs Cyborg Superman). Certes, l’accent est mis sur les jeunes héros, mais également sur le Green Lantern Corps et la Flash family. En effet, tout laisse à penser que Hal Jordan et Barry Allen auront encore un grand rôle à jouer pour la suite. L’intrigue de la Flash family fait beaucoup penser aux épisodes du dessin animé Justice League avec ces nombreux elseworlds. Du côté des antagonistes, cela manque d’originalité. Certes, on cerne mieux les motivations de Pariah (qui sont globalement les mêmes que dans Infinite Crisis) et celles de Deathstroke, mais cela fait très déjà- vu chez d’autres récits. Enfin, en ce qui concerne les épisodes fillers, ils racontent comment le monde évoluerait si la Justice League n’avait jamais existé. Ils sont tous simplement anecdotiques car en un numéro, il n’y a pas assez de recul pour s’attacher à ces histoires.
Pour ce qui est de la partie graphique, il y a un joli florilège, voici ce qui ont retenu subjectivement mon attention. Amancay Nahuelpan est le dessinateur des épisodes de Flash, et c’est vraiment très correct, d’autant plus qu’il réussit parfaitement à représenter 3 styles d’ambiances distincts pour les besoins du script. Vient ensuite Rafa Sandoval, dont l’annonce à l’époque sur l’épisode #75 de Justice League donnait sacrément envie. Et que dire de plus, si ce n’est que le résultat remplit ses promesses: un pur moment épique, comme il l’avait démontré avec brio dans Green Lantern Rebirth et, de manière plus éphémère, dans Flash Rebirth. Enfin, un dernier mot sur « el señor » Daniel Sampere qui est, et sera, un des grands noms de cette Dark Crisis on Infinite Earths. Ses planches regorgent littéralement de détails, et que c’est sublimissime. Ses couvertures, ses splash/double-splash pages et bons nombres de cases sont des pures œuvres d’arts. Le moment de l’intervention de Superboy (vous comprendrez tout de suite si vous l’avez lu) m’a presque désarticulé la mâchoire, et pourtant ce n’est qu’un « dessin ». Au niveau du rendu, on est dans la même trempe que des artistes tels qu’Ivan Reis ou Jason Fabok.
Dans son ensemble, ce premier volume de Dark Crisis on Infinite Earths est une bonne, voire très bonne lecture au final. Il faut reconnaitre un certain talent chez le scénariste Joshua Williamson, car il faut avoir une très vaste connaissance de l’univers DC pour s’aventurer dans ce type de projet. C’est d’autant plus gratifiant quand nous aussi, en tant que lecteurs, comprenons les références, et constatons l’évolution des différents personnages au fil de dizaines d’années d’existence pour certains. Pour ce qui est des défauts, il y en a deux si l’on doit résumer. Le premier, c’est que ce tome n’est pas recommandé si vous êtes nouveau lecteur. Et le deuxième, c’est qu’il ne propose rien d’original si vous êtes assez familiers avec les personnages DC. Pour ce qui est du reste, c’est un blockbuster triple A qui vous attend dont la fin arrive très bientôt au mois d’avril 2023.
- Scénario: Joshua Williamson
- Dessins: Daniel Sampere
- Collection: DC Infinite
- Contenu: Justice League #75 (Death of the Justice League) + Dark Crisis #0 FCBD Special Edition + Justice League: Road to Dark Crisis #1 + Dark Crisis #1-3 + Dark Crisis: Worlds Without a Justice League – Superman #1 + Dark Crisis: Worlds Without a Justice League – Green Lantern #1 + Flash #783-785
- Pagination: 328 pages
- Prix: 30€
- Date de sortie: 6 janvier 2023
- Voir sur le site d’Urban Comics
Partie à la recherche de Barry Allen à travers les mondes infinis, la Ligue de Justice Incarnée découvre que les Grandes Ténèbres, menées par le redoutable Pariah, s’apprêtent à envahir et à annihiler le Multivers. Cherchant à l’arrêter par tous les moyens, la Justice Incarnée fait appel à la Ligue de Justice, mais cette terrible menace, plus colossale que jamais, pourrait bien leur coûter la vie, à tous. Privé de ses plus grands héros, le Multivers serait-il néanmoins en mesure de se défendre ?