Batman Shadow War est un « mini » crossover des séries dont Joshua Williamson est à l’écriture. Fruit de la réunion de trois séries du Batverse, c’est l’occasion pour le scénariste de se lâcher un peu et de nous proposer une guerre entre le clan Al Ghul et le clan Deathstroke. Urban Comics laisse sous-entendre que cette histoire a son importance dans l’intrigue DC Infinite et la venue de la prochaine Crise. Nous reviendrons sur ce point d’ailleurs. En attendant, Batman Shadow War est une lecture sans prise de tête, intubée à la protéine de muscle et qui profite de retrouver de vieilles connaissances perdues de vue depuis quelques temps. A qui s’adresse ce volume ? Et quels sont les enjeux qu’il met sur la table? Réponse ci-dessous.
LE CHASSEUR SACHANT CHASSER SE FAIT CHASSER
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est bon de noter que, pour les complétistes au niveau de la chronologie, Batman Shadow War se situe après le troisième tome de Batman Infinite, après le deuxième tome de Robin Infinite et après le chapitre #7 de Deathstroke Inc. sorti dans le Batman Bimestriel Infinite. Ceci fait, je vais essayer de rester relativement vague dans les faits pour éviter de trop en révéler sur l’intrigue. L’histoire commence lorsque Ra’s Al Ghul est à un point de son existence où il est temps de faire le bilan de sa longue existence. Toujours convaincu que la Terre doit être sauver des maux de l’humanité, il décide de faire une déclaration officielle afin d’exposer une nouvelle vision plus tolérante. Cependant, cela ne semble pas satisfaire tout le monde, et ce dernier se fait assassiner sous les yeux et les oreilles de toute la Batfamily, mais aussi de sa fille Talia. Batman ne perd pas de temps et découvre immédiatement que le tueur n’est autre que Deathstroke.
A partir de là, trois intrigues vont se construire et s’alterner entre elles tout au long du récit: une centrée sur Batman, une deuxième sur Deathstroke et enfin la dernière sur Talia Al Ghul. Une guerre intestine entre les assassins du clan de Deathstroke et de Talia se déclare, et on suivra jusqu’à la fin une bonne vieille vendetta des familles. Le récit se lit très vite et très facilement étonnamment. Les phases de dialogues sont bien entendues simplifiés, voire simplistes, pour ne pas perdre le lecteur dans le verbeux, et les phases d’action sont globalement excellentes. On reviendra sur cet aspect plus bas. On ne compte plus les combinaisons d’affrontement entre les différents personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires. Si vous avez apprécié ce qui a été introduit dans Batman Joker War (oui oui vous avez bien lu), Robin Infinite et Deathstroke Inc., alors il se peut que cette lecture soit pour vous.
JOSHUA WILLIAMSON DANS SON ÉLÉMENT
Lors de l’ère DC Rebirth, on avait pu constater le poids du triumvirat Scott Snyder/James Tynion IV/Joshua Williamson. Vous devez vous souvenir du run de Batman lors de DC Renaissance (New 52 en VO), de Batman Detective Comics ou de Flash Rebirth. Ces trois scénaristes ont un style d’écriture assez proche. Si vous aimez l’un, il y a des chances que vous appréciez le travail des deux autres. Par contre, la réciproque est vraie. En effet, Batman Shadow War aura les mêmes défauts/qualités, ce qui fait que ce volume va diviser les lecteurs. La fin du tome se termine sur une scène qui « prépare » le récit de la nouvelle crise DC, mais de là on sous-entendre que c’est un indispensable pour comprendre toute la chronologie? Je ne pense pas, non. Batman Shadow War s’adresse avant tout aux lectrice/lecteurs des séries constituant ce crossover ou aux amateurs d’action sans prise de tête.
Côté dessin, on va commencer par ce qui pêche: l’unité graphique. En même temps oui, ce tome est aussi un crossover de dessinateurs, mais là c’est trop. Il y a dix artistes pour neuf chapitres. Par exemple, Robin semble changer d’âge, de masque ou de musculature en permanence. Ça c’est pour l’esthétisme, par contre pour la mise en scène c’est autre chose. L’action est omniprésente, se déroule dans plusieurs pays, à différents moments de la journée et dans des environnements variés (temple, toit, ruines, grotte, rue, route…) On ne voit pas le temps passer et on ne s’ennuie pas. Enfin, dernier point négatif, tant sur l’aspect graphique que scénaristique: il faut arrêter de vouloir mettre en avant les personnages de Clown Hunter ET de Harley Quinn si on n’a rien à raconter sur eux. Leur apparition est risible et inutile.
Pour conclure, Batman Shadow War est une lecture qui s’adresse avant tout aux amateurs de Joshua Williamson, et par extension, de Scott Snyder et James Tynion IV. Vous aimez les récits d’action à forte envergure, ce tome est fait pour vous. Honnêtement, vous allez croiser une pléthore de personnages et ne jamais vous ennuyez. A contrario, si vous êtes plus exigeant en terme d’enjeux et de profondeur d’histoire, vous n’êtes absolument pas le public cible. Enfin, ce volume ne constitue pas un élément fondamental dans l’intrigue DC Infinite, et n’est donc pas un indispensable pour aborder la nouvelle crise DC: Dark Crisis on Infinite Earths. Au pire, lisez/feuilletez les cinq dernières pages, et vous serez fixés.
- Scénario: Joshua Williamson
- Dessins: Howard Porter
- Collection: DC Infinite
- Contenu: Shadow War : Batman #122-123 + Robin #13-14 + Deathstroke Inc. #8-9 + Shadow War Alpha #1 + Shadow War Omega #1 + Shadow War Zone #1
- Pagination: 280 pages
- Prix: 24€
- Date de sortie: 18 novembre 2022
- Voir sur le site d’Urban Comics
Avec l’assassinat présumé de Ra’s Al Ghul par Deathstroke, c’est une véritable guerre que le mercenaire semble avoir déclenché. Talia, héritière du Démon, est bien décidée à venger son père et envoie aux trousses du meurtrier sa Ligue des Ombres pour l’éliminer. De leurs côtés, Batman et Damian Wayne, Robin et petit-fils du Démon, doivent s’associer pour amener Deathstroke devant la justice avant que Talia ne le tue. Et si l’assassinat de Ra’s Al Ghul n’était pas ce qu’il semblait… ?