
Swamp Thing Infinite Tome 1 – Urban Comics – 27,49€
- Scénario : Ram V
- Dessins : Mike Perkins
Swamp Thing, un personnage de légende que j’adore tout particulièrement. Malgré un certain scepticisme de ma part, le titre remplit toutes ses promesses.
Swamp Thing le renouveau
Difficile de passer après Alan Moore, Geoff Johns pourrait vous en dire quelque chose. Et ce n’est pas plus facile de passer après Bernie Wrightson et Len Wein, les créateurs du personnage qui lui avaient insuffler son âme gothique, tandis que Moore y avait intégré ses doutes identitaires, ainsi qu’une bonne dose de psychédélisme. En n’oubliant bien sûr pas Snyder qui a pu lui aussi imposer sa marque sur le personnage. Ram V et Mike Perkins avaient donc la lourde tâche de relever ce défi. Et pour ce faire ils ont choisi un chemin détourné, risqué, mais astucieux.
Un nouvel avatar de la Sève
En effet, le gros paris de ce titre est de nous proposer un nouvel avatar de la Sève. Alec Holland a été LE Swamp Thing pendant des années, ne partageant son titre avec personne d’autre, alors proposer un tel changement était bien risqué. Néanmoins, la chose est plus que réussie ici. Levi Kamei est un nouveau héros qui apporte des questionnements tout aussi nouveaux au personnage. Déjà de part ses origines indiennes qui servent de toile de fond à tous les questionnements du personnage.
On a l’idée de la fuite des cerveaux, un problème bien réel qui est en fait le départ de tous les diplômés pour un pays plus riche, souvent les États-Unis. Et c’est exactement le cas ici, Levi a quitté son pays et a laissé derrière-lui sa culture et ses racines. Ce tiraillement entre ses racines et sa terre d’adoption sont au centre du conflit qui travaille le personnage.
Toute sa transformation en Swamp Thing va servir de métaphore à ce retour à ses racines, à la nature qu’il avait oublié. Et c’est dans cet aspect la série opère un vrai virage avec le Swamp Thing tel que l’on pouvait le connaître. Plutôt qu’une quête de son humanité, comme cela pouvait l’être dans le passé, c’est une quête de son identité. Une différence qui peut sembler subtile, mais qui fait tout le sel de cette nouvelle interprétation.

Un artiste de talent
Qui plus est, on a ici un travail tout simplement excellent de Mike Perkins. L’artiste parvient parfaitement à retranscrire les ambiances horrifiques installées par le scénario. De plus, il fait un véritable travail sur l’aspect organique et toutes les transformations des personnages. Au niveau de la végétation aussi, l’artiste effectue un travail exemplaire : le tout semble vivant, surtout dans le numéro se déroulant dans la Sève. Et il faut aussi parler de Mike Spicer, le coloriste, qui réussit à accompagner à la perfection les dessins de Perkins.
Qui plus est, Perkins effectue un très bon travail sur son découpage des cases, le rendant toujours intéressant et pertinent. Le tout pouvant parfois être réimmiscent du travail que Stephen Bissette avait réalisé à son époque.
Ram V et Mike Perkins ont su s’emparer du personnage de Swamp Thing pour nous proposer leur propre interprétation de la créature des marais avec une réinvention du personnage pour aborder une quête d’identité. C’est donc un résultat des plus enthousiasmants que les artistes nous proposent.